Ce samedi 3 mai 2025 a été inaugurée, quai Cypierre à Orléans, une plaque commémorative en l’honneur de Léger-Félicité Sonthonax. Une vingtaine de personnes de tous âges ont participé à l’inauguration symbolique de cette plaque rappelant le rôle de celui qui fut le premier législateur abolitionniste français en promulguant, le , l’abolition générale de l’esclavage dans la province du Nord de Saint-Domingue, plusieurs mois avant que la Convention ne décide, à Paris, l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies, le .

Léger-Félicité Sonthonax
Par Jean-François Leborgne.
Abolitionniste convaincu, il fut envoyé à Saint-Domingue par l’Assemblée Législative quatre jours avant la proclamation de la République le 21 septembre 1792, avec comme mission de faire cesser la guerre entre esclaves (500 000) de Saint-Domingue et des colons blancs*. Devant la situation, il prit la décision d’abolir l’esclavage le 29 août 1793 à Saint-Domingue qui deviendra Haïti en 1804. L’esclavage fut aboli quelques mois plus tard par la Convention, le 4 février 1794.
Sonthonax eut ensuite une carrière politique fluctuante, mais lorsque Bonaparte 1er consul rétablit l’esclavage dès 1802, Sonthonax fut inquiété et assigné à résidence, entre autres à Orléans.
Orléans, ville et capitale du raffinage de l’or Blanc (le sucre de canne) au XVIIIᵉ siècle, doit une forte partie de sa fortune d’alors au travail des esclaves de la future Haïti. La Loire et le quartier de Notre Dame de Recouvrance en furent les témoins même si l’on a eu tendance à oublier toute cette histoire. Toutefois, la dette astronomique imposée à l’île le 25 avril 1825 par le roi Charles X en paiement du coût du corps expéditionnaire français, a contribué fortement à entretenir une humiliante et trébuchante mémoire.
« C’est roi qui fait zesclaves, c’est République Française qui ba zautes libes », dit une phrase mémorable dans la langue française d’Haïti, île si meurtrie encore de nos jours !
C’est à l’invitation de la section locale d’Orléans du Parti communiste français que cette inauguration symbolique a été provoquée.
*Décrite par Victor Hugo dans Bug-Jargal.
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