La Berri en National, plus personne de sensé n’y songeait en début d’année. Et pourtant, Djamel Zemmar vient de réussir le miracle de sauver le club. Reste à affronter la réalité du terrain.
Djamel Zemmar, le nouveau propriétaire de la Berri, pour l’amour du foot. Photo Pierre Belsoeur
Par Pierre Belsoeur.
350 spectateurs ont suivi ce samedi 19 juillet le premier galop d’essai de la Berrichonne 2025-2026 face à un obscur regroupement de footballeurs en attente de clubs. Ce n’était évidemment pas l’intérêt sportif qui les avait fait se déplacer dans la fournaise, mais plutôt la foi de Saint-Thomas leur commandant de vérifier que « leur » Berri était bel et bien vivante. Ces amoureux du club sont légion dans l’Indre, mais il faut désormais les ramener au stade Gaston Petit pour redonner vie à un club passé par un stade de mort imminente.
Un Z qui veut dire Zemmar
Djamel Zemmar, comme Zorro, a réussi un sauvetage auquel plus personne ne croyait vraiment. Au début de l’année 2025 le ressort semblait cassé. En plus des soucis financiers, la Berri accumulait les défaites humiliantes. L’ambition du club était de finir le championnat. Elle y est parvenue, a perdu sportivement sa place en National, mais a évité la liquidation grâce à son nouveau propriétaire.
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Djamel Zemmar était intervenu en début d’année pour aider Benjamin Gufflet à « boucler les fins de mois » et en juin, il a racheté 90% des actions du club au fonds d’investissement Stratton Oakmont de Gufflet et défendu le dossier de la Berri devant la DNCG, le gendarme financier du foot, obtenant le maintien du club en National 2 (alors que le club risquait d’être exclu du championnat de France, comme ce fut le cas du FC Tours).
Le malheur des uns…
« Je suis un passionné de football, je souhaitais m’engager dans un club, ce qui m’a fait choisir la Berrichonne, c’est sa réputation, mais je ne pensais pas investir 10% de ce que me coûte le club. » Lorsqu’il tenait ces propos, au cours de la conférence de presse de rentrée, Djamel Zemmar ne savait pas encore qu’il allait remettre un million d’euros dans la Berri pour assurer la place du club en National. Le FC Martigues, exclu des championnats nationaux, offrait à la Berri l’occasion d’être repêchée en National.
Un sacré challenge pour un club qui avait laissé partir tous les titulaires de la précédente saison et reconstruit un effectif pour défendre ses chances en National 2. Un atout en revanche pour Zemmar dont l’objectif est de redonner vie à la Berri, dans son stade et accessoirement de motiver de nouveaux partenaires.
Valentin Guichard, comme son effectif, n’a pas encore évolué en National. Il entraînait depuis quatre ans Jura Sud, le doyen des clubs de National 2. Photo PB
Un jeune entraîneur ambitieux
Des footballeurs de National 2 peuvent-ils tenir leur place en National ? C’est le pari qu’ont fait Valentin Guichard, le jeune entraîneur (34 ans) choisi pour mener à bien cette mission et Djebril Cornitte le directeur sportif. Tous deux ont pisté un certain nombre de profils : de bons joueurs de N2 qu’ils ont su attirer à Châteauroux, grâce à la notoriété du club, la qualité des installations, et peut-être aussi en leur laissant entendre une éventualité de monter en N1… dès la mi-juillet. L’éventualité est devenue réalité et il leur reste maintenant quelques munitions financières pour compléter le recrutement. À Valentin Guichard désormais de proposer au public de Gaston Petit un football spectaculaire… et efficace pour remplir les travées.
Denisot, le retour
« Il vole au secours de la victoire » penseront probablement ceux qui ont grincé des dents en voyant l’animateur télé parader aux côtés des dirigeants du Paris FC fraîchement promu en Ligue 1, pendant que leur Berri pataugeait en eau trouble. C’est vrai que Michel Denisot, bombardé président par les dirigeants de United World au moment de la reprise du club en 2021, s’était fait de plus en plus discret… et distant au moment de la descente aux enfers. Cette fois il a apporté sa pierre à l’édifice, financièrement, mais aussi aux côtés de Djamel Zemmar face à la DNCG le 15 juillet lors de l’opération repêchage. Alors si Michel y croit… Tous les espoirs sont permis.
109 ans d’histoire
Si la naissance de La Berrichonne remonte au XIXe siècle, avec la création d’une société de gymnastique, la section football naît en 1916.
1957 – Un notaire castelroussin : Claude Jamet prend la direction du club (dont il était ancien footballeur), il cédera sa place à Michel Denisot en 1989.
1990 – Le club prend le statut professionnel.
1993 – Il est champion de National et retrouve la Ligue 2.
1997 – Championne de France de Ligue 2, la Berri grimpe en Ligue 1 où elle restera une seule saison, mais avec des installations de grande qualité.
2008 – Départ de Michel Denisot, Daniel Le Seyec devient président du club.
2014 – La Berrichonne est reléguée en National… puis repêchée, mais le couperet tombe à la fin de la saison 2015.
2017 – La Berri retrouve sa place en Ligue 2.
2021 – Acquisition du club par le groupe United World représenté par le Saoudien Abdullah Bin Mosaad. Michel Denisot est nommé président. En mai, la Berri est reléguée en National.
2023 – Michel Denisot quitte la présidence
2024 – En janvier Benjamin Gufflet, via son fonds d’investissement Stratton Oakmont Sports, rachète les parts du club possédées par United World, et devient actionnaire majoritaire de La Berrichonne de Châteauroux.
En juin, la DNCG encadre la masse salariale et lui interdit de s’engager en Coupe de France.
2025 – En janvier Djamel Zemmar entre au capital du club.
En mai la Berri est reléguée en National 2.
En juin Djamel Zemmar devient officiellement propriétaire du club et lui fait passer l’obstacle de la DNCG.
En juillet la Berri est repêchée en National.
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