Dans un livre court et poignant, Frédéric Pasco-Werlé témoigne de la perte de son enfant, un bébé, 20 ans après. Il sera en dédicace à Vendôme le 17 mai pour transmettre un message qui nous concerne tous.
Par Jean-Luc Bouland.
« Je commence à comprendre que la mort d’Ailvin me construit aussi ». Intitulé Tu ne seras jamais un homme mon fils, édité chez La Simarre, l’ouvrage signé Frédéric Pasco-Werlé est court (60 pages), illustré de nombreuses photos de l’auteur en noir et blanc, et porteur de nombreux messages d’humanisme et de tolérance. Enseignant, passionné de photographie, Frédéric Pasco-Werlé a perdu son fils de maladie à l’âge de 6 mois. Une situation qui chamboule sa vision du monde, qui perturbe sa vie professionnelle, et qui fissure sa vie familiale. Dix ans après, il se séparera de la mère de cet enfant, frère cadet d’une fille de 3 ans à l’époque.
Le deuil sera long, malgré une thérapie nécessaire entreprise en 2020, 17 ans après le drame. « En 2020, lorsqu’il aborde la mort de son fils en thérapie, quelque chose se débloque. Il fouille ses archives et se met à l’ouvrage. Il rassemble les lettres de ses proches, amis, parents, collègues qui constituent alors un fil qu’il suivra pour raconter son histoire », écrit Hannah Brami dans sa courte biographie. Il lui aura fallu plus de 20 ans pour oser rédiger ce livre, en prenant comme fil conducteur les lettres qu’il a reçues, abondantes au départ, puis de plus en plus rares, comme se feront les visites au cimetière sur la tombe de l’enfant.
Un message pour ceux qui traversent l’épreuve
Ouvert par le poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme, mon fils », le livre démontre qu’il ne le sera pas. Professeur de mathématiques, puis responsable d’établissements scolaires en Loir-et-Cher et Indre-et-Loire – ce qu’il est toujours – Frédéric-Pasco-Werlé, au fil des courriers qui donnent le ton à sa démarche, naviguera entre douleur et réconfort, soutiens et abandons, abruptement. La perte de l’enfant a entraîné un sentiment de culpabilité omniprésent qui fragilise toutes les relations humaines.
Dans ce court livre, Frédéric ne fait pas que témoigner. Par sa relation aux autres, lui qui fut aussi dès 2017 le président des Promenades photographiques de Vendôme, il souhaite que ses réflexions, que l’évolution de ses sentiments et de sa vision du monde et des autres au fil du temps, aident tous ceux qui vivent des moments aussi difficiles. À l’image de ceux qui lui ont envoyé une lettre de reproches suite au décès d’un élève de son établissement, sans se soucier des circonstances, et qui l’ont profondément meurtri.
Aujourd’hui, avec Hélène, Frédéric Pasco-Werlé a fondé une nouvelle famille. « Des blessures sont là. Chacun les siennes ; d’autres en commun déjà. Mais nous en parlons ». Quand la douleur conduit au renfermement, au silence, elle détruit parfois encore plus que l’origine du mal elle-même.
- Tu ne seras jamais un homme mon fils – Frédéric Pasco-Werlé – Ed. La Simarre – 14€.
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Une autre image de l’écrivaine Michèle Desbordes aux Temps Modernes à Orléans