Le CESER a organisé, ce mardi, deux tables rondes afin de discuter de l’avenir de la jeunesse en région Centre-Val de Loire. Les maux recensés chez les jeunes sont nombreux : mal-logement, malnutrition, problèmes financiers, angoisse à propos de leur avenir, du réchauffement climatique ou encore de la montée de l’extrême droite. Pourtant, alors que l’objectif était de réfléchir à comment mieux les aider, aucun jeune n’était présent.
Anaïs Barme, Eleonore Poirier, Hubert Jouot et Laure Davio-Ben Mustapha discutent autour de la question : Etre jeune et s’accomplir, quels défis ?. Cette table ronde était organisée par le CESER Centre-Val de Loire. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Par Jeanne Beaudoin.
« Certains jeunes dorment dans leurs voitures tellement leurs conditions économiques sont mauvaises », affirme Yoann Alba, directeur régional des MJC. D’autres ne se nourrissent qu’une fois par jour, poursuit Bastien Mechin, responsable du secteur formation au CRIJ Centre-Val de Loire. La première table ronde était consacrée au portrait d’une jeunesse aux multiples facettes, la deuxième avait pour titre, « Être jeune et s’accomplir, quels défis ? ». Les personnes présentes, environ une trentaine, ont réfléchi à des solutions pour aider cette génération. Faire en sorte que leur quotidien soit moins pénible, qu’ils puissent déployer leurs ailes, acquérir plus d’autonomie et ainsi trouver leur voie. Une voie professionnelle, sociale, mais également en termes de loisirs. Finalement, l’objectif est de faire de la région un lieu d’accueil pour les jeunes afin de les aider à s’installer durablement.
La malnutrition et le mal-logement : premières inégalités
Le logement est l’une des principales problématiques chez les jeunes. Dès l’âge de 18 ans, plusieurs options s’offrent à eux : rester chez leurs parents pour étudier et travailler, ce qui interroge leur capacité d’émancipation ; bénéficier du soutien des parents pour se loger ; ou bien cumuler emploi et études. Reste une dernière issue pour certains : la rue. Yoann Alba rappelle qu’ils sont de plus en plus dans cette situation. Comment envisager le reste de sa vie quand, dès ses 18 ans, on peine à se loger ?
Côté alimentation, Bastien Mechin avance que 70% des jeunes vont s’approvisionner dans des épiceries sociales et solidaires : ces épiceries permettent de se nourrir, de se vêtir et même, parfois, de se loger. « On n’abandonne pas la jeunesse mais on en est embarrassé », poursuit Bastien Mechin. Alors, comment leur proposer « des trajectoires plus bienveillantes ? ». Il continue en affirmant que beaucoup sont isolés, d’où la nécessité d’améliorer la solidarité et l’accompagnement. « Ce n’est pas juste un mauvais système d’écoute, mais le système en général qu’il faut revoir », que ce soit en termes d’alimentation ou de culture, mais aussi sur le plan de l’insertion professionnelle.
Il existe des dispositifs et des aides régionales
Les jeunes ont des difficultés économiques. Ils sont primo-demandeurs d’emploi, de soin, de logement. « Comment leur redonner confiance », se demande Éléonore Poirier, directrice adjointe des missions locales du Centre-Val de Loire. Pour cela, plusieurs dispositifs sont mis à leur disposition. La mission locale permet par exemple d’aider dans la recherche d’emploi, la maison des ados propose un lieu d’accueil et d’écoute pour tous les jeunes. Le dispositif Yeps offre également des tarifs avantageux sur les transports au sein de la région, mais aussi pour l’accès à la culture. Enfin, le CRIJ propose de nombreux ateliers et astuces. Mais ces différents dispositifs restent, pour la majeure partie des jeunes, inconnus. Ils doivent être plus visibles et plus proches d’eux.
Pour Bastien Mechin, il faut aller plus loin, notamment en matière d’aide au logement. Cette aide doit être plus flexible, prendre en compte la précarité des parents, mais aussi les discriminations que peuvent subir les jeunes. Le RSA devrait pouvoir être perçu dès 18 ans. Il faudrait que cette tranche d’âge ait accès à une meilleure insertion sociale et professionnelle, surtout pour les personnes issues des milieux populaires, avance Yoann Alba. Pour cela, il avance l’idée d’une aide financière pour les collectivités afin qu’elles puissent recruter plus largement, et à tout âge. Les jeunes devraient être, individuellement, mieux accompagnés et les aides mieux structurées. Il faudrait ainsi améliorer l’information et l’accompagnement.
Apprendre à écouter les jeunes
Pour répondre à ce défi, l’écoute et l’échange apparaissent comme indispensables. Selon Bastien Mechin, la société se doit tout d’abord de revaloriser le métier d’animateur car ce sont les premiers à être au contact des jeunes et à connaître leurs besoins. La solution pourrait se trouver à partir d’approches d’éducation populaire. « Partons de leurs idées et adaptons aux jeunes les opportunités ». Pour Antoine Suter, la clé se situe dans la quête d’une stabilité. Tout comme accepter l’échec et leur offrir la possibilité de réessayer.
« Nous devons comprendre que les jeunes ont plein d’idées, et c’est à nous de leur laisser davantage la parole », conclut Anaïs Barme, directrice adjointe des MFR Centre. Alors pourquoi n’y avait-il aucun jeune à cette table ronde ? Peut-être faudrait-il réfléchir, maintenant, à leur offrir cet espace. Si la situation est critique, le mieux serait de commencer à y réfléchir ensemble.
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