Le Cirque Le Roux au théâtre d’Orléans : un triomphe !

Spectacle inclassable, Entre chiens et louves construit un récit qui amène des numéros de voltige incroyables. D’abord circassiens, les huit acteurs·rices sont aussi comédiens et danseurs. Un décor qui crée différents lieux, une musique qui indique des époques différentes, des costumes soignés, tous les éléments du théâtre sont au service du cirque. Et c’est formidable.

Élégance aérienne des équilibres. Photo Le Bon Marché Rive Gauche.

Par Bernard Cassat.

Une mystérieuse structure accueille les spectateurs, sorte de grand monument classique avec moulures. C’est devant que va se dérouler un prologue, une sorte de chorégraphie acrobatique où les acteurs s’attrapent, se lancent, se repoussent, se jettent et s’attirent, comme des chiens, comme des louves. Une sorte de folle farandole pour mettre en jambes le public. Et puis un générique est projeté sur le décor, comme au cinéma, avec tous les noms des artistes.

Une scène à plusieurs lieux

La structure s’ouvre ensuite sur trois mini-scènes perchées à mi-hauteur, qui représentent trois temps de l’histoire. Dans chacun de ces théâtres, un couple, soit hétéro, soit homo, vit son accord ou ses disputes, les uns après les autres. Il n’y a pas vraiment de suivi, ils ne parlent pas directement mais par voix off que l’on arrive à attribuer à l’un d’eux. Petit à petit se dégagent des thèmes, celui d’un bal, celui de l’amour ou celui de la cohabitation. Les huit personnages, avec beaucoup d’humour, se mêlent des affaires des autres. Et font beaucoup d’acrobaties. Notamment un numéro de planche souple que deux porteurs tiennent à l’épaule, et sur laquelle une femme prend son élan pour voltiger à des hauteurs incroyables.

Pendant le bal. Photo Le Bon Marché Rive Gauche

Tout s’enchaîne extrêmement rapidement. Des figures se dessinent par terre, ils, elles se montent sur les épaules pour former des tours, ils, elles se lancent, se rattrapent à l’envers, s’amusent à glisser, à jeter l’autre, à le faire tourner dans tous les sens, ils, elles se retrouvent en équilibre sur les mains de leurs partenaires. Ça n’arrête pas, passant de la scène du bas à celles du milieu, sautant dans le vide et retombant dans les bras des autres.

Un bal grand siècle

Tout cela sur une bande son époustouflante. Les cordes de Schubert rythment un bal acrobatique, où les couples se font et se défont pour mieux former des groupes d’équilibre. Dans des costumes stylés, ce qui est une autre caractéristique du Cirque Le Roux. Tout est impeccable, les habits, les tenues, les gestes, les sons et les couleurs de lumières. Ce bal grand siècle est à la fois une prouesse circassienne et un moment d’émotion intense, une chorégraphie orchestrée et précise, une folie dans l’espace où les corps n’obéissent plus à la pesanteur, mais voltigent comme soulevés par la force de la musique.

Les équilibres sur les mains. Photo Le Bon Marché Rive Gauche

Après le bal, le décor révèle d’autres aspects cachés. Un jardin se crée devant, dans lequel deux équilibristes sur les mains évoluent dans des figures totalement inédites. D’ailleurs tous les enchaînements du cirque Le Roux sont originaux. Comme cette femme qui monte jusqu’en haut du décor en se servant de mains et de pieds sortant du décor par des trous. Lente ascension qui lui demande de grands écarts, toujours réalisés dans une grâce parfaite.

Un grand plaisir du début à la fin

Et le décor une fois de plus se transforme pour permettre de monter une structure de barres tournantes sur lesquelles les huit acteurs, tous habillés de noir, évoluent avec une énergie impressionnante, tournoyant, se remplaçant, glissant sur les barres, se rattrapant au dernier moment. Malgré la difficulté de tous ces numéros, ils, elles ont l’air tous de s’amuser beaucoup. Pas seulement parce qu’il y a de l’humour dans les chorégraphies, mais surtout parce que ce sont des bêtes de scène qui visiblement adorent tournoyer en l’air devant le public fasciné d’une salle pleine à craquer. Qui leur a fait une ovation.

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