Le cinéma engagé à Vierzon, ça marche !

À Vierzon, des bénévoles, des spécialistes du 7e art, dans un cinéma aménagé sur le site d’une usine de mécanique agricole, proposent un festival de films pendant cinq jours. Un film rafle trois prix. La fréquentation est encore en hausse. Des étoiles se retrouvent sur scène, sur les écrans et plein les yeux. Voilà pour le synopsis d’une 4e édition du Festival du Film de Demain toujours aussi engagé. Attention spoiler : le festival reviendra en 2026.

Jury et organisateurs du festival du film de demain de Vierzon
Jury et organisateurs peuvent être satisfaits de l’édition 2025 du FFD. Photo Magcentre


Par Fabrice Simoes.


Isabelle Carré, tout sourire, n’en revient pas d’avoir vu Vierzon. Elle découvre un festival à taille humaine et la chaleur qui va avec. Anouk Grinberg annonce une « palme d’or, une tour Eiffel de talent ». Pauline Lefèvre ouvre la cérémonie de clôture sur quelques pas de danse en blonde/futal, un dimanche, au son du « Laissez-moi danser » de Dalida. Le tapis rouge est là. On ne monte que deux marches au cinéma Lumière, le bien nommé, mais on les monte comme sur la Croisette. La 4e édition du Festival du Film de Demain pourrait n’être qu’images de paillettes, de soirées pince-fesses et d’entre-soi bien-pensant. Que nenni, il aura été celui d’autres femmes de tous les jours, celui d’autres hommes de tous les jours. Des gens dont le cinéma raconte la vie, les boires et les déboires, même si c’est avec Bruce Willis, même si c’est Blake Edwards, au-delà d’une comédie à l’américaine.

On aura eu les signatures d’autographes – le journal local a trouvé un fan à plus de 8 500 unités – et les prises de selfies et les barrières pour contenir des spectateurs plus respectueux que les beugleurs de Cannes. On aura eu Cédric Klapisch et Antoine Duléry en master class. On aura eu le nouveau concept, à La Décale, de l’atelier particulier avec Michèle Laroque pour « marraine » inaugurale. On aura eu droit à Gérard Jugnot et Corinne Masiero, Romane Bohringer et Baptiste Lecaplain. On aura eu des rires et des larmes, pas mal de larmes. On aura eu un tas de choses pour donner envie d’aller au cinoche ou de travailler pour, avec, dedans… Et on aura eu les bénévoles attentifs et aux petits soins avec leurs marinières jaunes. Avec une fréquentation qui dépasse les 11 500 spectateurs (chiffres organisateurs), et une soirée de plus certes, les éternels rapporteurs ou commissaires aux comptes publics, ceux qui surveillent les attributions de subventions, les trous à reboucher dans les rues et les trottoirs à refaire ne peuvent même pas crier au loup. Ou alors pas trop fort.

Trois prix pour « En première ligne »

Que l’histoire d’une infirmière dans un hôpital en sous-effectif, En première ligne, de Petra Biondina Volpe, rafle trois prix sur les huit en jeu – dont celui du meilleur film – n’est pas anodin. En plus, ce n’est pas comme si c’était une fiction tellement bien imitée. Pendant la pandémie, les acteurs du secteur de la santé étaient des héros du quotidien. Après, ils sont retournés au royaume des invisibles guidés par les spécialistes de la santé des réseaux sociaux. Comme la souris des fleurs pour Algernon et le Charly de Ralph Nelson (celui de Soldat Bleu), ils ne sont pas les seuls à être retombés dans l’oubli. Dans un festival qui a aussi ouvert ses portes à la catégorie documentaire, le 1er prix du jury présidé par Anouk Grinberg ne se voulait pas consensuel mais dans la pure logique d’un FFD engagé.

Engagé et dans l’air du temps, celui des scandales au cœur des religions à travers le parcours de plusieurs années de procédure contre le prêtre dont a été victime Jérôme Clément-Wilz. Son documentaire, Ceci est mon corps, a été plébiscité par le public dans cette catégorie.

À l’automne dernier, si Camille Carteret, Mathieu Petit-Bonnefond et Louis-Julien Petit, les créateurs-organisateurs du festival, avaient lancé quelques appels du pied pour assurer le coup financièrement de cette édition 2025, les mêmes n’ont pas caché que, pour 2026, ils la jouaient Terminator et son « I Will be back ». Du cinéma pour se marrer, ça fait du bien et peut aussi laisser un peu de place à un bon cinéma pour réfléchir sur les sujets de société. Parce que, du cinéma pour réfléchir et des gens qui le mettent en avant, c’est décidément une idée pas si mauvaise que ça.

Le palmarès de la 4e édition du Festival du Film de Demain

  • Prix du meilleur film pour En première ligne de Petra Biondina Volpe
  • Prix de la meilleure réalisation décerné à Eva Victor pour Sorry Baby
  • Mention spéciale à Alessandra Lacorazza pour In the summers
  • Prix de la meilleure interprétation décerné à Léonie Benesch pour En première ligne
  • Prix du meilleur scénario décerné à Rich Peppiatt pour Kneecap
  • Prix de la meilleure musique décerné à Émilie Levienaise-Farrouch pour En première ligne de Petra Biondina Volpe.
  • Prix du public pour Les Rêveurs de Isabelle Carré
  • Prix du meilleur documentaire pour Ceci est mon corps de Jérôme Clément-Wilz.
  • Prix du meilleur court-métrage pour Mon héros de Rohid Rahimi.


Plus d’infos autrement :

Malgré les vents contraires, le Festival du Film de Demain revient encore plus fort

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    27°C
  • dimanche
    • matin 15°C
    • après midi 23°C
Copyright © MagCentre 2012-2025