Auteur-compositeur-interprète originaire de Saint-Étienne, Hugo Barriol s’est construit en autodidacte, hors des sentiers balisés. Il a signé deux albums chez Naïve et sera en concert vendredi 1er août au Chant des Moutons, salle de spectacle atypique et exigeante, installée près de Montargis.
Hugo Barriol, deux albums, deux singles et de nouvelles chansons à venir – photo Mathieu Spadaro
Par Izabel Tognarelli.
Pas d’école de musique ni réseau pour l’orienter, Hugo Barriol s’est construit seul, poussé par le besoin vital d’exprimer sa sensibilité. Le déclic est venu d’un film – Into the Wild – qui a agi en révélateur : comme beaucoup d’autres vingtenaires, il décide alors de partir se confronter au monde.
L’Australie comme point de bascule
L’Australie sera le catalyseur. Il embarque sa guitare et part avec son meilleur ami ; d’abord deux mois à Sydney, avant de louer un van, et de se lancer « sur la route », en projetant de travailler dans les fermes qui se présenteraient sur leur passage.
Au cours des deux premiers mois passés à Sydney, il commence à chanter dans le métro : « C’est assez flippant, au début. En plus je n’avais pas d’ampli, c’était juste en acoustique : il fallait quand même « se donner » un peu. Mais cela m’a conforté dans l’idée qu’il y avait des gens qui aimaient ce que je faisais, des gens qui écoutaient ». Ces rencontres imprévues ont véritablement changé sa trajectoire : « Je ne mesurais pas ce que les gens que j’allais croiser allaient m’apporter, en quoi ils allaient me pousser. » Là où Christopher McCandless s’était perdu dans la solitude extrême, Hugo trouve sa voie par le lien, la rencontre, l’échange.
L’Australie est un pays vaste et rude. Le voyage a dû s’arrêter à Cairns, car les tempêtes avaient dévasté les récoltes : impossible de travailler. Vint donc le moment de la réflexion : « On a voyagé, on a beaucoup fait la fête, on a rencontré beaucoup de gens. Je me suis dit, bon, là, ça y est : j’ai 25 ans, il faut que je fasse quelque chose de ma vie ; il faut que j’arrête de faire des trucs à droite et à gauche et que je me concentre, que je me donne la chance et les moyens de faire quelque chose. En rentrant de ce voyage, j’étais déterminé pour tout donner ». Là où le voyage de McCandless s’était mu en mortelle errance, celui d’Hugo débouche sur une seconde naissance.
Une voix née d’un voyage
Au cours de son « voyage initiatique » entre Sydney et Cairns, Hugo écrit On the Road et Our Kingdom, deux chansons fondatrices, nées loin de chez lui, mais qui vont finir par lui ouvrir la porte d’une carrière professionnelle, même s’il a fallu attendre en tout une dizaine d’années. À Paris, dans le métro, On the Road attire l’oreille de Marie Odigier, directrice du label Naïve. Elle le signe. Dès lors, Hugo passe du métro à la scène, et du rêve à une réalité artistique tangible : « Je ne compte pas mes heures, mais je consacre beaucoup plus de 35 heures par semaine à la musique, à ce que je crée et à la façon de le faire. Si je devais compter mes heures, ce serait invivable ! »
Sa musique est un mélange de folk et de pop, portée par une voix douce et une écriture sensible. Il puise son inspiration chez les groupes folk anglo-saxons, américains ou canadiens ; écrit et chante en anglais, mais sa langue maternelle fait peu à peu son entrée dans son répertoire.
Hugo Barriol – photo Katie Ogilvie
Partir, pour mieux revenir
Sa vie artistique ne s’arrête pas à la musique : « D’autres formes d’expression m’intéressent : j’aime beaucoup la photo, le cinéma, la comédie. Je ne me limite pas à la musique. J’ai trouvé ce qu’il fallait que je fasse : m’exprimer au travers de l’art ». On le voit même danser dans un de ses clips, Something About It : « Je ne suis pas danseur, mais j’aime ça. J’ai demandé à Louise Demay si elle voulait bien chorégraphier cette chanson. Au début, elle n’avait pas compris que j’allais danser dans le clip, et elle est arrivée avec quelque chose de trop compliqué pour moi qui ne suis pas danseur. On a donc simplifié les choses, pour me permettre de danser sur cette chorégraphie. J’ai coréalisé le clip avec mon ami réalisateur : je suis très fier de ce clip ». Et il y a de quoi ! Cette chorégraphie vous rapte par sa ligne claire et sa grâce fluide ; elle est simple, intense et marquante.
Aujourd’hui, Hugo continue à composer et à se produire sur scène ; parfois avec des musiciens, parfois en solo, pour une ambiance alors intimiste, acoustique. Son second album est sorti en 2023. Dans l’intervalle, il a sorti deux singles, et de nouvelles chansons vont sortir vers la fin de l’année 2025, puis d’autres en 2026, notamment en français. Il avance sans calcul, fidèle à ce qu’il est : un artiste porté par la nécessité intérieure de créer, et qui a su faire du voyage une façon de revenir à soi.
Le Chant des Moutons, salle de spectacle en milieu cultivé
Dans une ancienne grange transformée en salle de spectacle, Le Chant des Moutons propose, depuis 2012, une parenthèse artistique au cœur de la campagne. D’avril à septembre, son festival Revenons à nos moutons mêle concerts (world, jazz, folk…) dans une ambiance chaleureuse, conviviale et atypique. Depuis 2022 s’ajoute une offre jeune public avec Le Vilain Petit Mouton, des spectacles exigeants et très intéressants.
On aime le cadre intimiste, à taille humaine ; la programmation éclectique et exigeante, ainsi que l’atmosphère simple, accueillante, propice à la découverte. Les tarifs sont très accessibles (6 € / 4 € en tarif réduit). Bar et restauration sur place.
Prochains concerts et infos pratiques :
Lieu-dit Les Thibaults – 45220 Douchy-Montcorbon – lechantdesmoutons.wordpress.com – 09 52 64 32 14 –chantdesmoutons@gmail.com