Alors que des figures de l’extrême droite européenne sont attendues près de Montargis le 9 juin, une large mobilisation unitaire se prépare en réponse. Partis, syndicats, associations et citoyens organiseront ce même jour une contre-manifestation politique, festive et solidaire.
À Montargis sont attendus de nombreux responsables politiques, syndicaux et intellectuels – infographie PCF du Loiret
Par Izabel Tognarelli.
Dès l’annonce du rassemblement de Mormant-sur-Vernisson, à quelques kilomètres de Montargis, un collectif réunissant des organisations politiques, syndicales et associatives s’est formé, à l’initiative de Bruno Nottin (conseiller municipal PCF de Montargis). « Depuis que nous avons lancé, à quelques-uns, cette idée de contre-manifestation, c’est un tourbillon », nous explique Sylvie Braibant, écrivaine engagée et membre du collectif. Tous se sont retrouvés dans une course effrénée afin que tout soit prêt à temps. « Une véritable gageure ! », nous confiait-elle, dès les tout premiers jours.
La réponse s’organise, vive, large, avec conviction
« Nous avons beaucoup de jeunes personnes qui se manifestent ; c’est rare de voir autant de jeunes gens engagés », ajoute-t-elle. L’adversité sera-t-elle l’occasion de marquer un regain des forces de gauche dans le Montargois ? « Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une union comme on n’en a jamais connue ».
Benoît Digeon, maire LR de Montargis, a tout de suite répondu positivement à la demande d’organisation de cette manifestation par le collectif, tandis que Franck Demaumont, maire PCF de Châlette-sur-Loing, a d’emblée prêté une salle pour les réunions préparatoires. « Il s’agit d’une entente cordiale entre des personnes de sensibilités politiques diverses. À l’intérieur du collectif, ce sont certes des forces de gauche, mais au sens très vaste du terme, puisque cela va du Parti socialiste jusqu’au Nouveau parti anticapitaliste (NPA) », détaille Sylvie Braibant.
La coordination rassemble donc un éventail très large d’organisations politiques, du Parti socialiste au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), en passant par EELV, LFI, le PCF ou Génération.s. De même du côté des forces syndicales, tout l’éventail de sensibilité est représenté, depuis la CGT, la CFDT, la FSU, Solidaires, SUD, jusqu’à l’UNSA : « Cela donne de l’espoir », poursuit Sylvie Braibant. « Mais surtout, cela donne une dynamique absolument extraordinaire, au-delà de l’événement en lui-même. Bien sûr, nous avons des discussions, mais tout le monde avance dans le même sens, avec force et enthousiasme, cela fait plaisir à voir ».
Une mobilisation spontanée et inédite
Le tissu associatif, du Montargois et d’ailleurs, est fortement mobilisé. Impossible de citer toutes les associations présentes ce jour-là : elles sont trop nombreuses. Notons simplement la participation d’organisations comme le MRAP, Agir pour la Palestine, le collectif immigrés et Femmes solidaires. Mais les réponses à l’appel du collectif viennent de bien plus loin que le Montargois, notamment d’Orléans et de Paris, individuellement ou par des cars affrétés.
Pour les organisateurs, il s’agit de défendre une autre image du Gâtinais, terre de résistance, de solidarité et d’ouverture. « Si cette journée est réussie, cela permettra à d’autres de penser qu’il reste encore des possibles », résume Sylvie Braibant.
La journée débutera par une marche dans les rues de Montargis, sur le thème des lieux de mémoire liés aux résistants du Montargois (rendez-vous à 10h30 devant la sous-préfecture), hommage suivi de prises de parole, avant de laisser place aux concerts et débats, dans les jardins du Pâtis.
Des soutiens venus de tous les horizons
Parmi les invités annoncés figurent les eurodéputées Chloé Ridel et Manon Aubry ; les députés Philippe Brun, Louis Boyard, Charles Fournier, Emmanuel Duplessy ; le sénateur Ian Brossat, ainsi que de nombreuses figures syndicales et intellectuelles : Sophie Binet (secrétaire générale de la CGT), Marylise Léon (secrétaire générale de la CFDT), Sophie Vénétitay (secrétaire générale du SNES FSU), Aurélien Boudon (secrétaire national de Solidaires), Edwy Plenel (journaliste, écrivain, fondateur de Médiapart), Pierre Tartakowsky (fondateur d’Attac et président honoraire de la Ligue des droits de l’Homme), Mehdi Lallaoui (cinéaste, fondateur de Ras L’Front et Ripostes) ; Vincent Gay, secrétaire général d’ATTAC ; Bernard Schmid, avocat, ancien juriste du MRAP national, membre du collectif VISA (Vigilance et initiatives syndicales antifascistes) ; Amélie Poinsot, autrice ; Antoine Dubiau, géographe ; Ugo Palheta, sociologue ; Pauline Ferrari, journaliste ; Sarah Durocher, présidente du Planning familial France.
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