Les éditions la Guépine publient deux textes – l’un en prose, l’autre en vers – relativement méconnus de l’écrivain, poète et intellectuel né à Orléans. Et c’est à l’un des meilleurs connaisseurs de l’œuvre, l’ancien sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, que l’éditeur a demandé un avant-propos pour présenter cette ode à la Beauce et à « l’océan des blés ».
Les champs de la Beauce – image d’illustration ©wiki Angelo Brathot
Par Jean-Jacques Talpin.
À cheval sur les 19e et 20e siècles, Charles Péguy fut l’un des intellectuels majeurs de la vie littéraire et politique. Socialiste, libertaire, dreyfusard bien avant de nombreux intellectuels y compris socialistes, il migra vers le mysticisme et le catholicisme avant de tomber sous les premières balles de la guerre de 14. Écrivain/poète, on lui doit des œuvres immenses comme « L’Argent », « Notre jeunesse » ou « Ève ». Des œuvres pourtant quelque peu oubliées sauf dans un petit cénacle intellectuel et un peu à Orléans, la ville qui l’a vu naître en 1873 dans un faubourg où sa mère rempaillait des chaises. Et c’est à un Orléanais établi à Loches en Touraine, Jean-Louis Pierre, que l’on doit la publication d’un petit ouvrage de Péguy sur la Beauce. L’éditeur à la tête de « La Guépine » présente avec cet ouvrage soigné et artisanal, imprimé à l’ancienne, deux textes relativement méconnus, l’un en prose, l’autre en vers.
« Un océan des blés »
Et c’est à l’un des meilleurs spécialistes de Péguy, Jean-Pierre Sueur, que l’éditeur a demandé un avant-propos, non pas au titre d’ancien élu ou maire socialiste orléanais, mais avant tout comme ancien universitaire et linguiste reconnu – spécialiste notamment de « Ève » – d’introduire ces textes.
Car si Péguy a beaucoup écrit sur la Loire et ses trésors, il a aussi affirmé – et plus que cela même – son attachement à la Beauce. Dans un extrait de « De la situation faite au parti intellectuel dans le monde moderne devant les accidents de la gloire temporelle », Péguy nous présente ainsi la plaine « grande comme la mer » comme un « océan des blés », « un plateau parfait (…) sans une friperie, sans une fripure » et même « sans un défaut, sans une vilénie, sans un manque ». Plus tard Péguy écrira la « Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres », poème en vers né après deux pèlerinages à Notre-Dame de Chartres.
« Écrire c’est vivre et vivre c’est écrire ».
Une occasion de rappeler ses attaches à cette terre :
« Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau
Dans l’antique Orléans sévère et sérieuse
Et la Loire coulante et souvent limoneuse
N’est là que pour laver les pieds de ce coteau ».
Des textes que Jean-Pierre Sueur en amoureux transi qualifie de « chefs-d’œuvre » car, « qu’il s’agisse de prose ou de poésie, dans un cas comme dans l’autre pour Péguy, écrire c’est vivre et vivre c’est écrire ». Avec ce petit ouvrage de 53 pages, totalement abordables et lisibles, « Sur la Beauce » s’offre donc comme une introduction à l’œuvre de ce poète trop méconnu aujourd’hui.
« Sur la Beauce » de Charles Péguy. Avant-propos de Jean-Pierre Sueur. 53 pages 16 euros
Éditions La Guépine, 10 Mail de la Poterie 37600 Loches
Plus d’infos autrement :
Charles Péguy La Loire aux éditions La Guépine