Alzheimer : une révolution est en marche

La maladie d’Alzheimer (MA) a longtemps été considérée comme une fatalité du vieillissement. Entre avancées scientifiques, outils diagnostiques plus précis et nouveaux traitements, elle semble entrer dans une ère de transformation et sa prise en charge évolue. Pour autant, en l’absence de guérison, la donne pour les malades a-t-elle vraiment changé ?

Cliché d’illustration Pixabay

Par Jean-Paul Briand.

La MA est la maladie neurodégénérative la plus répandue et la première cause de dépendance chez les seniors. En France, elle concerne plus de 1,2 million de personnes et ce chiffre pourrait doubler d’ici 2050. La MA entretient des relations complexes avec le vieillissement qui en est le premier facteur de risque. Lors du processus de vieillissement le volume et le poids du cerveau diminuent et s’accompagnent d’une perte de synapses et d’un déclin cognitif. Il est donc difficile de distinguer un vieillissement normal d’un début d’Alzheimer. Pourtant, cette affection n’est pas une conséquence direct du vieillissement : c’est une maladie à part entière, qui débute souvent des années avant l’apparition des premiers troubles.

Une maladie mieux comprise, mais encore mystérieuse

La MA a longtemps été réduite à l’accumulation de plaques amyloïdes et de « protéines Tau » dans le cerveau, mais elle se révèle bien plus complexe. Les recherches récentes mettent en lumière des mécanismes inflammatoires, vasculaires et génétiques qui influencent son développement. L’hypothèse d’une « cascade amyloïde » qui déclenche et entretient la neurodégénérescence reste centrale, mais ne suffit plus à expliquer toute la diversité des cas. Des études suggèrent également que des facteurs métaboliques (diabète, hypertension) ou environnementaux (pollution, mode de vie) pourraient accélérer son apparition. Le sexe intervient également dans la MA, les femmes étant plus prédisposées que les hommes, surtout après l’âge de 80 ans. Cette vision multifactorielle de la MA ouvre la voie à des approches préventives personnalisées.

Le diagnostic précoce : un enjeu majeur 

Pendant des années, le diagnostic d’Alzheimer était posé tardivement, souvent à un stade avancé de démence. Aujourd’hui, grâce aux biomarqueurs (analyses du liquide céphalo-rachidien, imagerie TEP amyloïde), on peut détecter la maladie avant l’apparition des symptômes graves. C’est important car il est ainsi possible : 

  • de mieux planifier l’avenir : un diagnostic précoce permet au patient et à sa famille d’anticiper les décisions juridiques, financières et thérapeutiques,
  • de mettre en place des interventions non médicamenteuses : stimulation cognitive, activité physique adaptée et alimentation équilibrée (régime méditerranéen) peuvent ralentir l’évolution,
  • de proposer des essais thérapeutiques : les nouveaux traitements ciblent les stades précoces et un diagnostic tardif exclut les patients de thérapies innovantes prometteuses.  

En milieu médicalisé, il existe de nombreux tests d’évaluation des pertes cognitives. L’outil le plus couramment utilisé est le Mini-Mental State Examination (MMSE) dont un score inférieur à 24 est généralement considéré comme indicatif d’une déficience cognitive. En auto-dépistage simple SAGE  téléchargeable ici peut déceler les troubles cognitifs légers.

L’arrivée des nouveaux traitements : un espoir mesuré  

Après des décennies d’échecs, plusieurs médicaments modificateurs de la maladie apparaissent, comme par exemple le donanémab, non encore autorisé en Europe et le lecanemab qui vient de l’être. Ces anticorps monoclonaux ciblent les plaques amyloïdes et ralentissent modestement le déclin cognitif. Cependant, ces traitements posent des défis. Ils sont très onéreux. Leur efficacité reste limitée. Ils ne stoppent pas la maladie, mais en retardent la progression d’environ 30 %. Leurs effets secondaires ne sont pas anodins : risque d’œdèmes et micro-hémorragies cérébrales. Des décès sous traitement ont eu lieu. Ils ne sont encore réservés qu’aux stades précoces et nécessitent un suivi rigoureux. D’autres pistes sont explorées : thérapies anti-tau, médicaments anti-inflammatoires, voire vaccins. Mais leur généralisation prendra encore des années.

Mieux vivre avec Alzheimer : l’importance de l’accompagnement  

En l’absence de traitement curatif, la qualité de vie reste primordiale. Les approches non pharmacologiques (orthophonie, art-thérapie, groupes de soutien) améliorent le bien-être des patients. L’entourage, souvent épuisé, doit être aidé (formations, répit). Un diagnostic précoce, couplé à une prise en charge globale, permet de mieux préparer les patients et leurs proches. Les nouveaux traitements, bien qu’imparfaits, marquent un tournant. La recherche avance et avec elle, l’espoir de freiner efficacement cette maladie dévastatrice. La MA reste une maladie incurable, mais la fatalité recule…

« La mémoire, c’est l’avenir du passé », écrivait Paul Valéry. Demain, grâce à la science, ce passé pourrait rester plus longtemps présent.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Comment lutter contre le déclin cognitif ?

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 19°C
    • après midi 37°C
  • jeudi
    • matin 17°C
    • après midi 27°C
Copyright © MagCentre 2012-2025