
Porte ouverte sur le patrimoine dimanche. A Ingré, c’est devenu une tradition, le Parti socialiste ouvre toutes grandes ses portes. “Je suis là parce que vous portez le patrimoine de la gauche” a d’ailleurs lancé Christiane Taubira, l’invitée vedette de la fête de la Rose, la fiesta annuelle de la Fédération du Loiret. Marisol Touraine, forfait, le sénateur Jean-Pierre Sueur a réussi à “récupérer” in extremis la ministre de la Justice, devenue la coqueluche des socialistes et pasionaria du gouvernement depuis l’épisode du mariage pour tous.
Justement, comme il fallait s’y attendre, les adversaires de la loi Taubira sur le mariage pour tous, avaient décidé daccueillir la garde des Sceaux à leur manière. Dès le début de matinée, une centaine de manifestants avait investi les gradins qui devaient servir à l’origine à installer la grande famille socialiste.
Aux slogans habituels, accompagné d’un tintamarre de sifflets et cornes de brumes, plus un beau drapeau royaliste (fleur de lys contre bouquets de roses!) les anti-mariage gay ont envoyé les enfants en bas âge en première ligne aux cris de “Hollande-Taubira on n’en veux pas”, “du boulot pas de mariage homo” et “Taubira ta mère est-ce qu’elle s’appelle Robert”.
Piège machiavélique de cour de récré
Très en retard, Mme Taubira portera la lourde responsabilité d’avoir fait manquer la messe dominicale à quelques uns des manifestants. Leur responsables avaient de leur côté imaginé un traquenard machiavélique: tandis que les participants socialistes déjeunaient en plein air sur de grandes tables, respectant la consigne d’ignorer pacifiquement la manif, celle-ci dans un brouahaha infernal donna et à entonna la Marseillaise.
A la fin de l’hymne l’un des meneurs, dénonça alors au mégaphone “l’absence de respect” des socialistes pour la Marseillaise. Ils étaient restés assis! Du grand art de cour de récréation.
“Dictature socialiste”
Aux cris de “dictature socialiste”, les manifestants ont ensuite lentement progressé vers la salle des fêtes. Le cordon sanitaire dressé par une poignée de policiers en civils et par un léger service d’ordre du PS, a alors pacifiquement retardé les “envahisseurs”. On a vu alors une résurgence de la lutte des classes, de vieux instits barbus socialos toisant des agités des beaux quartiers. Le monde à l’envers!. Avant qu’une petite escouade de policiers, en tenue cette fois, ne repousse les “manif pour tous” en douceur. Le tout réglé de main de maître par la commissaire de la DCRI, spécialisée dans les coups de chaud.
Quant à Christiane Taubira, elle était arrivée par l’arrière de la salle, évitant la petite troupe adverse.
L’égérie de la gauche socialiste

La ministre avec les deux candidates Corinne Leveleux-Teixeira et Carole Canette.
Le ban et l’arrière ban socialiste (de 450 à 500 personnes) a religieusement écouté celle qui est devenue l’égérie de la gauche réformiste et qui réussit l’exploit d’être la “présidente d’une fête de la rose” sans avoir sa carte du PS. Christiane Taubira a parfaitement “fait le job”: elle a donné une interview au journal local, et même au nouveau “pure player planétaire”, puis à France 3 en fin de discours, le tout cornaqué par l’éléphant Jean-Pierre Sueur, toujours, quoi qu’on en dise, deus ex machina des Roses du Loiret. “Une femme d’Etat” a lancé Olivier Frézot le secrétaire départemental, “tu marches dans les pas de Robert Badinter” a t-il ajouté.
Corinne et Carole

A son arrivée à la salle des fêtes.
Chargé de chauffer la salle, Jean-Pierre Sueur avait malencontreusement oublié lorsqu’il a évoqué les municipales, avec “l’esprit du rassemblement” (sic), l’identité des deux candidates tête de liste élues, Leveleux-Teixeira et Canette. Heureusement que Mme Taubira, elle, a de la mémoire, citant ” Corinne et Carole, les deux candidates à la mairie” (d’Orléans et de Fleury-les-Aubrais). La garde des Sceaux, durant 3/4 d’heures, est ensuite partie, servie par le talent oratoires qu’on lui connaît dans la défense et illustration de sa réforme pénale. …En écho aux manifestants elle avait demandé en préambule: “Qu’est ce qu’ils savent de la vie, ces jeunes qui veulent s’opposer au bonheur des autres?” .
Avec cette étape à Ingré, la garde des Sceaux a entrepris un tour de France d’explications de sa réforme. “C’est plus facile de montrer tout le temps de la compassion pour les victimes que d’éviter qu’il y ait des victimes”.
Cette attaque contre la droite en appelait d’autres, et Christiane Taubira a terminé par un appel à la mobilisation des socialistes aux municipales: “reprenez possession de l’image de ce pays…Nous sortons de dix ans de médiocrité…Nous allons continuer à réformer cette société et à prendre des coups… mais j’ai le cuir tanné”.
Devenue icone de la gauche socialiste;, Christiane Taubira a clairement été désignée comme locomotive de la campagne des municipales. Sous couvert de “vendre” sa réforme pénale. Un bon alibi.
Christian Bidault