Vendredi 11 juillet, les membres de l’association Les Amis de René Thinat se sont rassemblés en l’hôtel Groslot, mis à disposition par la municipalité, afin de remettre officiellement le prix René Thinat 2025 à Eitan Salvati, apprenti au CFA de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Loiret. Nouvel éloge de la main créatrice.
Par Jean-Dominique Burtin.
D’un montant de 1 000 euros, ce prix célèbre «
la reconnaissance d’un talent en devenir, d’une jeunesse qui crée, qui façonne, qui transforme ». Engagés,
Les Amis de René Thinat se sont donnés pour mission de faire vivre la mémoire d’un homme profondément attaché à sa ville, celui qui fut maire d’Orléans de 1971 à 1978, «
homme de dialogue, de culture et d’action », attaché à louer la dignité de chaque métier. Au fil des ans, ce prix est attribué à un jeune méritant issu tour à tour du Conservatoire, de
l’ESAD ou du CFA.
Cette manifestation de vendredi qui s’est déroulée en présence de Régine Bréant, deuxième maire adjointe d’Orléans, fut l’occasion d’écouter un discours d’une généreuse et belle acuité de Philippe Barbier, président de l’association.
Eitan Salvati et Philippe Barbier. Photo Les Amis de René Thinat
« Soutenir la jeunesse n’est pas un luxe mais une urgence »
Philippe Barbier : « Cette année, ce prix est attribué à un apprenti, cette figure trop discrète de notre société, qui allie la tête et la main, l’intelligence technique et l’inventivité concrète. Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui : de la main créatrice. Dans une époque marquée par la vitesse, la dématérialisation, parfois l’effacement du réel, nous voulons redonner toute sa noblesse au geste manuel, au savoir-faire, à l’intuition artisanale. René Thinat le disait déjà : « Une ville se construit autant avec les idées qu’avec les mains. » Aujourd’hui, nous avons le bonheur de célébrer un jeune homme dont les mains sont déjà pleines d’avenir, Eitan Salvati, apprenti en mécanique automobile que je félicite chaleureusement. En ces temps incertains, soutenir la jeunesse n’est pas un luxe, c’est une urgence. »
« La jeunesse d’aujourd’hui est la main créatrice de demain »
« Le monde dans lequel nous vivons est fragmenté, traversé de tensions et de bouleversements. Et pourtant, au cœur de cette époque, il y a des jeunes comme Eitan, qui travaillent, qui apprennent, qui innovent. Des jeunes qui, loin du bruit et des algorithmes, choisissent un métier exigeant, fait de patience, d’écoute et de précision. Comme le disait Françoise Sagan : « La jeunesse est un état d’esprit, une volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive ». Nous devons croire en cette intensité et en cette imagination pour construire un avenir meilleur. La jeunesse d’aujourd’hui est la main créatrice de demain. »
« Transmettre, transformer, faire évoluer les savoirs avec conscience et avec cœur »
Philippe Barbier : «
Pourquoi attribuer un prix à un artisan de la mécanique automobile ? Pourquoi, en 2025, alors que certains imaginent un monde sans voiture, avons-nous encore besoin de garages, de mécanos, d’ateliers de réparation ? Parce que l’automobile n’est pas qu’un objet. C’est d’abord un symbole. Un concentré de génie humain, de liberté, mais aussi de responsabilité (…). Paul Morand, grand styliste des années folles, écrivait dans L’Homme pressé : « L’automobile a donné à l’homme moderne la seule chose qui lui manquait : la vitesse. » Alors il est vrai que cette vitesse, aujourd’hui, doit être repensée, car paradoxalement « prendre son temps » redevient en 2025 un idéal pour atteindre la sérénité, et tout simplement se sentir vivre. Sans compter, nous le savons tous, que la vitesse peut tuer. De même, si la voiture de demain sera électrique, peut-être hydrogène, peut-être partagée ou bien autonome, elle aura toujours besoin d’entretien, de réglages, et donc de la main humaine. L’automobile porte ainsi une part de rêve, d’indépendance, d’horizon.C’est pourquoi, même dans une société qui se veut plus sobre, plus écologique, le garagiste a encore toute sa place. Car il ne s’agit pas d’opposer l’ancien et le nouveau, mais de transmettre, de transformer, de faire évoluer les savoirs avec conscience et avec cœur. Et ce cœur induit l’idée de partage et d’entraide. »
Des remerciements à valeur de reconnaissance
Philippe Barbier, enfin :
« Merci aussi au CFA de la Chambre de Métiers du Loiret, pour son travail de formation, et pour son accompagnement dans le choix d’un lauréat aussi méritant qu’Eitan Salvati. Merci à ses formateurs, à ses maîtres d’apprentissage, à tous ceux qui l’ont soutenu. Un immense merci à Françoise et Pierre-Antoine Thinat, enfants de René Thinat, pour leur mécénat généreux et fidèle. C’est leur confiance, leur présence, leur engagement qui nous permettent de faire vivre ce prix, année après année. Voilà cher Eitan, ce prix est pour toi. Il ne récompense pas seulement ton talent, mais aussi ton esprit d’initiative, ta curiosité, ton engagement. Je te félicite encore, et je te souhaite de tracer ta route avec assurance, prudence, et avec cette part de rêve qui fait les grandes trajectoires. » En somme, voici la promesse d’une belle histoire. Humaine et professionnelle. Un beau message également.
Plus d’infos autrement :
« La main créatrice » avec Les Amis de René Thinat