Plouf, plouf, voilà l’été : les corps bronzent et les cerveaux fondent. Alors que certains se noient dans la piscine gonflable, d’autres coulent dans l’indifférence. Petit plongeon en Méditerranée, entre cynisme politique et eau tiède occidentale.
La Flottille de la liberté pour Gaza au départ de Catane en Sicile, le 1er juin 2025. ©Freedom Flotilla Coalition
Par Fabrice Simoes.
Plouf, plouf, ça barbote, ça s’éclabousse et ça s’asperge. Dans le hamac, près de la piscine à 59,99€ de chez Lidl, Action, Gifi ou tout autre supermarché hard-discount de produits fabriqués en Chine, les pieds dans l’eau, flotte un air de bord de mer. Comme un parfum de Méditerranée de carte postale, celui des vacances passées et celles à venir.
Plouf, plouf, Aleksandar Nikolic, le chef de file des élus Rassemblement national du conseil régional Centre-Val de Loire, se mouille la nuque pour éviter l’hydrocution en apprenant la décision du tribunal administratif d’Orléans. Fidèle, comme le reste du parti extrémiste, à la ligne de conduite anti-gaspi de l’argent public, qu’il soit local, régional, national ou international, il voulait faire annuler le vote d’une subvention, en 2023, de 30 000 € par la Région à l’association SOS Méditerranée, une ONG dédiée au secours en mer des migrants. Douche froide, il a vu sa demande déboutée. La photo du cadavre du petit Aylan sur une plage turque, c’était voilà 10 ans. C’est loin 10 ans surtout quand arrive la période estivale, celle où s’ouvrent les portes des cages aux oiseaux et sont abandonnés les chiens ou les chats sur le bord des routes des vacances. Un môme, venu de l’autre côté de la Méditerranée, une femme venue de l’autre côté de la Méditerranée, un homme venu de l’autre côté de la Méditerranée, ça peut bien crever… On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! Par contre, si les chenils étaient un peu plus grands !
Morale naufragée
Plouf, plouf, un commando israélien a bien failli rater sa cible, un bateau de « la Flottille de la liberté » en route vers Gaza pour briser le blocus imposé par le gouvernement actuel d’Israël. Provocation, évidemment. Symbolique, bien sûr. Expression politique, sans équivoque. Instrumentalisation, si peu ! Quand on demande à un peuple affamé de fermer sa gueule alors qu’elle est encore grande ouverte, à la recherche du moindre grain de riz ou d’une once de farine, il ne peut en être autrement. Une interception mise en images par un réalisateur local, avec un message à caractère général, et une géolocalisation, dans les eaux internationales, plus que contestable mais ô combien significative d’une forme de laxisme politique des élites politiques mondiales.
À la manière des autruches avec la tête dans le sable, les humains les imitent tout autant que des corbeaux qui voleraient sur le dos pour ne pas voir la misère sous eux. Têtes d’affiche, Greta Thunberg et Rima Hassan pour les plus connus des douze volontaires, journalistes, humanitaires, embarqués sur une barcasse, avec de l’aide humanitaire, plutôt que sur le Pacific Princess, sa piscine, ses histoires d’amour, et le capitaine Merrill Stubing. On peut adhérer, ou pas, aux actions, aux prises de positions, ou aux idées de ces égéries, pour le coup, de la cause palestinienne. Une attitude qui, il faut le rappeler aux bas du front, aux trolls des réseaux sociaux et aux utilisateurs d’IA pervertis, ne doit pas être assimilée à un soutien au Hamas ou à ses sbires, et encore moins à des mouvements islamistes. Transcription ou interprétation même pas erronée, d’une assistance à une population mise en situation de ghettoïsation sans murs mais avec des barbelés et des tanks. L’Encyclopédie multimédia de la Shoah précise qu’au fur et à mesure de l’histoire de la création des ghettos, « Ce sont les districts clôturés d’une ville où les Juifs sont forcés de vivre dans des conditions misérables. » Il suffit simplement de remplacer le terme Juif par Palestinien pour moderniser le propos ! On ne parlera cependant pas de génocide, terme à priori non déposé à l’INPI mais qui fait débat. Une appropriation linguistique aussi touffue que celle, plus capillaire et culturelle, des dreadlocks pour les communautés rastafari ou africaine.
Plouf, plouf, et de ce côté-ci de la Méditerranée, on continue de prendre un seau et une pelle en plastique pour construire des châteaux de sable que la marée risque moins de détruire qu’un obus sur un hôpital, une école de Palestine.
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