Ce matin, dans les tribus du Nord et dans les faubourgs de Nouméa, les calédoniens se réveillent encore français. Pour la deuxième fois, le non à l’indépendance est sorti majoritaire des urnes. Quand Francis Lamy, le président de la commission de contrôle proclame les résultats définitifs, les visages sont graves : victoire du non avec 53,26%. Le oui obtient 46,74%.
Alors, chacun regarde avec attention le résultat de 2018 et dans les deux camps, on fait la même observation. L’ écart se réduit. Il était de 13 points il y a deux ans, il est aujourd’hui de 6 points seulement.
La progression du oui à l’indépendance est incontestable ! Même à Nouméa la blanche !
Les loyalistes reconnaissent que les indépendantistes ont fait une bonne campagne. Ils constatent que le non est toujours majoritaire malgré la composition du corps électoral qu’ils estiment défavorable. Les indépendantistes savourent la progression de l’idée d’Indépendance et se projettent déjà dans un troisième tour prévu en 2022.
85,65% de participation !
Les calédoniens se sont déplacés en masse pour décider de leur avenir. La forte participation enregistrée donne du poids au résultat. La mobilisation profite surtout au camp du oui. Dans les Provinces des Iles et du Nord, peuplées majoritairement de mélanésiens, le vote pour l’Indépendance est massif. Cette tendance est renforcée par l’augmentation sensible du nombre d’électeurs. Les indépendantistes ont sans cesse parcouru les tribus pour convaincre les non-inscrits de prendre une carte électorale. La stratégie s’est avérée payante.
Maturité du débat politique
La soirée électorale est diffusée en métropole en direct sur France Info. La grande chaine d’information du service publique ouvre son antenne après la fermeture de France 0. C’est un signe fort envoyé par France Télévision pour une meilleure visibilité de l’Outre-mer pendant que les autres chaines d’info privées ignorent l’évènement. Où sont les éditorialistes et autres historiens du présent qui monopolisent les plateaux de télévision ?
C’est donc l’occasion de constater le déploiement conséquent de toutes les équipes de la 1ère Nouvelle-Calédonie. Elles sont présentes dans leur diversité sur tout le territoire.
C’est l’occasion de constater la grande maturité du débat politique entre les responsables des principaux partis.
Une soirée électorale digne d’une grande chaine nationale ! Oui, nationale !
Le camp des loyalistes, unis pour la circonstance constate que le vote légitime des calédoniens pour le maintien dans la République française est incontestable pour la deuxième fois. Le camp des Indépendantistes aux visages pluriels réclame la poursuite des accords de Nouméa jusqu’au troisième scrutin qu’il espère décisif.
Malgré ces différences, on assiste à des échanges respectueux de la parole de l’autre. Personne n’oublie les drames du passé récent et les morts dans chaque camp. L’équilibre des forces qui ressort une fois de plus des urnes contribue à la clarté du débat. Pour éloigner le spectre de la partition entre le Nord et le Sud, les partis appellent maintenant à une concertation. Il faut bien sortir de l’accord de Nouméa !
Quand le visage d’Emmanuel Macron est apparu sur les écrans, ni les uns, ni les autres ne se font d’illusion sur les engagements du Président. Ils déplorent ensemble le silence de l’Etat dans la campagne. A-t-il déjà abandonné son caillou ?
Ce résultat, après celui de novembre 2018, après les Provinciales de mai 2019, confirme que les mentalités évoluent vers… l’émancipation. C’est inéluctable. Il y aura un 3ème tour en 2022 avec la même question : Pour ou contre l’Indépendance ?
Et après ?
PV