Très doux moment, fin février à Orléans, à loccasion dun nouveau concert « Un moment au temple ». Sereine invitation à la médiation. Solo de musique indienne.
Pour faire vite : quand il est petit, lécoute de « Pierre et le loup » lui donne envie de faire de la clarinette. A lécoute dun disque dArchie Shepp il veut ensuite faire du sax. Bien des années plus tard lors, dun voyage en Inde, il découvre et rencontre la flûte bansouri : « Jétais persuadé quentre nous cela irait tout seul. Mais ça résiste. » Quoi quil en soit Manuel Hermia demeure éperdument amoureux de cet instrument, cette flûte en bambou de lInde du Nord « « avec un trou pour souffler et sept autres pour les doigts ».
Un souffle empli daspiration et dinspiration
Peu à peu, jazzman en quête de profondeur et dintime, Manuel Hermia se crée un répertoire personnel non plus tonal mais modal: « Je ne veux pas me faire passer pour un compositeur de musique classique indienne car une vie ny suffirait pas. Non, je crée des compositions avec des règles, des gammes, et quatre-vingt dix pour cent dimprovisation. Pour moi tout cela est proche du jazz car il ne sagit que dun autre code de liberté. »
Que se passe-t-il en concert ? « Jai toujours vécu la musique comme quelque chose dextériorisant mais jai découvert quen Inde tout était aussi affaire dintériorisation. Dès lors, en concert en solo on entre en soi et lon perçoit lattention du public et ce silence qui veut dire beaaucoup. On travaille sur les inflexions , pas sur le son de la note mais bel et bien sur sa matière. »
« La nécessité dun jazz libre et dun cri daujourdhui »
« Le murmure de lOrient », projet de cet artiste belge, témoigne dune même philosophie mais fait appel à léchange entre plusieurs musiciens dedifférentes nationalités . Reste quee Manuel Hrmiauel Hermia est aussi le chef de file dun trio de jazz que lon avait pu entendre lors dOrléans Jazz 2013 au Jardin de lHôtel Groslot : « Voici du jazz extraverti. Nous sommes ici dans le jazz libertaire où nous tentons de répondre à cette nécessité dun jazz libre et dun cri daujourdhui. Austerity and what about rage sera le titre de notre prochain album ».
« De la rage au murmure je suis attiré par les extrêmes » reconnaît enfin ce musicien. Un musicien qui travaille sur un projet en trio avec lOrléanais Valentin Ceccaldi. Il sagit aussi dun compositeur qui a crée une suite pour violoncelle pour Sigrid Vandenbogaerde. Voici donc lune des « Fluid Suites » dun compositeur définitivement à suivre .
Jean-Dominique Burtin