L’Aisne, un département plein de ressources, à découvrir #2

L’Aisne est un département plein de ressources, à découvrir pendant les vacances. De Saint-Quentin à Laon en passant par le Chemin des dames et Château-Thierry. (Lire le #1)

Par Marie Lincourt

Laon, cité perchée entre ciel et histoire

La cathédrale de Laon

Impossible de traverser l’Aisne sans lever les yeux vers Laon, cette ville haute qui semble flotter au-dessus de la plaine. Ancienne capitale de la France carolingienne, Laon impressionne autant par sa silhouette médiévale que par son atmosphère hors du temps. Ses remparts, ses ruelles pavées et ses hôtels particuliers témoignent d’un passé prestigieux, entre foi, pouvoir et savoir.

Point d’orgue de la visite : la cathédrale Notre-Dame de Laon, chef-d’œuvre de l’art gothique primitif, érigée au XIIe siècle, qui inspira même celle de Paris. Ses cinq tours élancées et ses bœufs sculptés en façade – clin d’œil aux animaux ayant hissé les pierres jusqu’au sommet – en font un monument à part. Mais pour vraiment saisir la magie du lieu, il faut monter dans la tour (juste trois cent marches, courage !) mais l’ascension en vaut la peine : là-haut, la vue panoramique embrasse tout le pays laonnois, entre champs, forêts et ondulations de l’Aisne.

La ville conserve de nombreux vestiges de son âge d’or médiéval : anciennes portes fortifiées, remparts impressionnants, cloîtres et ruelles étroites où le temps semble suspendu

Si Laon s’élève fièrement sur son plateau, elle cache aussi un monde invisible sous ses pieds. Des kilomètres de souterrains creusés dans la craie sillonnent les entrailles de la cité. Utilisés dès l’époque gallo-romaine comme carrières, ces galeries ont ensuite servi d’abris, de cachettes et même de lieux de culte.

Laon souterrain

Certains souterrains se visitent aujourd’hui, révélant un visage plus secret de la ville : celliers voûtés, chapelles creusées, escaliers oubliés et fresques médiévales composent une atmosphère chargée de mystère. Au fil des siècles, ces galeries ont aussi alimenté les légendes locales — passages secrets, apparitions, ou trésors cachés dans les entrailles de Laon.

 À la découverte de la Maison Lévêque- Dehan : entre effluves souterraines et échappées dans les vignes.

C’est à Marcilly, au cœur de la vallée de la Marne, que la Maison Levêque-Dehan cultive depuis des générations un art de vivre à la champenoise. Eric, le propriétaire, nous accueille et nous entraîne dans les coulisses de l’élaboration de ces champagnes, nectar issu des cépages Pinot noir, Chardonnay et Pinot Meunier.

Un voyage olfactif au cœur de la cave :

Direction le sous-sol : voûtes de pierre, fraîcheur douce, lumière tamisée. C’est dans cette atmosphère feutrée que commence notre initiation sensorielle. Devant nous, un atelier olfactif original. Alignés comme les instruments d’un parfumeur, de petits flacons renferment les arômes emblématiques du champagne. À nous de deviner : est-ce du coing ? De la noisette grillée ? Un soupçon de pomme reinette ou un souffle de fleurs blanches ?

L’exercice, ludique et raffiné, révèle combien l’odorat est un chemin vers la mémoire. Notre hôte, pédagogue et passionné, nous explique comment ces notes se forment pendant l’élevage, la fermentation, selon les cépages. Ici, le nez précède la bouche, et chaque effluve raconte un pan de la Champagne, avant qu’Eric, vigneron-pédagogue, nous conduise en combi Volkswagen vintage, au bord des vignes pour nous faire goûter à ses bulles de bonheur.

 Les jardins de Viels-Maisons, une parenthèse verte en Vallée de la Marne

À quelques minutes de Château-Thierry, les jardins de Viels-Maisons, classés «« Jardin remarquable », s’étendent sur plus de trois hectares.

Les jardins de Viels Maisons

Créé par Bertrande de Ladoucette, et guidés par sa belle fille, on l’écoute, en la suivant pas à pas, nous réciter l’histoire de son parc, dans un dédale de fleurs et de parfums, de bosquets et de petits ponts que constituent les trois hectares de ce jardin à la française, à l’anglaise, où potager d’antan, roseraie romantique, jardin de curé se côtoient.

 Château-Thierry, sur les pas de Jean de La Fontaine et des siècles d’histoire.

Musée Jean de la Fontaine

Perchée sur les hauteurs de la vallée de la Marne, la ville de Château-Thierry déroule son histoire au fil des pavés et des façades, entre Moyen Âge, guerre de 14 et vers de fables.

Notre guide, Clémentine, nous entraîne dans les ruelles du centre ancien aux  maisons à pans de bois, aux façades XVIIIe, aux hôtels particuliers.

Mais c’est sur les pas de Jean de La Fontaine, né ici en 1621, qu’elle se montrera la plus volubile. Nous découvrirons sa maison natale devenue musée, ses statues ponctuées de citations et disséminées à travers les rues de la ville, ses sculptures évoquant ses personnages célèbres : le corbeau, le renard, le loup, l’agneau. 

Clémentine, passionnée et passionnante, égrène les anecdotes savoureuses : les relations tumultueuses de La Fontaine avec sa femme (il cachait  ses maitresse sous sa table de cabaret lorsqu’elle débarquait à l’improviste et prenait un chemin détourné pour rentrer chez lui afin de ne pas la croiser !) mais aussi ses fréquentations à la Cour, son goût pour la liberté de ton, parfois au bord de la censure.

On découvre un La Fontaine à la fois mondain et solitaire, admiré à la Cour mais toujours attaché à sa ville natale. On comprend mieux ce qui a nourri son œuvre : la campagne environnante, les travers des puissants, et une langue souple, vive, taillée pour traverser les siècles.

À mesure qu’on avance, le poète devient presque familier, incarné par les détails du quotidien et les échos de son époque.

La visite s’achève en hauteur, au pied des ruines du château médiéval. De là, la vue s’ouvre sur la vallée de la Marne. Tout près, un jardin suspendu invite à la pause. Calme, ombragé, c’est un lieu propice à la contemplation… ou à réciter une fable.

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