Pendant tout l’été, le collectif APArté propose ses photographies à la médiathèque de la Source. Cinq auteurs pour des regards croisés, intimes et respectueux qui nous font redécouvrir la Sologne.
Le collectif de photographes orléanais a travaillé sur l’évolution récente de la Sologne et la (dés)humanisation de son paysage.
Par Jean-Luc Bouland.
« Nous voulons récupérer graphiquement une mémoire dans les vestiges encore très présents de l’humain et d’une nature qui reprend sa place, pour évoquer la résilience et l’espoir, la futilité et la fragilité, et pour nous rappeler combien nous sommes encore proches de ces vestiges ». Le propos des membres du collectif orléanais est ambitieux, et le résultat à la hauteur de leur démarche. Original et réussi. Pendant cet été 2025, cinq membres du collectif APArté présentent la Sologne à la médiathèque Maurice Genevoix, à Orléans. C’est la deuxième fois que le collectif, créé voilà 3 ans à l’issue d’un stage à l’ESAD, vient occuper avec ses œuvres les cimaises de la médiathèque. Ils sont moins de 10 dans le collectif, soutenus en permanence dans leur travail par Sophie Carles, qui les a aidés à révéler leur goût pour le détail, et c’est ce qui nous est montré cette fois sous le titre « Ne pas déranger » pour aider le public à découvrir la Sologne toute proche avec un œil respectueux des lieux, de leur histoire et de l’environnement.
Sous l’œil bienveillant de Sophie Carles
Sophie Carles, professeure à l’ESAD depuis 2016, a choisi de travailler « sur la représentation de la ruine dans les pratiques de la photographie contemporaine », et c’est cette démarche qu’elle a su insuffler à ses “élèves”. De bons élèves sachant se comporter en discrets observateurs. « Nous nous engageons à respecter scrupuleusement les lieux que nous visitons, et à faire en sorte que notre passage ne soit attesté que par notre travail photographique », expliquent en chœur les cinq auteurs, Didier Thomas, Jérôme Baret, Léopoldo Sanchez, Muriel Pibouleau et Myriam Mayet.
Léo devant une de ses oeuvres.
Le résultat est édifiant, surprenant, en marge des expositions habituelles, et pour cela remarquable. Privilégiant l’intention et le regard sur la recherche technique, chaque image, au parti-pris minimaliste, est présentée dans des cadres en bois réalisés par les membres du collectif. Cela interpelle et nous met dans l’ambiance, nous intègre encore plus dans l’intimité de la Sologne. Les quelques dizaines d’images présentées ici ont été réalisées après un travail minutieux de repérages faits sur plusieurs mois par les cinq membres du groupe, dont un géographe, puis c’est en groupe ou individuellement qu’ils sont allés à la quête d’images, pour faire ensuite le tri en choix croisé pour éviter les doublons, et couvrir un maximum de sujets. « Nous voulons photographier ce qui reste des habitations traditionnelles et des artefacts qui sont encore visibles mais non utilisés. Nous voulons montrer un monde en pleine mutation, si proche de nous et pourtant si éloigné de notre quotidien ».
Relire et relier la Sologne aux hommes
Ils sont huit dans ce collectif, et cinq qui se sont investis dans le sujet. Dans sa profession de foi, les membres expliquent qu’ils développent tous leur travail en indépendant mais « avec une confluence de motivations et d’intérêts qui nous incitent à travailler ensemble sur des projets créatifs liés à la réalité qui nous entoure, à notre territoire et à sa mémoire. » Sans conteste, le but recherché est bien atteint, au-delà d’une démarche de Rurbex pratiquée ailleurs. Ici, l’objet n’est pas d’utiliser un lieu pour faire des créations, mais d’être créatif pour le valoriser. En sachant regarder de très près, à l’image de Myriam Mayet, la seule du groupe qui s’affiche photographe, et qui avoue avoir « développé une fascination pour les détails, les fragments, l’infiniment petit ».
Sans conteste, le collectif APArté nous offre ici un regard insolite exemplaire sur la Sologne, tout autant qu’il ouvre de grandes portes sur la vision du détail, et sur un art photographique autre que celui habituellement convenu…
Plus d’infos autrement :
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