Les Ehpad semblent de plus en plus inadaptés. L’évolution du modèle est désormais impérative. Sur le modèle de l’HAD au début des années 2000, les Ehpad sont amenés à évoluer vers des prises en charge « hors les murs ». Le Loiret pourrait bien être le précurseur d’une mutation en profondeur de la prise en charge au domicile des personnes en perte d’autonomie.
Un geste, une présence : au cœur des établissements, l’attention portée à la relation humaine reste essentielle – photo Izabel Tognarelli
Par Izabel Tognarelli.
À ses débuts, l’HAD a suscité craintes et réserves, tant du public que des professionnels de santé, face aux incertitudes sur la qualité des soins, l’organisation ou encore la formation des équipes. Mais à mesure que le cadre juridique, logistique et financier s’est structuré, elle s’est imposée comme un modèle reconnu. C’est peut-être ce chemin que suivra l’Ehpad à domicile, dont une expérimentation est en cours à l’est du Loiret.
Un modèle dépassé, une prise en charge à fluidifier
L’entrée en Ehpad représente aujourd’hui une rupture brutale, souvent traumatisante, entre la vie à domicile et l’environnement institutionnel. Christian Braux, président de la commission Bien vieillir, handicap, inclusion, logement et sport au Conseil départemental du Loiret, souligne la nécessité de fluidifier ce parcours. Il ne s’agit pas de supprimer les établissements, mais de les spécialiser, notamment pour les personnes très dépendantes, jeunes ou âgées, atteintes de pathologies chroniques comme la maladie de Charcot ou la sclérose en plaques. La présence de personnes de différentes générations dans ces structures pourrait également favoriser les échanges et limiter le sentiment d’isolement.
L’objectif est de créer un continuum entre maintien à domicile, résidences services, HAD et Ehpad. Jacky Guérineau, responsable du pôle Citoyenneté et cohésion sociale au Département, souligne cette nécessaire transition du modèle du XXe siècle, où l’Ehpad était conçu comme un lieu isolé, souvent en périphérie des villes, vers un modèle où l’établissement devient une composante de l’environnement local : il s’agit d’intégrer la fonction Ehpad au cœur des territoires, tout en proposant un panel de services à domicile, adaptés aux besoins individuels, tout au long de la perte d’autonomie.
Accompagnement au quotidien : les établissements pour personnes âgées évoluent pour mieux répondre aux besoins de leurs résidents dépendants – photo Izabel Tognarelli
Une réponse locale aux besoins spécifiques
Il ne s’agit plus de remplacer un établissement par un autre, mais de repenser globalement le modèle. Un Conseil scientifique va réfléchir à des solutions cohérentes, fondées sur les besoins individuels des personnes âgées, en fonction des spécificités locales et des réalités socio-économiques des territoires. Cela passe par la mise en place de plateformes de services adaptées et de nouveaux outils techniques, comme la domotique et les services à distance, permettant une prise en charge de la personne dépendante. L’objectif est d’éradiquer la fracture entre la vie à domicile et l’établissement, en réduisant la frontière entre les deux modalités de prise en charge.
Vers un modèle hybride
S’ils ne sont pas repensés, les Ehpad actuels risquent de devenir obsolètes. Le modèle des grands bâtiments à plusieurs étages, avec de nombreuses chambres, ne répond plus aux attentes. « Demain, il faut se projeter sur des modèles résidentiels qui sortent du schéma classique des 80 lits », explique Jacky Guérineau. L’avenir passe par un modèle hybride, où l’Ehpad devient un plateau technique ambulatoire capable d’intervenir à domicile.
Cela suppose à la fois de transformer l’architecture des établissements et d’élever les services à domicile à un niveau équivalent en termes de soins et d’accompagnement. L’enjeu est de permettre à chacun de rester dans son cadre de vie tout en recevant les soutiens nécessaires.
La dimension technologique et l’avenir du secteur
La technologie joue également un rôle central dans cette évolution. Les avancées en matière de domotique, d’outils interactifs et de services connectés permettent aujourd’hui de donner aux personnes âgées plus d’autonomie tout en assurant leur sécurité. Le Loiret cherche à s’appuyer sur ces innovations pour offrir des solutions sur mesure qui brisent l’isolement, problème majeur des personnes âgées, même lorsqu’elles sont entourées de services. « La mort sociale précède la mort physique », rappelle Jacky Guérineau. Il est donc crucial de veiller à ce que les seniors ne se retrouvent pas dans une forme d’isolement, même dans le cadre de leur maintien au domicile.
Une carte départementale d’urgence pour les aidants
Mise en place par le Département du Loiret, la « carte aidant » permet d’être officiellement répertorié en tant qu’aidant familial et de faire connaître ses besoins en tant que tels. Nelly Dury, conseillère départementale, vice-présidente de la commission Bien vieillir, handicap, inclusion, logement et sport nous parle de cette carte destinée aux aidants résidant dans le Loiret : « Elle va déjà nous permettre de savoir combien il y a d’aidants sur le Département, car tous ne se font pas spontanément connaître. L’aidant est invité à garder cette carte dans son portefeuille. En cas d’accident, la carte permettra aux secours de savoir que cette personne a un proche qui peut être en difficulté et dont il faut se préoccuper. Cette information permet de ne pas laisser une personne malade sans soins, à son domicile ».
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