Le régime méditerranéen : un mode de vie à l’épreuve de la science

Reconnu en 2010 par l’UNESCO comme patrimoine immatériel de l’humanité, le « régime méditerranéen » ou « diète méditerranéenne » est célébré depuis des décennies pour ses vertus. Ce modèle nutritionnel d’origine crétoise est souvent idéalisé. Au regard de la science et malgré les critiques, tient-il vraiment toutes ses promesses en matière de santé ?

La salade méditerranéenne résume bien le régime méditerranéen, reconnu pour ses bienfaits en matière de santé. Image Pixabay


Par Jean-Paul Briand.


La naissance d’un concept

L’épidémiologiste américain Ancel Keys était amoureux de la Grèce, de l’Italie et du mode alimentaire millénaire du bassin méditerranéen. Il avait écrit avec son épouse un livre de recettes, « Eat well, stay well » sur le sujet. En 1947, Ancel Keys démarre l’étude « Seven Countries Study » mesurant le rapport entre régime alimentaire et santé dans 7 pays : les États-Unis, la Finlande, les Pays-Bas, l’Italie, la Yougoslavie, le Japon et la Crète. Publiée en 1984, elle met en évidence des liens entre un régime alimentaire basé sur les fruits, légumes, poissons et huiles végétales et une moindre incidence de maladies cardiaques. Elle démontre que l’échantillon crétois était le moins concerné par les maladies cardiovasculaires. Le concept des bienfaits du mode alimentaire méditerranéen venait de naître. Cela aurait pu être le régime nippon car dans l’étude « Seven Countries Study » la population japonaise étudiée montrait également un taux très faible de décès par maladie coronarienne. 

Une étude discutée

Par la suite les conclusions des travaux d’Ancel Keys ont été nuancées. Il est vrai que les bergers crétois étudiés avaient des conditions de vie spécifiques difficilement comparables avec les autres populations de l’étude. Dans les années 1950, leur pauvreté justifie la frugalité de leurs repas. Ils consommaient les produits saisonniers trouvés sur place mais surtout ils parcouraient chaque jour des dizaines de kilomètres dans les montagnes crétoises. Aujourd’hui ce type d’alimentation et ce mode de vie ont disparu et la situation sanitaire s’est dramatiquement modifiée en Crète où les enfants de 13 à 17 ans détiennent le record européen de l’obésité. 

Des bienfaits confirmés par la science

De nombreux travaux sont venus confirmer et compléter l’intérêt d’une alimentation inspirée par celle des populations méditerranéennes.

En 1995, des chercheurs américains, italiens et grecs élaborent la pyramide du régime méditerranéen qui propose un modèle d’alimentation préventive pour les maladies cardiovasculaires.

L’étude « PREDIMED » de 2013 démontre la diminution d’un tiers de maladies cardiaques, de diabète et d’accidents vasculaires cérébraux chez les personnes qui respectent ce régime.

D’autres études montrent que la diète méditerranéenne améliore les fonctions cognitives, la mémoire, le système immunitaire et la solidité osseuse. Elle améliore la santé mentale et elle est associée à un risque plus faible de mortalité, chez les survivants du cancer.

Certains aliments font débat

Le modèle initial a néanmoins subi des adaptations. L’une de ses évolutions est la création du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) qui adapte les principes méditerranéens pour la prévention de l’hypertension. Le régime DASH garde la forte consommation de fruits et légumes, de grains entiers et de graisses saines (notamment l’huile d’olive et les noix) mais il insiste sur une réduction du sodium et met l’accent sur la consommation de produits laitiers faibles en matières grasses. En effet la consommation de certains aliments, comme les produits laitiers, les graisses et le vin, fait débat dans la communauté scientifique. La priorité absolue donnée désormais à l’eau a été longtemps contestée par le mythe du « French Paradox » (protection de la santé des Français par un régime à base de vin). 

Un art de vivre plus qu’un protocole

Après les études scientifiques robustes et validées, le régime méditerranéen doit continuer à être cité en exemple dans les recommandations de santé publique. Ce n’est pas un protocole rigide mais un art de vivre accompagné d’un modèle alimentaire qui a été longtemps pratiqué dans le bassin méditerranéen. Néanmoins pour être efficace, il doit être associé à une activité physique régulière. Son défi aujourd’hui est de résister à la concurrence délétère des fast-foods, des aliments ultra transformés, des boissons sucrées et de la sédentarité chronique. 


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