Interview de Marc Gricourt, maire de Blois : « Je ne me prépare pas mais je n’exclus rien »

Maire de la ville centre de Loir-et-Cher depuis 2008, Marc Gricourt passe en revue les sujets du moment. Surtout, l’élu sortant n’exclut pas une nouvelle candidature pour briguer un 4e mandat.

Marc Gricourt, maire de Blois, se pose en protecteur des Blésois face à des opposants voulant remettre en cause les politiques publiques. Crédit Jean-Luc Vezon.


Propos recueillis par Jean-Luc Vezon.


Quel est votre état d’esprit en cet été 2025 ?

Marc Gricourt. Je suis préoccupé par la situation nationale et internationale sur le plan géopolitique marquée par une montée de l’extrême droite, y compris au Japon(1). Le nationalisme décomplexé est une réelle menace pour la sécurité du monde. La situation budgétaire inquiétante du pays, dont les collectivités locales ne sont nullement responsables, est un autre point d’appréhension. L’approche ultra-libérale du gouvernement est nocive car trop centrée sur les économies de dépenses ; elle exclut le volet recettes. S’il est évident que nous n’avons pas besoin de plus d’impôts, ils doivent être plus justes et plus productifs. Un effort supplémentaire devrait donc être demandé aux classes supérieures et aux hauts revenus. Rétablissons par exemple les tranches de l’impôt sur le revenu qui existaient précédemment.


Quels sont les impacts à Blois des économies (5,3 Mrds en 2026, 2,5 Mrds en 2025) demandées par le gouvernement aux collectivités ?

Marc Gricourt. Il est clair que cette rigueur porte gravement atteinte aux services publics : petite enfance, sports, culture… Si on ajoute la ponction sur la caisse de retraite des agents, la CNRACL, soit 900 000 € pour notre ville, cela aggrave encore la situation. Nous avons ainsi dû réaliser 500 K€ d’économies de fonctionnement et réduire les subventions aux associations de 100 K€. Pour le budget 2026, ce sont encore, a minima, 600 K€ d’économies sur le fonctionnement et 100 K€ en moins pour le tissu associatif. Nous arrivons donc au seuil et nos efforts de gestion, notamment sur la masse salariale, ne sont pas sans engendrer des tensions au sein des directions alors même que le volume de travail progresse. Je rappelle que nos effectifs sont stabilisés et largement mutualisés avec Agglopolys(2).

« La Police nationale ne met pas en place les effectifs suffisants »


Et côté investissements ?

Marc Gricourt. Plusieurs projets sont décalés dans le temps tels la cuisine centrale (2028) et la piste d’athlétisme couverte près du stade des Allées(3). Les travaux de rénovation de la Halle aux Grains seront pour leur part réexaminés. Malgré ces contraintes financières dramatiques, la ville continue à investir dans ses équipements comme le futur théâtre ou dans l’entretien de ses équipements sportifs. Ce sera le cas pour la réfection du terrain de rugby du RC Blois à Saint-Georges ou celle du stade d’honneur des Allées où évolue le Blois Foot 41. La réfection de la piste est également prévue dans les années à venir(4). Au-delà, cette situation impose à nos partenaires associatifs de revoir leur fonctionnement compte tenu de la baisse des soutiens publics.


Vous êtes très offensif sur les questions de sécurité avec notamment un courrier adressé au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Est-ce un point faible de votre gestion ?

Marc Gricourt. Nullement puisque nous assumons pleinement nos missions tant sur le volet répressif que préventif avec une police municipale de 37 agents dont huit postes sont en cours de renouvellement dans un contexte de difficultés de recrutement(5). Dotés de pistolets à impulsion électrique (Taser) et de lanceurs de balles de défense (LBD), ces fonctionnaires agissent au quotidien pour la sécurité et la tranquillité des Blésois. Un réseau de caméras de vidéo protection constitue un appui important à leur action de police de proximité.

Je constate cependant que la Police nationale ne met pas en place les effectifs suffisants. Selon nos estimations, il manque ainsi 20 à 25 fonctionnaires à Blois. Cette situation, qui concerne de très nombreuses villes moyennes et que dénonce d’ailleurs Ville de France, association d’élus présidée par Gil Avérous, est très problématique. La nuit, il y a parfois un seul équipage en patrouille sur la zone Police.

« Barrer la route à la politique d’injustice du gouvernement soutenu par Marc Fesneau »

La censure guette le gouvernement Bayrou lors du vote de la loi de finances. Vous préparez-vous à être candidat aux législatives ? Quid également des élections municipales, les Blésois guettent l’annonce de votre candidature…

Marc Gricourt. S’il est acté nationalement que la 1ʳᵉ circonscription de Loir-et-Cher est fléchée à gauche pour un·e candidat·e PS, je ne prépare pas spécialement mais je n’exclus rien. J’ai cependant une responsabilité : celle de barrer la route à l’extrême droite et à la politique d’injustice sociale et environnementale du gouvernement que soutient l’ancien ministre et député Marc Fesneau. Pour les municipales, là encore, je n’exclus rien. De toute façon, je ne me déciderai pas seul, je consulterai « mon noyau dur » comme lors des trois élections précédentes. Actuellement, en interne du Parti socialiste, nous finalisons le projet de mandature. Début septembre, nous en partagerons les grandes lignes avec nos partenaires du PRG, de Place Publique, du PC et d’EELV. Le ou la candidate sera désigné·e fin septembre – début octobre.


Vous ne succombez pas à la tentation de Venise ?

Marc Gricourt. (Rire). Un jour viendra mais le contexte est particulier. De très nombreux Blésois·es me poussent à me représenter. Je crois que mon expérience, mon attachement à la défense de l’intérêt général et des services publics les rassure. Ils souhaitent la sécurité face à des adversaires qui pourraient remettre en cause les avancées importantes et les investissements garantissant l’avenir de notre ville et de notre agglomération. C’est le cas dans le domaine culturel avec le projet de nouveau théâtre mais aussi de l’éducation, de l’écologie ou du soutien aux associations de défense des droits par exemple.


Vous avez été vivement attaqué par l’un de vos opposants politiques lors du dernier conseil municipal sur « un système Gricourt ». Que lui répondez-vous ?

Marc Gricourt. Je suis très tranquille sur ce sujet de pure polémique politicienne pré-municipales. Ma gestion est totalement transparente ; je crois pouvoir affirmer qu’en matière de recrutement, de respect des règles de marchés publics ou de dépenses de représentation, les règles sont scrupuleusement respectées. Depuis 2008, je m’attache à ne jamais abuser des prérogatives de ma fonction. Si ce n’était pas le cas, cela se saurait.

(1) Avec le parti populiste anti-immigration Sanseito de Sohei Kamiya en forte progression aux dernières élections.
(2) 1 700 agents au total avec le CIAS dont environ 1 000 pour la ville de Blois.
(3) Une réunion des financeurs est prévue en octobre.
(4) Coût de 1,5 à 2 M€.
(5) 1 500 postes sont à pourvoir en France.

Commerce, la ville renforce son action

Face à la crise profonde du commerce de centre-ville qui touche toutes les villes du pays, la ville de Blois conduit un projet innovant sur l’îlot papin (9 200 m² dans un triangle entre les rues D. Papin, du Commerce et des Trois-Clefs) dans le cadre du programme Action Cœur de Ville. Objectifs : remettre sur le marché des logements, conquérir de nouveaux habitants et dynamiser le commerce de centre-ville.

« Nous allons passer des mesures incitatives à des mesures coercitives pour obliger les propriétaires à faire des travaux sur les logements et les cellules commerciales », nous précise Marc Gricourt en indiquant travailler « à la création d’une société publique locale », adossée à la SEM 3 Vals Aménagement, pour réaliser des opérations d’aménagement, d’acquisition et de rénovation.

« La ville pourrait lancer l’initiative et faire en sorte que d’autres communes de l’agglomération adhèrent », annonce le maire. En septembre, le séminaire annuel de l’agglomération évoquera d’ailleurs ce sujet pour sensibiliser les communes intéressées. Le projet de SPLA pourrait ainsi se concrétiser en 2026. 

Le projet sur l’îlot Papin vise à redynamiser le coeur historique de la ville avec des créations-rénovations de logements et la mise à disposition de cellules commerciales plus fonctionnelles. Crédit Jean-Luc Vezon.


Plus d’infos autrement :

Municipales 2026 : début des grandes manœuvres en Loir-et-Cher

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