Les Dernières nouvelles de demain : pourvu que Bruno n’aille pas au cinéma…

Pas de tapis rouge pour le Centre-Val de Loire cette année à Cannes. Pas plus pour Bruno Retailleau, trop occupé à traquer les Frères musulmans pour s’égarer du côté de la culture. Peut-être un mal pour un bien. Car quand la fiction colle un peu trop avec certaines visions du monde, on prie pour que certains restent éloignés des salles obscures.

Salle de cinéma
Image d’illustration ©Pixabay


Par Fabrice Simoes.


Un tapis rouge, des sourires éclatants comme pour un concours miss France, un aperçu de Fashion Week, de costumes-cravattes-noeuds pap’, des flashs qui crépitent. Des applaudissements et des cris qui fusent. C’était du comme d’hab au festival de Cannes. Pas de marches du palais pour le Centre-Val de Loire cette année. « Caramba, encore raté ». Imitant le général Tapioca, celui de Tintin – la BD, c’est aussi de la culture – tous les pisse-froid qui font de la culture en général, et du 7e art en particulier, une cible plutôt qu’une base de construction de notre société, on oublie que, l’an passé All We Imagine as Light, de Payal Kapadia, soutenu par la Région et son agence Ciclic, avait reçu le Grand Prix du jury lors de la soirée de clôture.

Sur la Croisette, on pouvait croiser Tom Cruise et Scarlett Johansson et des plus ou moins vedettes de cinéma. Même si le danger vient de la rive d’en face, sur ce bord-ci de la Méditerranée, pas de Bruno Retailleau. Pourtant, c’est aussi un artiste Bruno. Problème, il tient toujours le même rôle. À l’intérieur il était donc resté. Il avait du boulot. Il avait les Frères musulmans sur le feu, au bout d’un rapport qui n’aurait pas dû fuiter dans la presse. Et puis, quand on est contre l’avortement, contre le mariage pour tous, contre les réfugiés, contre l’État de droit, contre le droit à mourir dans la dignité, on peut bien se passer de cette forme de culture-là où on parle de tout et de tous. Surtout quand on est en campagne pour devenir président de la Droite, qu’est un peu plus à droite, mais pas autant que l’extrême droite. Le populisme se suffit à lui-même. Petit Ventre-à-choux, double cœur surmonté d’une couronne et d’une croix, bercé par le doux chant des sirènes des contre-vérités historiques et de Philippe de Villiers, le populaire du Puy du Fou. Sa vision de la culture s’est longtemps cantonnée au concours de saut de ningle, dans les marais, et devant la Marseillaise, au sommet de son top 50, à l’hymne régional « La Vendéenne ». « Toujours chez nous, même au siècle où nous sommes. Les cœurs virils sont fiers d’être chrétiens. Dieu pour sa cause aura des hommes. Tant que vivront les Vendéens. » Rien que le refrain ça donne envie d’en être.

Face au diable, à la manière de sa collègue de parti, présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui vient de réduire de 70% l’enveloppe budgétaire des subventions vouées à la culture pour 2025, il avait dans son fief voulu faire la peau économique au Hellfest. Saint Bruno voulait que les blasphémateurs métalleux se la collent sur l’oreille pour la fumer plus tard. Tapioca bis… Depuis, il ne faut pas une matinée pour vendre tous les billets et pour que le festival affiche complet. Bruno est un visionnaire en culture musicale. En matière de cinéma, quand ce n’est pas lui qui joue, on ne sait pas trop où il en est… Pourvu que Bruno, nouveau patron des LR, n’ait pas le temps d’aller au cinéma avant un petit moment. L’idée qu’il puisse avoir vu Nouvel ordre de Michel Franco, Grand Prix du jury à la Mostra de Venise en 2020, peut foutre les jetons. Le scénario est tant applicable dans la réalité. Cette forme de déshumanisation de notre société actuelle et la création d’un futur État totalitaire dystopique sont tellement envisageables. Ou alors, comme avec la méthode Orange Mécanique – Stanley Kubrick – appliquée à Malcolm McDowell, on lui passerait en boucle V pour Vendetta, de James McTeigue.

Il faut simplement rappeler que, mis à part dans 1984 de Michael Radford, un jour ou l’autre, tous les régimes despotiques se terminent de la même façon. Comme dans les histoires d’amour en général et qui durent toujours, ils finissent mal. À moins que Bruno ne soit l’invité vedette du Festival du Film de Demain, la semaine prochaine, à Vierzon. Ça va parler de films mais surtout « de réalisatrices, de réalisateurs réfléchissant à la société de demain, se demandant comment la faire évoluer, comment la faire grandir, avec l’écologie, la place de la femme dans la société, les discriminations, le racisme, l’homophobie, la fin de vie, la jeunesse, le mal-être adolescent, etc. ».

Entre deux poignées de pop-corn, c’est un beau programme pour notre Bruno !

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Commentaires

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  1. Encore un journaliste qui va “leur” déplaire et s’attirer leur “sainte” colère. Même aux plus burocratiks temps du pseudo communisme soviétique il existait une presse plus ou moins clandestine comme Crokodil qui se moquait des tyrans au pouvoir mais depuis Poutine …
    et “ces gens-là” aiment bien le régime russe puisque les oligarques se font encore plus de pognon qu’avant alors dansons mais n’oublions pas que le chat n’est pas loin et que ce ne sont pas des risettes, des bons mots, voire des pétitions, des votes qui les empêcheront d’installer encore plus, avec de braves petits soldats comme Bruno, Gérald et bien d’autres, leurs politiques liberticides racistes inégalitaires.

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