Craquant LU, ce croquant craquelé
Mélancolie. Autre temps. A n’en pas douter, on les goûte amoureusement du regard ces lettres de LU évoquant, dans une rue d’Orléans, rue Chappon, non point des achèvements de lecture, mais des mises en bouches de gaufrettes à vous coller du joli bleu d’azur côté gourmandise.
De fait, ces publicités peintes à la main, survivantes du siècle dernier, ont infiniment de charme mais, cependant, seule la clémence des intempéries épargne leur progressive disparition sur les façades de demeures, riches ou modestes, cimaises ayant pignon sur rue.
Quelle chance et quel bonheur qu’elles aient pu toutefois demeurer aussi vibrantes de fragilité.
A Orléans et dans sa métropole, nombre d’autres publicités peintes d’hier, percutantes ou naïves, de celles qui ornent la façade de certaines demeures, s’estompent peu à peu jusqu’à cet effacement total. Prévisible. Toutes ces réclames prennent des rides, se craquellent, se gomment sous l’effet du soleil, de la pluie, et du vent. Au musée de l’air du temps qui file et passe, meurtrit, tout se fendille et ne devient parfois que croûtes de blessures.
Ces réclames, ce ne sont pas des toiles de maître ni des graffitis, ni des tags, ni mille autres œuvres urbaines, quoique, qui nous séduisent aujourd’hui par leur ingénieuse vigueur.
Mais elles ont du cachet, un cachet nourricier qui nous parcourt peut-être de nostalgie, voire d’admiration. En toute perspicacité poétique plus que commerciale. L’invitation au voyage est donc ici proposée.
A suivre qui veut. Nez en l’air. En l’art. Et pub qui s’en dédit.
Jean-Dominique Burtin.