Le réaménagement de la véloroute du canal d’Orléans est achevé. Sur 78 km entre Orléans et Châlette-sur-Loing, dans l’est du département, ce tracé touristique séduit les acteurs et élus du territoire. Une voie verte qui promet également de belles retombées locales.
Les premiers amateurs de vélo ont emprunté la véloroute du Canal d’Orléans le week-end dernier. Photo Magcentre
Par Mael Petit.
Il y a encore quelques mois, c’était plutôt ambiance règlements de comptes. L’État demandait d’importants efforts budgétaires, les collectivités s’indignaient, et les petites phrases fusaient entre voisins territoriaux. Mais ce vendredi 23 mai, tout ce joli petit monde s’est retrouvé à Vitry-aux-Loges… sur un vélo. Qu’il semblait alors loin le temps des reproches et des complaintes : plus de piques, fini les critiques, et place aux sourires et aux compliments à la chaîne. Il aura suffi d’un peu de soleil et de quelques coups de pédale pour faire oublier les querelles de clocher. L’inauguration de la véloroute du canal d’Orléans a transformé les joutes verbales en échanges de courtoisies.
Il faut dire que le projet coche toutes les cases pour rassembler, encore plus quand on sait que le Département, la Région et l’État ont mis chacun la main au portefeuille – avec l’Europe en soutien – pour rénover et aménager cet itinéraire de 78 km, qui relie Orléans à Châlette-sur-Loing. Une belle photo de famille entre la préfète Brocas, et les présidents Bonneau et Gaudet, qui ont pris soin de se féliciter mutuellement, et même allègrement. « Cette véloroute est un segment très important à l’échelle de la France. Ce tracé fait revivre notre patrimoine et notre histoire à travers le tourisme en le redonnant à nos concitoyens », s’est enflammé le président de la région François Bonneau, visiblement très en forme, au départ d’une journée qui le verra inaugurer une autre véloroute en Loir-et-Cher l’après-midi même. Le président du Département, Marc Gaudet, a lui aussi savouré ce moment, saluant un projet qui permet aux Loirétains – et bien d’autres – de se réapproprier un site naturel remarquable, sans mettre de côté le « respect de la nature » d’un aménagement pensé « avant tout écolo ». Autant d’arguments qui figureront sur les futures brochures touristiques.
Salivante Loire à Vélo
Le président du Loiret a d’ailleurs fait preuve d’honnêteté au moment d’évoquer l’une des raisons qui a poussé le département à racheter le canal en 2021. La Loire à vélo, porte-étendard touristique de la Région, l’a séduit. Jusqu’à l’inspirer. « Cela a été l’élément déclencheur pour démarrer l’aménagement du canal », avoue-t-il. L’aspirateur à touristes des bords de Loire fait donc des émules, et incite les acteurs territoriaux à regarder ce qui fonctionne chez les voisins. Ce que le sénateur PS Christophe Chaillou n’a pas manqué de souligner, lui qui était il y a peu encore, confronté à Marc Gaudet dans l’hémicycle départemental. Le socialiste y est donc allé de son petit mot pour évoquer le tant décrié mille-feuille territorial. « Quand toutes les parties se comportent intelligemment, ce projet démontre bien que l’on peut faire de belles choses », glisse-t-il aux partisans d’une grande simplification structurelle.
Sur le fond, la nouvelle véloroute a de quoi séduire. Moins fréquentée (pour l’instant) que la Loire à Vélo, elle mise sur son côté sauvage, presque hors du temps. Les aménagements, dont le revêtement plutôt roulant et vanté comme résistant, ont été pensés pour respecter l’environnement. Et les élus insistent : c’est aussi une réponse concrète au défi climatique. D’ailleurs la préfète Sophie Brocas n’a pas hésité à dégainer une citation d’Einstein à l’adresse de Marc Gaudet, pour saluer le projet.
Dynamisme économique local espéré
Mais au-delà de la balade du dimanche, ce canal pourrait aussi changer la donne sur le terrain du vélotourisme, voire du vélotaf, notamment entre les communes voisines. En tout cas, le Département y croit dur comme fer. Il a même assuré avoir accéléré la fin des travaux pour relier Montargis à l’ouest du département, histoire de recoller un peu les morceaux entre l’est et l’ouest du Loiret. Et ce n’est pas le Montargois François Bonneau qui va cacher sa satisfaction sur ce point. « Nous avons tant besoin de renforcer ce lien entre Montargis et Orléans. Et ce canal y contribue ». Le président dit vrai, bien que cela demeure insuffisant à tarir ce sentiment de fracture des Montargois – mieux connectés à Paris qu’à leur propre chef-lieu – qui attendent d’ailleurs toujours une vraie liaison rapide avec Orléans.
Comme ici à Mardié, le département a installé des clapets au niveau de plusieurs écluses du canal. Photo Magcentre
Évidemment, quelques voix grincent déjà en évoquant la facture à long terme de l’entretien d’un canal sujet aux crues régulières. Le Département réplique avec les premiers signes d’un regain économique : maisons éclusières transformées, guinguettes en bord de piste, nouvelles offres d’hébergement et un commerce local qui reprend des couleurs. À Vitry-aux-Loges, le maire le dit lui-même. « On ressent déjà des retombées positives », salive Arnaud de Beauregard qui observe nombre de cyclotouristes faire étape dans sa commune. Côté aménagements, neuf aires de repos dont certaines « à haut niveau de services » – à savoir toilettes sèches, tables de pique-nique, abri, stationnement – ponctuent le tracé. « Si on compare à la Loire à Vélo, nous avons, insiste Marc Gaudet, sur le canal d’Orléans une véloroute à l’ombre et des aménagements de service bien supérieurs ». Chut, chut ! Pas déjà. La concorde on a dit, la concorde.
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