« Derrière la vague », recueil en résistance d’humanité

De Marie Cabreval, auteure orléanaise, nous connaissons avec bonheur, entre autres, trois prenants recueils de poésie « Du vent dans les pierres » (2016), « Anémie d’une route » (2017), « Cortex » (2019). Marie Cabreval joint aussi souvent à son souffle, lors de lectures de ses textes, celui de l’harmoniciste Bruno Harpno. Une osmose délicate et profonde. Créatrice de collages d’une subtile sensibilité surréaliste et poétique, Marie Cabreval vient, cette fois, de publier aux éditions 7e Ciel dans la Collection Blanche « Derrière la vague », un recueil de cent-soixante pages comportant vingt-trois nouvelles.

Par Jean-Dominique Burtin

Marie Cabreval cl JDB

Miroirs animés de présences

Ici, l’auteure sonde le flux de la vie avec une empathie sans concession, une vérité d’écriture qui dévoile faille, espoir et désespoir, lumière d’amour. Voici autant de pages, tels d’attentifs et profonds miroirs de présences suggérées. 

« Les yeux de Franck sont profondément noirs. Pourtant, le bleu absent d’un ciel d’été s’y loge, délavé dans l’opaline autour du gouffre. D’où vient ce bleu quand le ciel est gris ? » Tels sont les mots de l’auteure mis en exergue de la septième de couverture de cet ouvrage qui tient à préciser qu’elle a exercé différentes professions autour du soin et de la relation. Qu’elle anime des ateliers d’écriture en milieu associatif. Qu’elle est avant tout une lectrice boulimique. Et qu’elle « partage des mots en écho à la fragilité et en résistance d’humanité ».

Intensité d’instants d’écriture

Au fil de ces nouvelles, qui ne sont pas des histoires, mais un fil rouge de survies (ou pas), Marie Cabreval, à la plume tel un stéthoscope, révèle avec don de soi et pudeur incisive, les battements fragiles de nos vies. Dès lors, voici l’enfant aux paupières closes et aux tendres lames de fond, voici les pieds qui n’avancent qu’à la force des yeux, voici le corps des mots qui frémit, les mots comme des vagues dans le creux des reins, les mots qui mordent, voici la grande étendue d’ennui pleine de petits riens, des traits d’effroi dans le gel de l’absence, instant dans le creux d’un soupir. Ce ne sont là que quelques citations. Autant de bonheurs d’écriture. 

Rai de lumière et traits de vie

Et puis voici aussi dans « Le ciel sous la semelle », ce Boris qui travaille dans les pompes funèbres et qui illumine de couleurs les semelles des chaussures d’un enfant aux cimaises de son appartement.

Voici encore l’évocation de cette maison d’enfance « avec un air de chien battu aux yeux cernés de rouille ». Et puis voici ce Paul qui a « des mains tels des flamants roses agités au bout des bras, qui a le cheveu raide et fin, qui est blond, grand et maigre ».

Bref, tout fait ici sens, tout est écoute, règlement de conte de vérité. L’écriture de ce livre est une apnée, une nécessité au bout de laquelle on ne peut qu’admirer cette grande respiration qui clôt la traversée. « Je lis mon corps avec ses mots » dit l’auteure en partage.

« Derrière la vague »

Par Marie Cabreval,

Editions 7e Ciel, Collection Blanche. 160 pages.
Couverture de l’auteure. Prix : 18€.

A retrouver sur magcentre.fr :
Marie Cabreval, une poétesse à suivre page à page. Mercredi, 15 novembre 2017
“Du vent dans les pierres” : si joli souffle de Marie Cabreval. Mercredi, 28 septembre 2016

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