Le président de la Coordination rurale a finalement été élu président de la chambre d’agriculture de Loir-et-Cher ce mercredi 30 avril. Après trois tours de scrutin, Arnaud Bessé cède sa place mais reste dans le bureau.
Édouard Legras (Coordination rurale) avec Arnaud Bessé (FNSEA-JA) et Elise Guellier (Confédération paysanne) est le nouveau président de la chambre d’agriculture de Loir-et-Cher. Crédit Horizons.
Par Jean-Luc Vezon.
Il aura fallu plusieurs longues heures pour que le siège désormais vacant de président de l’établissement public soit enfin pourvu. Avec 15 voix sur 31 votants, le leader du syndicat, très marqué à droite, l’a emporté devant Arnaud Bessé (FNSEA-JA) qui obtient 10 voix et Élise Guellier, représentante de la Confédération paysanne, tandis que cinq élus préféraient s’abstenir.
Au terme d’un bras de fer, agricolo-juridique marqué par une décision du tribunal administratif d’Orléans invalidant l’élection d’Arnaud Bessé le 10 avril dernier, c’est donc une véritable révolution aux conséquences inconnues qui s’est produite au sein d’une institution où la FNSEA-JA régnait en maître, et sans partage, depuis des décennies mettant en pratique une forme de cogestion de la politique agricole avec l’État.
Il semble que l’absence de 5 élus sur les 36 de l’assemblée ait profité au leader des Bonnets jaunes loir-et-chériens dont le syndicat avait remporté les élections dans le collège des exploitants agricoles avec seulement 17 voix d’avance. Un écart infinitésimal mais suffisant pour prétendre diriger la chambre comme dans le Cher et l’Indre-et-Loire.
Un président passé vice-président
Le 30 avril, les présents ont également élu un nouveau bureau collégial de 12 membres. Après de longues discussions, dans un climat délétère où la presse a été soigneusement tenue à l’écart, un accord a pu être trouvé ouvrant l’instance de décision à toutes les composantes du syndicalisme agricole comme l’avait laissé entendre Edouard Legras, Arnaud Bessé sera même le 1er vice-président de son adversaire.
Une avancée donc d’autant plus utile que l’agriculture loir-et-chérienne connaît une crise sans précédent : baisse de revenus dans de nombreuses filières suite aux intempéries de l’an passé, concurrence internationale (souvent déloyale) et européenne, poids des normes, hausse des charges… la crise des vocations est aussi d’actualité dans un département dont le nombre d’exploitations (2 800 en 2020) ne cesse de diminuer.
Reste que si les trois leaders syndicaux ont exprimé leur satisfaction d’avoir trouvé un accord en bonne intelligence, et affiché leur volonté de tourner rapidement la page de ce conflit sans précédent, une série de questions demeure. Le poujadisme et les idées simples régneront-ils au sein de l’assemblée dont le budget voté en novembre traduit les difficultés ? La Coordination rurale, sans expérience de gestion, sera-t-elle en capacité de conduire une politique pour accompagner les mutations de l’agriculture ? Les « pressions et ingérences dans le processus » électoral dénoncées par la FNSEA-JA seront-elles oubliées ?
« C’est un compromis important. Il nous faut désormais nous mettre au travail car les dossiers à traiter sont nombreux dont celui du siège », expliquait pour sa part un élu CFDT du collège salariés agricoles et de groupements agricoles heureux du compromis(1).
(1) La CFDT est arrivée en tête dans ce collège sur le plan national.
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