À l’instar des Guignols de l’info en leur temps, le festival Hop Pop Hop propose sa dixième édition les 12 et 13 septembre. Dix années sur lesquelles Magcentre se propose de revenir avec Fred Robbe (directeur de l’Astrolabe) et Mathieu Duffaud (programmateur) en mode abécédaire.
C’était quand même chouette l’Évêché. Crédit Olivier Prevost
Par Olivier Joriot.
« …ils sont le sang du festival »
A comme Anecdote
Mathieu Duffaud – Plus qu’une anecdote, elle résume parfaitement l’état d’esprit de Hop Pop Hop. En 2018, je me suis retrouvé à côté d’amateur/trice de métal qui dansaient comme des fous devant le groupe d’afrofunk congolais Jupiter & Okwess. Comme quoi, la musique fédère, a la capacité de surprendre tout le monde au-delà des goûts et des couleurs.
B comme Bénévoles
Fred Robbe – Ce sont entre 150 et 200 bénévoles qui œuvrent pendant HPH. Il y a les fidèles et les nouveaux qui découvrent un état d’esprit. Les bénévoles relaient auprès des artistes le projet. Ils sont le sang et l’énergie du festival.
C comme coût
FR – Il est certain qu’entre 2016 et 2025, on a dû essayer de maîtriser l’effet post covid inflationniste de l’évolution des coûts artistiques. On tient à rester sur un coût d’accès public raisonnable compte tenu des propositions artistiques
MD – L’émergence est financièrement plus accessible.
Mathieu Duffaud, programmateur du festival Hop Pop Hop. Photo Magcentre
D comme Dix ans et David Snug
MD – Pour l’occasion, on a voulu donner un coup de projecteur sur David Snug, auteur de BD provocateur, subversif qui aime et joue du rock. Non seulement on lui a donné carte blanche pour faire un quatre pages dans le programme de l’astrolabe, mais il jouera, avec son groupe Trotski Nautique, dans la cour de l’hôtel Dupanloup le samedi 13.
Et puis c’est aussi le retour du CCNO au sein du festival, le samedi, de 18h à 1 heure du matin, avec un concert et deux collectifs de DJ.
FR – Dix ans, ce sont déjà 342 groupes qui sont venus jouer !
« …un moment suspendu où le public a lâché prise »
E comme Emergence
FR – C’est l’ADN du festival. Ce qui nous intéresse, c’est de trouver les artistes, les tendances de demain, trouver les trucs qui gratouillent, qui chatouillent. En explorant ainsi, on a grande liberté de proposition pour surprendre et attiser la curiosité du public.
MD – l’exemple du groupe Squid originaire de Brighton est représentatif de l’impact que peut avoir un festival. Beaucoup de programmateurs français étaient là pour cette première date française à HPH en 2019 et se sont pris une claque. La tourneuse du groupe m’a avoué que grâce à leur passage à HPH, elle a pu monter une tournée dans la foulée. Depuis, elle ne manque pas de présenter le festival aux anglais comme un tremplin intéressant pour les jeunes artistes.
Frédéric Robbe, directeur de l’Astrolabe. Photo Magcentre
G comme Galère
FR – En 2021, quand, à la suite d’un gros grain, le concert de Johnny Mafia avait été annulé sur le site de l’évêché alors que le concert de Calling Marian avait repris au Campo Santo.
I comme Inoubliable concert
MD – Je dirai Ditz. Ce groupe post punk arrive à réunir plein de choses, tout en gardant sa propre personnalité, en se renouvelant, en ayant sa propre singularité. Il y a eu un moment magique, à la fois humain et musical avec un groupe heureux de jouer dans cet écrin qu’est l’évêché.
FR – Inoubliable dans le moment, avec Mad Mad Mad à l’Evêché. On était entre chiens et loups. Il s’est dégagé une énergie incroyable, un moment suspendu où le public a lâché prise, a littéralement fait corps avec la musique électronique du groupe londonien.
« … un joyau qui faisait rayonner le festival »
J comme Jardin de l’Évêché
MD – Le jardin de l’Évêché était comme un joyau qui faisait rayonner le festival. Une carte postale d’Orléans qui était une valeur ajoutée considérable.
FR – Jusqu’en 2022, dans ce lieu historique et patrimonial, la musique devient un révélateur d’un environnement dingue ! La vraie tristesse c’est que le jardin de l’Évêché était le cœur battant du festival, une proposition étonnante et sexy que les artistes plébiscitaient.
Sans compter que l’hôtel Dupanloup était utilisé comme loges pour les artistes. Tous y allaient de leur Insta. Ce lieu devenait un véritable objet de communication sur les réseaux à l’échelle mondiale puisque les artistes viennent du monde entier. Notre déco était adaptée à l’exigence du lieu, un jardin extraordinaire auquel on porte une attention particulière. Le Campo est plus conventionnel à exploiter, même si la vue sur la cathédrale est bluffante. Le jardin a été rénové mais n’est pas accessible à l’organisation de nouveaux évènements.
K comme Kitchen
MD- Sur une période qui va du montage au démontage du festival et comprenant les repas des techniciens, des artistes et leur entourage, Caro sert 800 repas. Une restauration à l’écoute des envies des artistes, mais aussi responsable (circuits courts et repas à base d’aliments moins impactants sur l’environnement).
M comme Marché
MD – Pour constituer le line up de HPH, on fait notre marché dans de nombreux festivals comme Great Escape (Brighton) Eurosonic aux Pays-Bas, Rocko’motive à Vendôme, le FME au Canada, les Transmusicales à Rennes, les Inouïs à Bourges.
P comme Public
MD – Depuis la première édition, je ne me lasse pas de constater l’adhésion du public à cette proposition artistique. Voir cette effervescence, cet engouement, ce jeu de ping-pong entre chaque lieu me remplit toujours de plaisir.
FR – Au fil des années, le public orléanais a été bluffé par l’inventivité des propositions. 40 groupes sur deux jours, le partenariat avec la Nouvelle-Orléans, We can be heroes, la Western electric 3. On a toujours essayé de chercher des trucs qui nous permettaient de ne pas être rattrapé par un côté trop conventionnel.
Depuis deux années, on tourne entre 2 000 et 2 200 festivaliers par jour alors qu’on était sur plus de 3 000 jours en 2022. Cela a des conséquences économiques. Si la billetterie ne rattrape pas la logique inflationniste, on vient puiser sur le projet de l’Astrolabe et ce n’est pas un puits sans fond.
« …HPH n’a pas l’attention qu’il mérite »
S comme Souvenirs
FR – On va proposer au public de se replonger dans les éditions précédentes avec une expo intitulée « Tumultes en ville », en mettant en valeur le travail des photographes. L’idée est de faire revivre l’identité du festival à travers des vidéos, des témoignages du 5 au 21 septembre à la collégiale Saint-Pierre-Le-Puellier.
R comme Regrets
FR – HPH n’a pas l’attention qu’il mérite de la part des institutions publiques. Toute l’énergie, la singularité mise en place devrait être plus soutenue. C’est fatigant de constater que le prisme du bon goût ne se fait que sur le mainstream. D’accord, HPH sort des sentiers battus, du « vu à la télé », mais les artistes que l’on présente comme Miki, Etienne de Crécy, Girls in Hawaii sont tout aussi accessibles !
MD – Pour moi, c’est l’absence du jardin de l’Évêché depuis deux ans. Un manque absolu à la fois pour nous, pour l’image de la ville d’Orléans mais aussi pour d’autres événements qui ont eu lieu là-bas.
T comme techniciens
FR – Une quarantaine de techniciens, production et tout ce qui est lié au personnel recruté sont nécessaires pour faire tourner la machine
U comme Urgent à découvrir au festival
FR – The 113, un bon truc qui comble mon appétence pour le rock anglais
MD – Gildaa. À la fois comédienne, musicienne, chanteuse… j’adore sa singularité, la diversité de son répertoire et incarnation de son personnage.
V comme Visuel
FR – Au début, on fabriquait la décoration en interne avec les bénévoles, et puis on a donné les clefs à Archi Combi (Le Mans) et Grand Géant (Rennes). On privilégie une déco réutilisable et mutualisée avec d’autres festivals.
MD – Pour moi, ce sont des artistes à part entière qui participent à donner une identité, une belle image du festival
Il ne reste plus qu’à dévorer goulûment cette dixième mouture de HPH dont Etienne de Crécy et Girls in Hawaï seront les fers de lance. Et pourquoi pas rêver, allez soyons fous, d’une onzième édition où le festival aurait récupéré le jardin de l’évêché. « There isn’t many festivals in the world where you got to play in the shadow of the cathedral while the sun sets… beautiful » (Ditz en 2022)
Pour tout savoir sur HPH 2025
www.hoppophop.fr
Plus d’infos autrement :
« Tumultes en ville », la rétrospective décoiffante de HopPopHop