Stress, fatigue, harcèlement : derrière un optimisme affiché, l’enquête menée auprès de plus de 2 000 collégiens du Loiret révèle des fragilités dans le quotidien des adolescents.
Dans le Loiret, les salles de classe accueilleront 31 000 collégiens lors de la rentrée scolaire 2025-2026. ©IllustrationFreepik
Par Mael Petit.
Ils se disent heureux pour la plupart, mais derrière les apparences rassurantes, les signaux d’inquiétude sont loin d’être absents. L’enquête lancée au printemps 2025 par le Département du Loiret auprès de collégiens met en lumière une jeunesse marquée par le stress, par la fatigue et trop souvent confrontée au harcèlement. « Une bonne moitié des collégiens loirétains se déclarent heureux, mais ils se sentent aussi fatigués et stressés », constate Nicolas Bœuf, expert en datavisualisation chargé d’interpréter les résultats.
Les filles particulièrement exposées
Le stress augmente avec l’âge et touche particulièrement les filles : près de deux sur trois se disent concernées, contre un tiers des garçons. « C’est la société actuelle qui amène cette tendance à l’anxiété chez les filles. On est beaucoup plus exigeant avec elles. Ce n’est pas nouveau, elles sont plus exposées à la souffrance psychologique que les garçons », poursuit Nicolas Bœuf. Pression des résultats scolaires, tensions familiales, actualité anxiogène ou omniprésence des réseaux sociaux… les causes se superposent et pèsent sur leur quotidien.
À cela s’ajoute la réalité du harcèlement. Un collégien sur trois en a déjà fait l’expérience, majoritairement comme victime. Les violences sont d’abord verbales et psychologiques, bien devant le cyberharcèlement, plus médiatisé. « Il faut travailler étroitement avec les équipes éducatives sur le harcèlement et cette notion de violence », souligne le président du Département, Marc Gaudet, à la découverte des chiffres.
Autre sujet récurrent lors de la rentrée scolaire, la lutte contre les écrans, thème désormais central dans le débat public et l’éducation. Sans surprise, presque tous les élèves interrogés affirment utiliser un téléphone au quotidien, et 12% d’entre eux passent entre 4h et 8h sur les écrans chaque jour. Un phénomène qui s’intensifie ces dernières années avec un temps d’écran qui augmente avec l’âge.
Vous avez dit grande cause nationale ?
Pourtant, au milieu des inquiétudes, la majorité des collégiens garde confiance en son avenir. Beaucoup se déclarent ainsi optimistes, avec en point de mire déjà, une idée de leur futur professionnel. Mais cet espoir reste fragile. « Ils sont perturbés par l’actualité anxiogène qu’ils voient à la télé ou sur les réseaux », pointe Nicolas Bœuf. Des adolescents qui regardent vers l’avenir certes mais en proie à une fragilité mentale qui ne peut plus être ignorée.
Alors que la santé mentale a été érigée « Grande Cause nationale 2025 » par le gouvernement – dont les annonces sur le sujet tardent à se traduire en actions concrètes – le Département du Loiret avait annoncé s’appuyer sur cette enquête pour orienter ses politiques jeunesse. Reste à savoir si, à son échelle, le département possède réellement les moyens pour avoir un impact sur les constats dégagés par cette enquête. Ce dernier rappelle d’ailleurs que les actions efficaces ne déboucheront qu’avec le concours « des autres partenaires ». L’État en premier lieu, sans oublier les acteurs locaux. C’est pourquoi les données seront mises à disposition des collectivités locales. « Il faut prendre soin de notre jeunesse », insiste un empathique Marc Gaudet. De là à faire de la santé mentale la Grande Cause départementale 2026 ?
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