Face à l’urgence de mieux accompagner les victimes de violences, le CHU d’Orléans lance un projet ambitieux : regrouper trois unités spécialisées en un seul lieu. Un centre unique en France, pensé pour offrir un accueil global et coordonné aux femmes et aux enfants.
Par Philippe Emy.
La prise en charge des victimes de violences est un enjeu social prioritaire. Les violences, qui ne cessent d’augmenter, sont multiples et concernent toute la société, touchant particulièrement les femmes et les enfants. Face à ce constat, un projet de centre d’accueil au sein du CHU d’Orléans a été initié. Il vise à regrouper dans un même lieu la prise en charge des victimes afin d’optimiser leur parcours et de faciliter la collaboration de tous les intervenants.
La docteure Barbara Tisseron, co-responsable du projet nous a reçus dans l’unité d’Accueil Pédiatrique Enfance en Danger, dont elle a la responsabilité, pour nous dévoiler le projet. « La raison première est d’optimiser la prise en charge des victimes de violences en créant un espace d’accueil unique, visible et facile d’accès, d’offrir des locaux adaptés et de mutualiser les moyens pour faciliter la collaboration entre les différents acteurs », explique-t-elle.
Trois unités actuellement dispersées
L’Unité d’Accueil Pédiatrique Enfance en Danger (UAPED) reçoit les mineurs victimes de tous types de violences (physiques, sexuelles, psychologiques), de prostitution, ou ceux exposés aux violences conjugales. Ils sont adressés soit par la justice, soit par un professionnel de santé, de la petite enfance, de la protection de l’enfance, un membre de l’entourage, ou encore par leurs parents eux-mêmes. Ils sont auditionnés par des enquêteurs spécialisés, spécifiquement formés au recueil de la parole des enfants. Un chien nommé Orko peut accompagner le mineur durant toute sa prise en charge afin de diminuer son anxiété.
La Maison des femmes d’Orléans
L’unité « violences faites aux femmes » propose un accompagnement médico-psycho social et facilite le parcours judiciaire. Son objectif est de sortir définitivement des violences, de se reconstruire pour permettre un retour à l’autonomie.
En complément, la Maison des femmes prévoit de porter 2 autres projets :
- Une unité mutilation sexuelle féminine, accompagnant les femmes en questionnement sur l’excision et permettant de faire connaître ses conséquences sur la santé. Elle proposera un parcours de soins et orientera les femmes souhaitant une chirurgie réparatrice.
- Une unité de santé sexuelle et de prévention, qui gérera les problèmes liés à la contraception, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles.
L’unité médico-judiciaire adulte accueille les victimes majeures adressées par la justice. Elle rédige également des certificats de non-excision pour les mineurs, adressés par l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), ainsi que des certificats d’excision pour les mères accompagnatrices. Aussi elle réalise des actes médicolégaux à la demande de la justice, comme les examens de victimes vivantes et les autopsies scientifiques.
Un projet unique en France
Ces trois unités sont étroitement liées et travaillent quotidiennement ensemble avec les mêmes partenaires extérieurs : force de l’ordre, justice, association de victimes. Actuellement séparées de plusieurs centaines de mètres, rendant le parcours des victimes complexes, alors que le public accueilli est particulièrement fragile, elles seront bientôt réunies autour d’un plateau de 1 300 m², permettant une prise en charge globale, tout en favorisant les synergies entre les unités. Femmes et enfants pourront ainsi arriver ensemble et de manière coordonnée. Un lieu unique facilitera l’identification et le recours de ce centre pour les victimes, comme pour les partenaires institutionnels ou associatifs. L’emplacement se situera au terminal du tramway ligne A à l’arrêt « hôpital de la source », au rez-de-chaussée du vieil hôpital. Un projet ambitieux chiffré à 3 548 000 € bien que son financement ne soit pas encore assuré. Un appel aux dons a été lancé sur Instagram, Facebook, LinkedIn. Les fonds récoltés peuvent faire l’objet d’avantages fiscaux. Le département et la région ont déjà répondu présent.
Lien vers la cagnotte : www.helloasso.com/associations/fonds-de-dotation-synchronie/collectes/espace-unique-d-accueil-des-victimes-de-violence
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