Scolariser les petites filles afghanes, un défi lancé depuis Orléans

Patrick Communal est un ancien avocat très impliqué dans la défense des demandeurs d’asile en France. Son action l’a conduit à rencontrer et aider de nombreux réfugiés afghans, notamment les sœurs Alizada, cyclistes de haut niveau, ce qui permit à l’une d’elles, Masomah, de participer aux Jeux olympiques de Tokyo.



Par Patrick Communal.


J’ai le souvenir de quelques échanges un peu vifs avec certains observateurs des négociations engagées par les Américains avec les talibans pour mettre un terme à la guerre et préparer le retrait des troupes US d’Afghanistan. À l’époque, on nous récitait la fable des talibans modérés avec qui il était possible d’organiser l’avenir du pays. Moyennant quoi, on a vu le chef du réseau de tueurs le plus redouté devenir ministre de l’Intérieur et les jeunes filles afghanes interdites d’enseignement secondaire. Aujourd’hui les petites filles afghanes ne peuvent fréquenter l’école au-delà de l’âge de neuf ans, ce qui leur permet tout juste d’apprendre à lire, écrire et compter.

Martine Scheeper et Nilofai Noori


Nilofar Noori est une réfugiée de la précédente guerre, celle de l’invasion russe, arrivée en France en 1986, avec sa mère, sa sœur et ses deux frères. Elle fait des études de droit et acquiert la nationalité française à l’âge de 19 ans. Résidente dans le département de l’Orne, elle déménage à Orléans en 2007 où elle occupe différents emplois dans les secteurs public et privé. Elle a ouvert récemment un restaurant franco-afghan au Mans où elle séjourne la moitié de la semaine. Dans un premier temps, Nilofar a animé avec sa sœur l’association Afghanes de France qui envoie au pays une aide matérielle aux populations en difficulté. 

L’association EducAction

En 2022, observant les entraves mises à la scolarisation des petites filles, entraves imposées par le nouveau régime mais résultant aussi du désintérêt fréquent des Afghans pour cette question, elle crée l’association EducAction sans frontières avec Martine Scheeper, écrivaine publique à Orléans et Thiam Elaji. Le but de l’association est de sensibiliser le public afghan aux enjeux de l’éducation et de promouvoir l’éducation comme outil de développement, mobiliser les familles pour favoriser la scolarisation. L’association n’entend pas conduire une révolution en Afghanistan ni affronter les nouvelles autorités, elle n’en a pas les moyens, mais si les petites filles sont autorisées à aller à l’école jusqu’à neuf ans, faisons en sorte qu’elles y aillent vraiment et que les femmes afghanes, quelle que soit leur condition, sachent lire et écrire, on gagne du temps, précise Nilofar, les choses ne sont pas immuables et peuvent changer.
EducAction sans frontières dispose de personnel sur place pour conduire ce travail de sensibilisation, elle envoie des fournitures scolaires, et prend en charge des frais de scolarité pour des familles démunies, dans le cadre d’un partenariat avec une école privée de Kaboul qui accepte de nouveaux élèves pour peu qu’on prenne en charge la rémunération des enseignants supplémentaires.

L’association a besoin de moyens financiers, à cette fin, elle organise le samedi 24 mai à 17h30, à la Salle Fernand Pellicer d’Orléans La Source, un gala de charité avec l’appui du Zonta Club. Au programme, un concert de musique avec Clément Joubert et son orchestre l’Inattendu, qui interprétera de la musique classique en duo avec un grand artiste afghan, Shekib Mosadeq venu spécialement d’Allemagne.

Il y aura également un défilé de mode traditionnelle afghane avec des mannequins afghanes et françaises, un buffet gastronomique, une vente aux enchères d’œuvres d’art et un débat géopolitique réunissant Pascal Adam qui parlera de son expérience de direction d’une école de filles à Kaboul, Frozan Majrouh, une ancienne élève de Pascal Adam, Ismael Paienda, président du conseil national des mouvements pour l’Afghanistan. Un peu plus tard une soirée dansante clôturera l’évènement.
Le tarif des entrées est fixé à 55 € mais on peut apporter une contribution plus importante pour soutenir la démarche.

Billetterie en ligne


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Image de Une : une classe d’enfants d’un petit village d’Afghanistan en 2007. (Wikipédia)

Commentaires

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  1. Une très belle initiative a soutenir
    Patrick Communal est un vrai humaniste,un type bien.
    Une personne rare a Orléans dans un milieu associatif local assez fermé
    Soutien total a cette initiative

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