Créé en 2023, le B3 Village by CA vient de passer un cap important avec l’aboutissement des deux premières levées de fonds pour des start-ups basées à Vierzon. Derrière cette nouvelle étape, c’est aussi la possible revitalisation industrielle de la deuxième ville du Cher qui peut être envisagée. Au cœur d’un territoire plus souvent vilipendé qu’à son tour, ces réussites engendrent quelques satisfecits, mais surtout beaucoup d’espoir.
Les « nodes » de Freemoov Robotics sont modulables et supportent des charges de plusieurs tonnes. Photo Magcentre
Par Fabrice Simoes.
Faire de Vierzon un véritable hub d’innovation industrielle à l’échelle régionale et nationale peut paraître un objectif difficile à atteindre. Pourtant, né d’une alliance entre le Crédit Agricole Centre-Loire, la Communauté de Communes Vierzon-Sologne-Berry et Éric Larchevêque, le B3 Village est en passe de réussir le pari. Certes, tout n’est pas parfait mais les voyants sont désormais au vert.
Le B3 village by CA a été lancé en 2023 sur le site de la Société Française et a la volonté de soutenir l’émergence de jeunes entreprises innovantes sur le territoire. Le dispositif se veut un accélérateur de l’innovation pour les start-ups et les entreprises d’un territoire. Il est composé de 43 villages en France, et à l’étranger, reliés entre eux. À Vierzon, dans les anciens ateliers de fonderie de la société Case, plusieurs start-ups ont élu, en totalité ou en partie, domicile. Sous les hautes verrières, le temps ne s’est pas arrêté dans la foulée de l’abandon des chaînes de production des bakous. Plutôt que de devenir un musée pour nostalgiques figés dans une époque révolue, le lieu est ainsi toujours vivant.
Depuis 2023, 15 start-ups ont bénéficié d’un accompagnement sur mesure, adapté à leurs besoins de structuration, de financement et de développement. Certaines sont restées en retrait et n’ont pas trouvé leur mode de développement. Quant à la dizaine de start-ups que compte actuellement le village, Freemoov Robotics et V. Biotech sont les deux premières, dans des domaines très différents, à avoir été jusqu’au bout de leurs levées de fonds. Au sein du campus numérique du B3, c’est une première.
Usines de production en 2027 et 2029
Alors que se pose la question de la prolifération des plastiques dans la nature, V. Biotech a pour objectif de faire des biomatériaux 100 % recyclables et/ou biodégradables à base de marc de café, de plastique biosourcé et de plastique recyclé. Une valorisation du marc de café qui ouvre le champ à une alternative au plastique, d’autant que la matière première est abondante. Le volume de ce déchet est estimé à 500 000 tonnes par an, en France. La société envisage de recycler 30 000 tonnes de marc de café pour 2027, associés à des restes d’oranges ou de bananes. L’objectif des 80 000 tonnes est estimé en 2029.
Le marc de café peut faciliter la création d’un autre plastique. Photo Magcentre
Déjà en partenariat avec Veolia Hauts-de-France, V. Biotech s’intéresse par ailleurs à une autre ressource plus en phase avec la région Centre-Val de Loire, le marc de raisin. Vera Chamarande, fondatrice de V. Biotech, espère la création de 40 emplois dans sa future usine de Vierzon. Implantée à Reims, où elle pilote ses activités de recherche et développement (laboratoire de chimie verte), V.Biotech souhaite profiter de la position géographique vierzonnaise et ses particularités ferroviaires pour une implantation, d’ici 2029, d’une usine de production au parc technologique de Sologne. Un projet chiffré entre 20 et 25 millions d’euros pour une quarantaine d’emplois à la clef.
Le projet est d’ores et déjà avancé pour Freemoov Robotics. Spécialisée dans les transports de charge autonomes pour diminuer la pénibilité, la start-up travaille sur un transporteur de charge robotisé, capable de porter jusqu’à 800 kg, mais aussi sur l’association de robots modulaires. Le prototype est déjà fonctionnel selon Marc-Antoine Hache, le président et cofondateur. Freemoov Robotics a mis en place une phase de tests pour des modules capables de déplacer jusqu’à 16 tonnes. À l’horizon 2027, une usine d’assemblage à Vierzon est prévue. Le sujet intéresse même l’investisseur et multientrepreneur, pionnier dans le domaine des cryptomonnaies, Éric Larchevêque. Ce natif de Vierzon, cofondateur de Ledger, a investi dans la structure.
Pour Fabien Bernagout, le vice-président de la com-com, en charge de l’Innovation, ces premiers résultats sont significatifs d’une belle capacité d’attractivité du Berry en général et de la communauté de commune Vierzon Sologne Berry en particulier. Comme un retour en grâce après la désindustrialisation thatchérienne de la fin du siècle dernier.
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