Le gel du budget MaPrimeRénov’ a été la goutte d’eau qui a fait déborder l’auge à ciment. Les professionnels de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), réunis pour leur congrès annuel à Blois les 12 et 13 juin, se préparent à manifester pour faire entendre leur courroux.
Anthony Laudat, président de la FFB CVL, Olivier Salleron, président FFB et Fabrice Fouquet, président FFB 41 contestent le gel de MaPrimRénov’. Crédit JL Vezon.
Par Jean-Luc Vezon.
Après les agriculteurs, les taxis ou les VTC, verra-t-on bientôt les artisans du bâtiment bloquer nos axes de circulation ? « Trop c’est trop. Alors que le bâtiment est en récession avec une activité en baisse de 5,5 % en 2024(1) et 33 000 postes perdus, le gouvernement change une fois de plus les règles. Cela va mettre en péril le rebond attendu grâce aux mesures de la loi de Finances 2025 », s’insurge Olivier Salleron, président de la FFB, principale organisation professionnelle d’un secteur qui pèse 444 000 entreprises (dont 94 % de taille artisanale) et 1 749 000 actifs (dont 1,258 million sont salariés).
On sait que le segment de l’amélioration-entretien (118 Mrds) et les travaux de rénovation énergétique (31,2 Mrds de ce montant) sont essentiels pour l’activité. « La rénovation notamment énergétique porte l’activité dans de nombreux départements comme le Loir-et-Cher. Ce changement de politique est scandaleux et dramatique pour l’emploi. Nous avons besoin de stabilité », tempêtait de son côté Fabrice Fouquet, président de la FFB 41.
La reprise, qui se profile, de l’attribution des aides MaPrimeRénov’ dès le 15 septembre ne semble pas adoucir l’ire de la FFB. « Deux mois et demi de gel, c’est autant de temps sans deviser. Les conséquences seront lourdes en particulier pour les TPE », estime le président qui voit poindre une nouvelle récession en 2026. À la clef, 50 000 emplois en moins.
Pourtant les relations sont bonnes avec la ministre du Logement Valérie Létard, « toujours à notre écoute », et qui a fait passer un budget avec des mesures positives comme le Prêt à taux zéro (PTZ) sur tout le territoire, la réduction du loyer de solidarité (RLS), soit un soutien de 200 millions d’euros aux bailleurs sociaux ou encore la défiscalisation des dons familiaux (à hauteur de 100 000 €, jusqu’au 31 décembre 2026) pour acquérir ou rénover sa résidence principale. La ministre travaille aussi sur un statut du bailleur privé qui pourrait être intégré dans le PLF 2026.
Présent au côté du président Salleron pour ce premier congrès national de la FFB dans notre région, Anthony Laudat, président de la FFB Centre-Val de Loire se montrait lui aussi agacé : « Après une année 2024 difficile en particulier dans le Loiret et l’Indre-et-Loire, l’activité dans notre région repartait légèrement dans le neuf mais aussi grâce aux projets liés à Bourges, capitale européenne de la culture 2028. C’est un coup de massue irresponsable ! »
D’autres points de friction
En dehors du gel de MaPrimeRénov’ que le gouvernement Bayrou a justifié par une fraude estimée à 12 % (sur un budget total de 2,3 Mrds) notamment sur les rénovations d’ampleur, la FFB formule plusieurs autres griefs : concurrence des micro entrepreneurs « qui n’ont pas les mêmes règles » ou encore le coût du recyclage, « une arnaque alors qu’il n’y a aucun service ».
« Face à ce stop and go, la grande famille du bâtiment ne restera pas sans rien faire. Nous sommes au fond du trou ; les modalités de la mobilisation seront définies lors d’une réunion de CA élargie qui aura lieu ce vendredi à Chambord. Nous n’avons pas de tracteurs mais nous avons des grues », prévient Olivier Salleron qui pourra compter sur l’appui de certains syndicats et d’élus locaux. À bon entendeur, salut !
(1) Soit 14 Mrds de CA en moins.
(2) Ils devraient être assujettis à la TVA dès 25 000 € de CA.
Anthony Laudat, président de la FFB Centre-Val de Loire est d’autant plus inquiet pour l’activité que les permis de construire ont baissé en 2024. Crédit photo JL Vezon.
4 résidences principales sur 10 peu performantes énergétiquement
En Centre-Val de Loire, plus de 475 000 résidences principales ont un diagnostic de performance énergétique (DPE) estimé et classé E, F ou G en 2022 (INSEE CVL). Elles représentent plus de quatre résidences principales sur dix dans la région, une part parmi les plus élevées de France métropolitaine. Dans le Loiret, ce sont 132 000 biens et 65 800 en Loir-et-Cher.
Les logements construits avant 1975 sont en moyenne moins performants énergétiquement. Plus de huit logements classés E, F ou G sur dix sont des maisons plus fréquemment chauffées au fioul que les appartements, mais moins au gaz naturel. Près de la moitié des logements du parc locatif privé sont particulièrement énergivores ou émetteurs de gaz à effet de serre. Ces logements sont relativement plus nombreux dans les communes rurales où l’habitat est plus dispersé, plus ancien, et moins raccordé au gaz naturel, que dans les communes urbaines.
Selon l’INSEE, dans le Loir-et-Cher en 2021, 34 000 ménages sont ainsi en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement, soit 23 % des ménages. La moitié des ménages du département devrait consacrer plus de 1 770 euros pour occuper leur résidence principale avec un confort thermique standard (chauffage, production d’eau chaude, etc.). La vulnérabilité énergétique touche davantage certaines catégories de ménages, notamment les plus âgés, les plus pauvres et ceux vivant dans des logements anciens.
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