Au Clos Lucé, le biomimétisme dans les plans de Léonard

Officiellement nommé dans les années 1950, le biomimétisme existe depuis la nuit des temps. À Amboise, au Clos Lucé, une exposition met en lumière les rapports étroits entre l’homme et la nature en s’appuyant sur les travaux de Léonard de Vinci.

Pascal Brioist (au centre) et Andrea Bernardoni (à droite) co-commissaires de l’exposition, pour relier Léonard de Vinci à notre époque. Photo MC


Par Jean-Luc Bouland
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« Le biomimétisme désigne une démarche scientifique qui consiste à étudier les formes, matériaux, processus et systèmes présents dans la nature pour concevoir des innovations durables ». Résumée en ces mots par François Saint Bris, le maître des lieux, la thématique qui sert de fil conducteur à l’exposition présentée au château du Clos Lucé jusqu’au 10 septembre a tout pour accrocher l’intérêt du visiteur. À Amboise, ce fleuron de la Loire Valley attire chaque année des milliers de personnes et porte haut l’image des Renaissances permanentes portées par la région Centre-Val de Loire.

Cette nouvelle exposition consacrée à l’art et la manière de s’inspirer du vivant pour apporter à l’homme des avantages et avancées technologiques, artistiques et scientifiques, des plus majeurs aux plus futiles, devrait en surprendre plus d’un. Les neuf muses de l’Olympe illustraient déjà ce propos comme en témoignent de nombreux textes anciens, tels ceux mis en vitrines ici par les deux commissaires de l’exposition.

A l’entrée de l’expo, un jeu interactif pour présenter quelques exemples concrets. Photo MC

Des racines dans la préhistoire

« L’homme naturellement enclin à la pensée analogique a trouvé dans le vivant une source inépuisable pour l’ingénierie mécanique. Cette démarche, loin d’être récente, trouve ses racines dès la préhistoire », considèrent à l’unisson les deux commissaires de l’exposition, qui ont presque fait du Clos Lucé leur résidence secondaire. Venu d’Italie, Andrea Bernardoni est un spécialiste de la technologie, notamment auteur d’un ouvrage sur les machines de chantier, et Pascal Brioist, professeur d’histoire moderne à l’université de Tours, est un spécialiste des arts et techniques, et connu pour cela bien au-delà des frontières de l’hexagone. Léonard de Vinci et sa vision de l’homme-machine est pour eux un sujet d’étude inépuisable.

Andrea Bernardoni et les machines de Léonard. Photo MC


Au Clos Vinci, après une visite du château et du parc, naviguant dans un univers paysager verdoyant agrémenté par thématiques de reproductions des œuvres de Léonard de Vinci, guidés par une double signalétique en français et en anglais, les visiteurs ne pourront manquer la visite du pavillon consacré au biomimétisme. Orchestrée de façon circulaire, elle débute de façon ludique par un quiz interactif pour petits et grands qui donne le ton du sujet. Entre la peau de requin qui révolutionne la combinaison des nageurs et la raie manta qui inspire des robots, naviguant entre les différents cubes de l’entrée avant de s’enfoncer dans un univers étrange mêlant documents anciens, plans manuscrits et robots futuristes, le public ne sait plus où donner de la tête et des pieds pour enrichir ses connaissances et se projeter dans un futur qui peut paraitre presque surnaturel, à l’image des « animaux-machines » de Jacques Delarozière. Parmi les animaux d’hier et d’aujourd’hui qui inspirèrent les scientifiques, les oiseaux ont toujours eu la préférence pour Léonard de Vinci, et cela se voit. Mais sachant que la terre est composée pour 70% de mer et d’océan, il reste encore beaucoup à explorer et à imiter.

Des robots écolos

Un robot inspiré de la salamandre. Photo MC


Ainsi vont les travaux de l’architecte océanographe Jacques Rougerie qui propose un successeur du bathyscaphe en forme d’hippocampe pour mieux explorer le fond des mers. Et comme le souligne Pascal Brioist, « avec l’arrivée de l’intelligence artificielle qui va beaucoup chauffer, on prévoit déjà de créer des structures immergées pour les accueillir ». Un propos qui pourrait choquer des défenseurs de la nature se voulant garants de son intégrité pure, ignorant peut-être que pour l’Organisation internationale de normalisation, le biomimétisme associe « philosophie et approches conceptuelles interdisciplinaires prenant pour modèle la nature afin de relever les défis du développement durable ». La préservation de la nature garantie par des robots inspirés d’elle-même ? Il faut vraiment voir cette exposition pour tenter d’y croire…

Les créations d‘Iris van Herpen inspirées d’animaux volants. Photo MC


Plus d’infos autrement :

Les œuvres sur papier de Pierre Buraglio au musée des Beaux-Arts d’Orléans

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