À l’heure où le rap domine chez les jeunes et où la musique mainstream remplit les zéniths, certains creusent leur sillon hors des sentiers battus. C’est le cas du groupe folk orléanais Human Birds. Mais comment réussir à exister dans un paysage musical mercantile, loin de cette musique populaire née au milieu du XXe siècle ? Éléments de réponse autour d’un entretien avec ce quatuor lors d’un concert le 1er mai dans un Orléans Jazz Club plein comme un œuf.
Human Birds en plein set au Orléans Jazz Club – Crédit photo S.Bureau
Par Olivier Joriot.
La musique folk dans la peau
Les trois musiciennes se connaissent depuis 15 ans, un temps où leur groupe s’appelait les Ladybirds. Depuis peu, les Ladybirds se sont muées en Human Birds, ont repris du service et y ont intégré une touche masculine. Les coccinelles sont tout de suite tombées dans la marmite du folk. « C’est tout simplement la musique qu’on aime depuis longtemps. On adore le mélange des instruments et les harmonies vocales. Quand on s’est mis à composer, on ne s’est pas posé la question du style de musique qui ressortirait », précise Marine.
Côté instruments, le groupe colle à l’image traditionnelle du folk en y ajoutant une touche personnelle. « Nous tenons à rester sur un son acoustique, assume Marion. Les cordes – guitare, banjo, ukulélé et violoncelle – se sont imposées naturellement. Ensuite, l’ajout de percussions discrètes avec le Cajon, le glockenspiel et l’apport ponctuel de la shruti box (accordéon indien) donnent des couleurs diversifiées qui sonnent très folk ». S’inspirant de musiques, de mélodies traditionnelles et du folklore apportés par les colons européens aux États-Unis, la folk music a eu son heure de gloire dans les années 60 avec Dylan, Joan Baez, Leonard Cohen ou encore Joni Mitchell et Neil Young. Son quartier général se trouvait à New York, au Greenwich Village où étaient organisées des soirées Hootenanny (soirée folk avec micro ouvert).
De cette époque, qu’aucun membre du groupe n’a vécu, il reste de solides influences. « Évidemment nous avons beaucoup écouté Dylan et Joan Baez, mais des artistes plus récents comme Alela Diane, Cocoon ou Angus & Julia Stone nous touchent aussi. Les Beatles sont aussi une source d’inspiration. C’est notre caution pop ». Il faut attendre le début des années 70 pour que la musique folk pointe le bout de son nez en France avec Tri Yann, Alan Stivell ou Malicorne. Les années 80 vont enterrer le folk qui va plus ou moins réapparaître en version amplifiée sous l’appellation folk-rock, electric folk ou encore indie folk. Ce courant musical véhicule amour, poésie mais aussi quelquefois des messages politiques.
Anthony, Marine, Marion et Virginie de Human Birds (crédit O.Joriot)
Une musique remplie de « good vibes »
Human Birds a laissé de côté le pan vindicatif du folk pour ne garder que sa face lumineuse. « Cette musique est de nature mélancolique, mélodique. Dans nos compositions, on parle d’amour, de notre quotidien de femmes et de mamans. On compose d’abord la musique puis une parolière affine les textes en anglais car l’esprit folk est encore lié à la langue anglaise. La scène folk française a disparu. On attache beaucoup d’importance aux mélodies et aux harmonies vocales. Notre propos est de se détendre dans une atmosphère chill », explique Virginie.
Près d’un siècle après son apparition, la musique folk est toujours là, mais en mode alternatif, avec de temps en temps des résurgences, des revivals éphémères qui viennent démontrer à ceux qui en douteraient que le retour aux sources n’est pas synonyme de renoncement créatif ou de passéisme musical.
Pas facile de se faire une place…
On l’aura compris, rester fidèle à l’âme folk n’est pas gage de succès alors que les ingrédients sont là. « Les gens ont envie de revenir vers ce genre de propositions et répondent présent, confirme Marine. Le concert d’Alela Diane à l’Astrolabe le démontre. C’est dommage que la folk ne soit pas plus mise en avant. C’est même difficile de citer un nom qui symboliserait notre genre musical. Le côté positif, c’est que Human Birds a une place à prendre ! »
Le récent biopic sur Bob Dylan « Un parfait inconnu » a eu beau remettre un coup d’éclairage sur ce genre musical, Human Birds peine à remplir son agenda de concerts. « Il y a deux problématiques, explique Anthony. La première tient au style musical que nous représentons et qui peine à trouver un public. La seconde tient dans la différence de statut entre musiciens pros et musiciens amateurs. Les lieux de concert n’ont pas forcément les moyens de payer des groupes pros et vont préférer engager des groupes au statut amateur. Les subventions pour les structures sont en baisse importante et il est compliqué de faire des dates où l’on peut avoir des cachets. Démarcher en tant que groupe pro n’est pas aisé et cela ne concerne pas que le milieu folk ». « On a aussi besoin de se refaire un réseau, ajoute Virginie. Du temps de Ladybird, on démarchait peu, on venait nous chercher ».
La musique folk ne fait peut-être pas vendre, ne fait pas le buzz, ne fait pas assez de bruit, mais elle reste une valeur sûre pour transmettre des messages universels. Les Orléanais de Human Birds contribuent à faire vivre la flamme d’une musique réparatrice, solaire et feel good. À l’instar du punk, folk is not dead !
Les prochaines dates de Human Birds
17/05 Patay – Un truck en plus
09/07 La Puisaye – Marché nocturne
06/09 Orléans – La Ruche en scène
03/10 Marcilly en Vilette – Au Ventre Jaune
www.humanbirds.fr
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