Blais’Watt l’énergie citoyenne

Lancé en 2019, le collectif citoyen de l’agglomération blésoise Blais’Watt s’est donné pour objectif de produire de l’énergie électrique locale, renouvelable et respectueuse des territoires et des habitants. Ce sera chose faite dans quelques semaines.

Par Jean-Luc Vezon

« La ferme photovoltaïque du domaine viticole de Montcy à Cormeray est notre premier projet à se concrétiser après deux années de préparation. Elle produira 114 000 Kwh/an » explique Thomas Prigent, l’un des membres de l’association Blais’Watt en présentant le chai sur le toit duquel 600 m² de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 100 kWc (1) sont en cours de pose.

Propriété de Vincent Haye, jeune viticulteur bio installé au lieu-dit Le Bouché, le bâtiment à ossature bois, isolation cellulose et chauffage au bois, orienté plein sud, sera raccordé au réseau EDF dès février. Les travaux de pose, d’un coût total de 96 200 €, ont été réalisés par la société onzainoise spécialisée Heliosolis.

« Nous allons exploiter le site pendant 20 ans grâce à un tarif de rachat photovoltaïque par EDF garanti pour cette durée fixé à 9,76 centimes d’€ par KWh » développe le militant associatif en soulignant le soutien financier de la région au travers son dispositif « 1€ investi dans un projet d’énergie renouvelable = 1€ versé au projet citoyen et coopératif. »

La rentabilité est donc assurée ce qui constitue le point clef du projet. Pour que l’investissement puisse être considéré comme une solution d’épargne locale alternative, tout en faisant progresser la transition énergétique, les 30 adhérents de Blais’Watt veillent en effet à ce que le revenu annuel généré couvre l’ensemble des coûts d’exploitation, de maintenance, d’assurance et offre un petit dividende aux citoyens-actionnaires.

Une épargne citoyenne

La ferme solaire de Montcy a vu le jour à la suite de la constitution d’une épargne citoyenne. Une centaine de personnes ont ainsi investi dans les parts de la société B.WATT41, une SAS à capital variable, à hauteur de 100 € l’action (2) pour un total de 51 600 € (soit 54 % de l’investissement). Celle-ci s’inscrit dans la philosophie et les principes de fonctionnement de l’économie sociale et solidaire. Parmi ceux-ci, une personne = 1 voix.

Dans sa charte figure aussi l’application d’une gouvernance partagée, c’est pourquoi Blais’Watt n’a pas de président, mais un comité de pilotage composé de 10 membres. « C’est essentiel de travailler dans un cadre collectif. Les membres de Blais’Watt viennent d’horizons très variés, il y a des militants (associatifs et/ou politiques), mais aussi de simples citoyens sensibles aux enjeux écologiques. La plupart sont des actifs ou des retraités » précise Thomas Prigent.

Les membres du collectif Blais’Watt lors d’une réunion publique organisée à l’INSA Blois en décembre.
Crédit photo Blais’Watt.

La démarche de Blais’Watt, membre du mouvement Energie partagée, passe également par la sensibilisation des citoyens à la sobriété énergétique et numérique dans l’esprit de négaWatt. Des actions sont par exemple mises en place avec la mairie de Blois en direction d’agents. « Nous démontrons qu’il est possible de générer de l’autonomie énergétique sur les territoires. Grâce à ce premier projet d’investissement 32 foyers de quatre personnes bénéficient d’électricité pour leur consommation domestique hors chauffage » se félicite Thomas Prigent.

Face aux défis que représentent le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources et le risque d’un accident nucléaire, ce dernier est plus que jamais convaincu qu’un autre avenir énergétique est non seulement réalisable sur le plan technique, mais aussi souhaitable pour la société.

Un second projet concrétisé en 2022

L’association, présidée par Laurent Fèvre, conduit également un autre projet photovoltaïque à Saint-Lubin-en-Vergonnois sur la ferme d’un paysan maraîcher au lieu-dit Rangy. Celui-ci est un peu plus large cependant avec la construction d’un hangar en plus de la pose panneaux photovoltaïques d’une puissance de 100 kWc. Le bâtiment abritera le matériel de Alexandre de la Crompe, le maraîcher qui fournit l’AMAP « Terre de Cisse » et la cantine scolaire de Saint-Lubin. La société moréenne Le Triangle, l’un des leaders français des bâtiments PV, conduira le chantier dont “le financement est quasiment bouclé”.

Après une réunion publique à l’INSA de Blois en décembre, Blais’Watt poursuit sa recherche de partenaires. Le 3 février prochain, une nouvelle réunion de présentation de la démarche est organisée 15 avenue de Vendôme dans une salle de la Mission locale du Blaisois (18 h 30). Objectif : embarquer des citoyens dans la révolution énergétique. « Ce type de projet collectif est plus efficace que des démarches individuelles plus modestes en terme de production d’énergie renouvelable » conclut Thomas Prigent en insistant également sur la compétitivité de cette énergie “moins chère que le nucléaire et ses charges externalisées”.

www.blaiswatt.fr

(1) Kilowatt-crête (kWc) : puissance fournie sous un ensoleillement standard de 1000W/m2 à 25°.

(2) Un actionnaire ne peut détenir plus de 25 % du capital.

A lire aussi: [Mag Dossier] La transition énergétique

Commentaires

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  1. Merci pour cet article qui nous change des sempiternels échos complaisants de la pqr sur la moindre action des anti éoliennes et , en nous montrant l’exemple de portes de sortie à la crise énergétique et démocratique , nous fait démarrer d’un bon pied une année cruciale pour ces questions !

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