Université d’été du PS : l’espoir est de retour à gauche

Alors que les heures de François Bayrou semblent comptées, les socialistes réunis à Blois du 28 au 30 août pour leur Université d’été croient fermement à la nomination d’un Premier ministre de gauche. Réponse courant septembre.

Marine Tondelier a galvanisé les militants de gauche. Crédit photo Jean-Luc Vezon.


Par Jean-Luc Vezon
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Il régnait comme un air joyeux de printemps dans la Halle aux grains et sur son parvis multicolore pour ce 6e Campus socialiste blésois ; pas seulement parce que les jeunes socialistes, venus par centaines, mettaient l’ambiance par leurs chants et leur énergie communicative, mais bien parce que les militants croient fermement à un retour aux affaires.

Un an après la victoire (relative) du NFP aux Législatives, tous les indicateurs semblent virer au vert avec une rentrée sociale qui doit mobiliser les 10 et 18 septembre prochains syndicats et citoyens, vent debout contre le projet de budget et une union des forces de gauche socialistes, écologistes, communistes et des formations associées (Place Publique, Génération.s, Debout!).

Cette union a été déclinée sur tous les registres lors de ces trois journées de débats et d’échanges qui avaient pour thème la préparation du projet socialiste pour les Municipales. Ce fut le cas lors de la table ronde « Rentrée sociale : la gauche unie contre-attaque ! » suivie avec ferveur par 600 militants venus de toute la France.

Tour à tour, la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland, l’ancienne députée LFI Raquel Garrido, le porte-parole du Parti communiste Léon Deffontaines, le député Génération.s. Benjamin Lucas, l’ancienne candidate du Nouveau Front Populaire Lucie Castets, le député de la Somme du groupe Écologiste et social François Ruffin ainsi que la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier ont joué une partition commune.

Parfois avec humour à l’image de Benjamin Lucas comparant François Bayrou à un « Jean-Claude Dusse de la politique » ou plus sérieusement comme Johanna Rolland qui « ne votera pas la confiance » et entend bien préparer l’après Bayrou en construisant l’union. Lucie Castets, désignée comme candidate au poste de Premier ministre l’an passé, est pour sa part volontaire pour piloter « l’équipe de France de la gauche et des écologistes avec un programme du NFP à actualiser compte tenu de la situation catastrophique ».

François Ruffin – qui vient de créer le mouvement Debout ! – a dénoncé « le crime d’Emmanuel Macron et des siens », coupables d’avoir vidé les caisses de l’État. « Qui doit payer ? Là est la question », a posé l’ancien journaliste en ciblant les 1 800 plus grosses fortunes qui échappent à l’impôt(1) et qui se verraient imposer une taxe, dite Zucman, sur leur patrimoine dépassant 100 M€.

« Nous n’avons pas peur de la dissolution, nous ne la voyons pas comme une solution. Ce n’est pas l’Assemblée nationale qui est illégitime, c’est le gouvernement » a clamé une Marine Tondelier ragaillardie fustigeant aussi l’explosion des inégalités(2) ou « les 43 reculs environnementaux » avant de lâcher sous les hourras de la salle « on va s’y coller, haut les cœurs et en avant la victoire. »

Un chemin à gauche ?

Avancé au vendredi soir, le traditionnel discours d’Olivier Faure, 1er secrétaire du parti socialiste a tracé les perspectives devant une salle en feu qui a aussi plébiscité ses analyses d’un contexte international marqué par la montée de l’extrême droite et des libertariens, le génocide à Gaza ou la guerre russo-ukrainienne. Face à cela, la gauche a « une guerre idéologique à mener » car « la démocratie peut s’effondrer ».

« La France n’est pas en faillite. Il est possible de réduire notre dépendance à la dette sans passer par une purge. Pendant 8 ans, l’État s’est privé de 62 milliards d’euros de recettes » a martelé le député de la Seine-et-Marne, auteur récent du livre « Je reviens te chercher ». Celui-ci espère donc un retour au gouvernement car « nous sommes prêts et il y a un chemin à gauche ».

« Demain avec Boris Vallaud et Patrick Kanner, nous présenterons une autre voie pour en finir avec cette fable thatchérienne et remettre de la démocratie » (2) a informé Olivier Faure en annonçant un grand cycle de consultation après le 8 septembre avec les syndicats et la société civile. « Nous nous appuierons sur le mouvement social et l’élan populaire » escompte-t-il.

Mais, la promesse socialiste, c’est surtout un changement de méthode puisque Olivier Faure s’engage à ce qu’il n’y ait plus d’adoption de textes de loi sans vote (le fameux article 49.3 de la Constitution) et à instaurer un dialogue permanent avec « des compromis recherchés texte par texte ».

Et maintenant ? Emmanuel Macron donnera-t-il une chance à la gauche non extrémiste de mettre en œuvre « son alternative crédible » pour combattre « les sept plaies que les Dieux de la finance ont posées sur la France » (Olivier Faure) et « faire reculer les injustices sociales ou fiscales » ? La question était sur les lèvres de tous les militants.

(1) Ce contre-budget prévoit notamment 23 milliards d’économies avec une hausse des recettes fiscales (ISF, taxe Zucman …) et une relance des investissements.
(2) 9,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (15,4 %).

Les élus et militants socialistes préparent activement le projet comme lors de cette table ronde avec l’Orléanaise Fanny Pidoux, secrétaire nationale adjointe à la coordination du PS. Crédit photo Jean-Luc Vezon.

 

« On est plus heureux dans les villes gérées par la gauche »

Comme tous les jeunes socialistes présents à Blois, Timy Antigny, jeune rambolitain de 20 ans, a l’espoir chevillé au cœur de voir la gauche revenir au pouvoir. « Nous sommes tous derrière Olivier Faure et nos alliés pour construire un projet de gouvernement. Je suis personnellement heureux que la gauche ne soit pas tombée dans le piège de la main tendue. Le pays a besoin d’une politique sociale et écologique. Les efforts demandés par Bayrou sont insupportables », explique-t-il plein d’espoir.

Pour cet étudiant en Master de communication politique, il y a bien une porte de sortie à la crise institutionnelle et démocratique, un espace pour gouverner, « au cas par cas », y compris avec les Insoumis qui n’ont pas vocation à participer au gouvernement mais à le soutenir.

Venu écouter, partager et participer aux ateliers techniques, Timy se prépare à la campagne des municipales des 15 et 22 mars. Il figurera en effet sur une liste citoyenne. Son ambition : « Faire bouger une ville délabrée par le tout voiture et les privatisations des services publics. La gauche doit se battre partout et pour tous, pour le bien commun et faire vivre notre promesse républicaine d’égalité et de fraternité. On est plus heureux dans les villes gérées par la gauche » conclut-il, gonflé à bloc et fier d’appartenir au premier parti de gauche.

Timy Antigny incarne la nouvelle génération socialiste engagée pour l’inclusion, l’écologie et une société plus juste. Crédit photo Jean-Luc Vezon.

Commentaires

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  1. ” délabrée par le tout voiture “.
    Cher Timy, sachez qu’il y a des petites gens qui ont besoin d’une voiture pour aller travailler. Si la gauche les oublie, elle fait une grave erreur.
    Tout le monde ne peut pas aller travailler et se déplacer en vélo ou trotinette électrique !!!

  2. Victoire relative du NFP ? Au 2ème tour le RN obtenait 10 218 847 voix, le NFP 7 005 027, Ensemble ! 6 313 859. La gauche n’a aucune légitimité a revendiquer Matignon.

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