Robert Badinter, un modèle pour les jeunes

La cité scolaire Robert-Badinter, qui réunit le lycée international Robert-Badinter et le collège Augustin-Thierry a été inaugurée le 13 mai en présence d’Elisabeth Badinter. Un symbole pour la jeunesse, fruit d’une volonté forte de la Région.

Inauguration de la cité scolaire Badinter
Le dévoilement d’une plaque a scellé l’inauguration de la cité scolaire Badinter. Photo J.L Vezon


Par Jean-Luc Vezon.


Le maire de Blois Marc Gricourt n’a pas hésité longtemps quand le président de région François Bonneau a exprimé l’idée qu’un lycée de la région Centre-Val de Loire porte le nom de l’ancien ministre socialiste de la Justice à l’origine de la loi qui a aboli la peine de mort le 9 octobre 1981.

Alors que Robert Badinter s’apprête à rejoindre le Panthéon le 9 octobre prochain, la cérémonie marquant le baptême de ce lycée historique de la ville (1 150 élèves) a donc pris une grande valeur symbolique tant la personnalité de Robert Badinter (1928-2024) a marqué l’histoire contemporaine et celle de notre République.

Après l’accueil par Jérôme Lauxire, proviseur de l’établissement, précédemment dénommé Augustin Thierry, Sybille, Angèle et Manon, trois jeunes lycéennes de terminale ont d’abord évoqué les combats et l’action politique de Robert Badinter, issu d’une famille juive originaire de Bessarabie(1) en faveur de tous les droits humains, d’une justice éclairée, contre l’homophobie ou l’antisémitisme.

« Ma génération a été imprégnée par les valeurs portées par Robert Badinter et sa loi abolissant la peine de mort ; je garde une grande émotion de notre rencontre le 17 octobre 2010 à l’occasion des Rendez-vous de l’Histoire sur le thème Faire justice », a ensuite déclaré Marc Gricourt lors de son discours devant la communauté éducative rendant un vibrant hommage à l’ancien Garde des Sceaux (1981-86) qui fut aussi brillant avocat, sénateur et président du Conseil constitutionnel (1986-95).

Élisabeth Badinter, « inspiratrice pour les élèves au travers son féminisme humaniste », a reçu une standing ovation. Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Au nom de la dignité humaine

Ému, François Bonneau a rappelé que « partout où il y a la dictature, il y a aussi la peine de mort ». Et assuré que « dans ce monde complexe, Robert Badinter est un guide pour les jeunes pour trouver le chemin de l’émancipation et de la liberté ».

Convaincu de l’importance de donner aux jeunes des modèles d’engagement, le recteur de l’académie d’Orléans-Tours, Jean-Philippe Agresti a rappelé que les combats de Robert Badinter rejoignent ceux pour la dignité humaine et la construction d’une société juste et démocratique : « Le nom de Robert Badinter nous oblige à lutter contre les idées toutes faites et l’injustice ».

« L’école est le lieu le plus sacré de la République, l’avenir des jeunes en dépend ». Elisabeth Badinter a pour sa part avoué que son époux avait la vocation d’être professeur des Universités avant même celle d’avocat. Une standing ovation a salué les propos de la femme de lettres, militante féministe et philosophe qui fut sa femme pendant 58 ans.

Située à l’entrée de la cité scolaire, la plaque portant le nom de Robert Badinter a été dévoilée en présence de nombreux élus régionaux dont l’ancien ministre Marc Fesneau et Carole Canette, vice-présidente déléguée aux Lycées, à l’éducation, à l’apprentissage, à la jeunesse et à la vie lycéenne.

(1) Il a notamment évoqué son histoire familiale en 2018 dans « Idiss » publié chez Fayard.

Un incident malvenu 

Lors du cours BFI, les jeunes lycéens étaient invités à s’exprimer en anglais sur la tolérance et les droits humains devant Elisabeth Badinter à partir de phrases de personnalités. Alors qu’un jeune s’indignait des évènements de Gaza en employant le terme de « génocide », celle-ci est vivement intervenue reprenant au bond celui-ci et interpellant la professeure : « Je veux réagir, c’est un choc, comment peut-on laisser dire cela dans un tel lieu ? ».

Alors que l’enseignante évoque un exercice de spontanéité pour se dédouaner, un froid glacial tombe dans la salle. Le cours se poursuit mais il n’y aura pas d’échange entre Elisabeth Badinter et le jeune élève invité à rejoindre l’internat.  

La guerre israélo-palestinienne qui fracture la société française s’est tristement invitée dans un événement commémoratif, laissant un goût amer à tous les observateurs soucieux de dialogue et de paix…

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Élisabeth Badinter a assisté à un cours en anglais du baccalauréat Français international (BFI). Crédit photo Jean-Luc Vezon. 


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Commentaires

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  1. Badinter s’est, hélas, également illustré en contribuant au démantèlement du droit du travail.

  2. Merci au journaliste d’avoir posé cet encart et d’avoir fait un lien avec l’article relatif à ce mot “genocide”. Le grand âge mérite t il autant de silence ? La jeunesse semble moins contaminée par l’ omertà.

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