C’est devenu un lieu artistique incontournable à Blois et dans la vallée de la Loire. Modèle unique, la galerie d’art contemporain Wilson à Blois promeut la création d’un collectif de 60 artistes professionnels.
La galerie Wilson est devenue en un peu plus de 2 ans, un lieu reconnu d’une expression artistique polymorphe. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
Par Jean-Luc Vezon.
Pas de complainte, de repli sur un art élitiste ou d’entre-soi subventionné, à la galerie Wilson c’est tout le contraire. Il y règne un esprit positif, indépendant qui place les arts et les artistes au centre d’un projet fédérateur et innovant.
« Notre projet est de mettre en lumière dans de très bonnes conditions des artistes intermédiaires qui ne sont ni des amateurs talentueux ni les happy few de l’art contemporain. Comme chacun, ils doivent vivre et ce lieu, ouvert à tous les types de création (peinture, sculpture, design, photographie, musique, poésie…) est le leur », explique Miguel Lebron, designer et artiste plasticien catalan à l’origine de ce projet né en février 2023. (1)
Avec le photographe international Michel Bizieux, figure locale de l’expression artistique (il a notamment créé les Promenades artistiques de Molineuf) et l’artiste Arnemo, ils décident alors de créer une association baptisée Galerie Wilson. Elle s’installe, rive gauche, sur le site de l’ancien cinéma du même nom, avenue Wilson au cœur du quartier Vienne, dans un bel espace de 200 m², à quelques dizaines de mètres seulement de la Loire.
Une quarantaine d’artistes du Loir-et-Cher mais aussi de Touraine et de l’Orléanais la rejoignent d’emblée. Des travaux (éclairage, mise en scène, création d’une boutique, climatisation …) sont réalisés par le groupe pour donner à la galerie cachet et attractivité.
Le lieu ne va pas tarder à toucher un large public. Son concept : une exposition mensuelle d’un artiste (chaque premier jeudi du mois), une programmation de spectacles vivants musicaux, théâtraux ou de poésie (et même des conférences et défilés de mode) sans oublier la mise en valeur des artistes adhérents de l’association (2) plusieurs fois par an lors des expositions collectives d’août et décembre (1). Au commissariat, l’excellent Michel Bizieux renouvelle des mises en scène toujours créatives.
L’an passé, ce sont ainsi 8 000 personnes qui ont fréquenté ce lieu où l’art se partage… et s’achète. « À chaque exposition, il y a de belles ventes. Nous avons une vraie démarche de communication et de marketing, grâce à nos vidéos, nos affiches et notre présence médiatique et sur les réseaux sociaux », souligne Miguel Lebron en saluant le bénévolat des artistes et le partenariat avec le domaine viticole de Rabelais à Veuzain-sur-Loire lors des vernissages mensuels.
Les ponts tissés avec d’autres compagnies, associations ou collectifs comme la revue littéraire Brèches, les Saltimbanques Audrey Lange et Bruno Bianchi ou les Rendez-Vous de l’Histoire sont riches tout comme le fut le travail avec les personnes handicapées de l’ADAPEI 41 qui ont pu exposer leurs œuvres lors d’une rétrospective consacrée au maître de l’art brut Chomo. (3)
Dernière exposition en date, celle consacrée au célèbre peintre blésois Bernard Lorjou (1908-1986), enfant du quartier Vienne, connait un démarrage en trombe. Grâce au prêt d’une quarantaine d’œuvres par Junko Shibanuma, on découvre sa peinture engagée, véritable « coup de poing » marquée par quelques performances médiatiques notables contre l’art abstrait ou le centre Beaubourg.
Comme chez Bernard Lorjou, il n’y a pas de drapeau à la Galerie Wilson. Seule brille la flamme éternelle des beaux-arts alimentée par le talent de ces artistes qui donnent du sens à leur vie et éclairent les nôtres.
(1) La prochaine aura lieu le 7 août pour un mois.
(2) La cotisation est fixée à 35 € par mois pour les artistes résidents, 150 € pour les autres.
(3) Un projet est en cours avec des déficients visuels.
Le vernissage de l’exposition Bernard Lorjou a rassemblé plus d’une centaine de personnes le 3 juillet dernier. Crédit Michel Bizieux.
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