Des présidents de départements pas contents, une sauterie au Vatican, un ministre en Région et l’extrême droite qui s’affiche fièrement dans la rue : c’est l’actualité qui a rythmé cette première quinzaine du mois de mai, sur laquelle revient Fabrice Simoes.
Les « mutins » sur la terrasse du Château Raoul. Photo PB
Par Fabrice Simoes.
Six à Châteauroux, quasiment que des hommes de moins de 75 ans. Cent trente-cinq à Rome, même s’ils portent la robe, rien que des hommes de moins de 80 ans. Un à Méreau (Cher), rien qu’un homme de moins de 65 ans. Dans la même semaine, c’était la réunion des présidents de six départements de la région Centre-Val de Loire, celle des cardinaux du monde entier et celle, berrichonne, du potentiel-futur-leader de la droite pas encore trop proche de l’extrême-droite-mais-à-peine-si-peu.
Le premier rendez-vous a accouché d’un « pas content, pas content » en guise de programme commun de droite contre le gouvernement. Le second s’est contenté d’allumer le feu au moment de saints de glace. Une fumée blanche, signe que la pollution dans le ciel du Vatican est moins opaque que le financement de l’une des sectes les plus représentées dans le monde, est sortie par la cheminée que le père Noël avait ramonée en décembre dernier. Le troisième a lancé à un public conquis, ébaubi, cravaté et costumé – pas comme les jeunes d’aujourd’hui – un « houlala, tous dehors les étrangers » ou à peu près qui a séduit.
Ambiance mâles dominants
Trois lieux, trois ambiances, comme dans une boite de nuit avec ses étages individualisés et ses musiques d’avant-avant maintenant, d’avant maintenant, et de maintenant. Rien que des hommes, ou presque, parce que c’est pas de leur faute, mais les femmes, décidément, ne trouvent pas leur place dans l’échiquier politique. Aragon était décidément trop en avance. La femme est l’avenir de l’homme mais l’avenir est incertain et ce n’est que pour demain. Pourtant cela fait plus de 80 ans que, en France, les femmes ont le droit de vote. Vous me direz que c’est mieux qu’en Afghanistan où la gent féminine pouvait donner son avis politique au milieu du siècle dernier et est désormais invisibilisée. Un pas en avant, deux pas en arrière quand les Talibans appliquent à la lettre les mots de Lénine pour les dévoyer, ça marche malheureusement bien. Si on peut les taxer d’Islamistes, compliqué de leur attribuer l’étiquette d’Islamo-gauchiste.
Une réunion, un conclave, un meeting. Tous dans la règle, tous dans le parcours démocratique. En ce qui concerne le conclave, on conviendra que c’est un peu moins que pour les autres, hein. Les objectifs sont différents mais font sens dans ces trois temps-trois mouvements de cette vision occidentale de société. Que le paradigme soit quelque peu figé ne peut d’ailleurs que séduire et rendre envieuses les meilleures dictatures.
Liberté, nostalgie, bras levé
Trois expressions différentes de la liberté du même nom. Celle qui ne permet pas de tendre une banderole au passage d’un ministre de l’Intérieur. Celle qui donne aussi la possibilité aux anciens du Gud, à leurs héritiers, et tous les porphyrogénètes patentés, d’arpenter, sans heurts certes mais masqués, les pavés parisiens. Eux n’étaient pas non plus des mille et des cents. Suffisamment nombreux pour faire plaisir aux nostalgiques du temps que les moins de 80 ans ne peuvent cependant pas connaître, mais dont ils en glorifient le passé. Le romantisme des uniformes bruns, de Wagner et de la chevauchée des Walkyries, des drapeaux qui flottent au vent, des rangers aussi efficaces que les bottes quand ça claque sur le pavé. Forts de contre-vérités, abreuvés de nouvelles tronquées et/ou tellement modifiées que le moindre avocat de la défense commis d’office en tirerait bénéfice, leurs rangs ont grossi sans que l’on y prenne garde ou même que l’on s’en offusque un minimum.
Pourtant, Dieu que Marianne était jolie quand c’était elle qui défilait dans les rues de Paris. Aujourd’hui comme hier, elle est le plus souvent sans fard. Elle est le plus souvent un peu foutraque, un peu du grand n’importe quoi. Quitte à se laisser déborder sur les ailes, régulièrement à son extrême gauche. Alors que, l’ordre, c’est beau. L’ordre, c’est bien. L’ordre c’est propre sur soi. Et même, des fois, l’ordre c’est nouveau ! C’est certain, la discipline y’a rien de tel pour éviter les débordements… À moins de les organiser avec tout autant de précision.
C’est vrai que là, dans la rue, que l’on soit tous ensemble, tous ensemble ou tout seul avec les autres, on est souvent sur deux moments plutôt que trois, sur deux ambiances plutôt que trois aussi…
Plus d’infos autrement :
Les Dernières nouvelles de demain : Ding, dong, le pape est mort…