Femme politique tourangelle, conseillère municipale de Tours, Mélanie Fortier a déjà un long parcours politique derrière elle. Engagée dans les futures municipales derrière Henri Alfandari et parfois critiquée – notamment sur Magcentre – pour son positionnement politique évolutif, elle tient à s’expliquer sur son parcours et ses engagements.
TRIBUNE
Mélanie Fortier
Quelques lignes pour éclairer mon parcours : celui d’une femme ordinaire : mère, boulot, engagements, les trois quotidiens en un, qui sont la charge standard de la vie des femmes. Je me suis forgée toute ma vie comme chacun, un corpus idéologique et des valeurs de référence. Je n’ai pas hérité des miens car j’ai grandi dans les principes de la gauche marxiste et m’en suis éloignée. Mes premiers débats politiques étaient familiaux, et je me souviens de nos dîners en famille, régulièrement animés de joutes verbales autour du journal télévisé.
Au cours de ma vie j’ai acquis plusieurs convictions : que la responsabilité individuelle est le corollaire des droits et des devoirs du citoyen, c’est cette certitude qui m’éloigne fondamentalement du socialisme, je suis d’une gauche non marxiste. J’ai grandi quelques années au Maroc, ce qui a sans doute contribué plus tard à nourrir ma seconde conviction : la laïcité est le socle du vivre ensemble et la condition de la paix sociétale. La troisième est que je me reconnais davantage dans un féminisme à la Badinter que dans le féminisme déconstructeur inspiré de Jacques Derrida, défendu par Sandrine Rousseau.
C’est une rencontre, en l’an 2000, alors que je termine ma thèse de doctorat de géographie, qui concrétise mon engagement dans la vie politique. Celle de Jean Germain, que je suis venue interviewer dans son bureau à la mairie, et qui me propose de faire partie de son équipe pour les municipales de Mars 2001.
Au cours de ce premier mandat, j’apprends beaucoup, je rencontre mon premier mari, je rentre au Parti Radical de Gauche, en 2004 je suis présidente du PRG 37 et je suis élue à la Région sur la liste conduite par Michel Sapin.
En 2007, alors secrétaire générale adjointe du Parti Radical de Gauche, je suis investie par la gauche unie sur la deuxième circonscription d’Indre-et-Loire.
Face à Claude Greff, sortante solide et implantée, je fais un score de 46,5%.
Aux municipales de 2008, encouragée par mon mari Nicolas Gautreau, je décide de mener campagne à la Ville Aux Dames, afin de m’implanter sur la deuxième circonscription et de continuer à vivre une aventure en autonomie, la campagne législative m’ayant donné envie de m’émanciper. Jean Germain était mon mentor, Nicolas, mon mari, alors conseiller général et adjoint au maire, j’étais sortie de l’ombre et j’avais envie de faire mon chemin. À la Ville Aux Dames, notre équipe qui représentait la gauche perd avec un score de 44% face à un maire qui avait déjà su rassembler au-delà des clivages politiques. Ce choix je ne le regrette pas, même si avec le recul, il aurait été plus confortable de rester dans les pas du leader tourangeau.
À ce moment-là, je passe le concours externe d’ingénieur de la fonction publique territoriale, la politique n’étant pas une profession, je deviens ingénieure urbaniste dans les services de la ville de Tours, où je resterai jusqu’en septembre 2016, date à laquelle je rejoins mon second mari dans son entreprise.
En 2012, le PRG me propose à nouveau l’investiture sur la circonscription d’Amboise, mais ma seconde fille a deux ans et ma vie familiale a changé, je n’ai pas le courage de mener cette campagne. C’est alors Christophe Rossignol, (élu écologiste de la région et ami de longue date), qui ira mener ce combat.
En 2017, j’ai participé comme secrétaire générale adjointe du PRG à la campagne des primaires puis des présidentielles. Je sais parfaitement qu’un raz de marée macroniste va emporter le scrutin législatif. Mais le parti radical, comme tous les partis, doit présenter à parité des hommes et des femmes aux législatives pour ne pas payer de grosses amendes à l’État.
Comme beaucoup d’autres militantes et élues locales, je vais aller porter les couleurs de mon parti dans une élection législative perdue d’avance. Mon premier choix évidemment était de m’engager sur Tours, mais Jean-Patrick Gilles député sortant, ne voulait pas d’éparpillement au premier tour et me demande d’aller plutôt sur la 5e circonscription, craignant une « Taubira » comme il me le dit alors, référence à l’éviction de Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002.
En 2020, après la fusion du Parti Radical de Gauche et du Parti Radical Valoisien, Christophe Bouchet et moi nous retrouvons dans la même maison politique, c’est donc naturellement que je le soutiens aux municipales. Et si je suis restée discrète au début de ce mandat dans l’opposition c’est que j’ai perdu mon mari en septembre 2019 et qu’il faut du temps pour retrouver de l’énergie et du courage pour participer aux débats politiques.
Quant aux soubresauts qui ont agité notre petit groupe d’opposition à Tours l’hiver dernier, mes collègues n’ont pas accepté mon engagement aux côtés d’Henri Alfandari, candidat que je soutiens pour les prochaines municipales à Tours.