La tribune intitulée « La culture est une imposture » de notre confrère Jean-Paul Briand publiée ce vendredi 22 août, a suscité de nombreuses réactions et commentaires ce week-end. Nombre de nos lecteurs ont été surpris par cet article polémique, voire provocateur, certains y voyant même une incohérence éditoriale. Il est vrai que Magcentre consacre une part essentielle de son contenu à la défense et l’illustration de la vie culturelle régionale. Néanmoins, Magcentre se veut aussi un média ouvert au débat contradictoire et si ce média n’a pas de ligne politique, sa ligne éditoriale affirmée laisse la place à l’expression de la discussion sur les sujets qui nous interpellent, quitte à bousculer nos certitudes ou convictions : nous avons tant besoin de cet espace de liberté pour renouveler notre réflexion politique !
Notre confrère Philippe Voisin nous apporte ici son point de vue.
Laissons la Culture là où elle est, c’est-à-dire partout ! Dans ce sens, elle est bien universelle.
Dans la langue, dans la cuisine, dans les costumes.
La Culture, c’est ce qui reste après la pluie. Après la mort.
La Culture, c’est Bourdieu et Deleuze pour les bobos et Pierre-Jakez Hélias pour les bouseux.
La Culture, c’est l’igname et le camembert.
La Culture, c’est ce qu’ont vu Arcimboldo, Cartier-Bresson et Cro-Magnon.
C’est aussi ce qu’ils en ont fait. Le sirop et son flacon.
La Culture, c’est le contenu et le contenant.
La Culture, c’est le rap et le sitar. L’air du temps et le pendule.
La Culture n’est pas un leurre, c’est notre existence.
La Culture, c’est.
À quoi ça sert de citer philosophes, linguistes ou cinéastes qui nourrissent notre culture ? À montrer que l’auteur les connaît ? À tendre les bâtons pour rouer la Liberté de penser ? Quel paradoxe !
L’art du contresens, qui peut croire qu’Auschwitz trouve ses racines chez Goethe ? Que la barbarie naît des lumières ?
Que dire de cette rhétorique qui laisse à Pierre Desproges, trop cultivé pour dire la vérité, la conclusion assassine, « on peut très bien vivre sans la moindre espèce de culture ».
Elie Wiesel a raison quand il écrit : « Sans mémoire, la vérité devient mensonge »
Pourquoi faudrait-il oublier, abandonner nos cultures, rejeter nos diversités pour résister à la domination ? De qui ? De quoi ?
Mais c’est l’inculture qui est l’instrument de la domination. Allons-nous tous nous convertir à l’anglish ?
Les mots sont des idées, dit-on. Quand un vieux meurt au Vanuatu, c’est une langue qui disparaît.
On ne peut pas vivre sans culture, notre langue, notre mémoire.
Sans culture, on ne peut pas mourir en paix.