Du vendredi 19 au dimanche 21 septembre, toute la France participe au Journées européennes du Patrimoine. Comme en Centre-Val de Loire, le public pourra apprécier toute la diversité des éléments qui structurent la Culture.
Par Mag’Asine
« Etre déconoclaste, c’est comme iconoclaste, mais en plus déconnant ». Aie ! Revenue de son université d’été à Troo, en Loir et Cher, la tribu taupienne était des plus excitée cette semaine. Réunies dans la galerie principale, les belligérantes s’en donnaient à cœur joie dans les diatribes et les péroraisons, déjà commencées en coulisses. Très vite, deux clans s’étaient formés, entre les doctorantes sûres de leur savoir et les nouvelles diplômées trop fières de leurs connaissances fraîchement reconnues. Ecartée du débat, l’intérimaire néophyte y voyait là un mauvais remake de la bataille d’Hernani, ou les Anciennes, biberonnées à la culture underground et aux champignons hallucinogènes, aujourd’hui repenties, toléraient mal les assauts provocateurs des Modernes, plutôt accros aux infusions de salades de caves. Et tout cela pour parler culture et patrimoine, à l’ouverture des Journées européennes du Patrimoine qui se profilent ce week-end, axées sur l’architecture. La pauvre Candida, étudiante lusitanienne en fac de lettres, en perdait presque son latin.
La Culture est unique, avec un grand C, disait une première. Non, elle est multiple, et le grand C est une illusion, répliquait une seconde, aussi excessives l’une que l’autre, oubliant que ces débats séculaires sont justement ce qui fait vivre l’univers culturel, avec ou sans grand C. Et c’est dans cet esprit pluraliste que devraient s’aborder les visites des nombreux lieux ouverts à notre curiosité pendant ces trois jours. Même si elles sont génétiquement attirées par les cités troglodytes de la vallée du Loir ou d’ailleurs, ou, plus près d’Orléans, par la grotte du dragon ouverte pour l’occasion en bord de Loire, à La Chapelle St-Mesmin, qui accueillit le saint éponyme, elles n’occultaient pas le reste, sans pour autant y aller les yeux fermés. Il y a plusieurs centaines de rendez-vous proposés dans la région, entre cathédrales, musées, et lieux de mémoire, du FRAC à Orléans, au musée de l’élégance masculine à Argenton sur Creuse en passant par ceux de l’Office Français de la biodiversité, tel celui du Bouchet, à Dry.
A Vatan, dans l’Indre, le site de la Fabrique joue la différence en proposant des journées du Matrimoine, pour donner la parole aux femmes, quitte à défriser un peu les étymologistes, acteurs importants dans la compréhension de la diversité de la culture, qui, sans en dénigrer le fond, verraient peut-être là une approximation nominative plus médiatique que réellement fondée.
Dans le Cher, le Centre de la presse, trentenaire depuis 2023 et riche de plus de 2 millions de titres, véritable monument de la mémoire journalistique, n’est pas inscrit dans la liste. Dommage. A l’heure où une autre institution comme le quotidien Le Parisien pourrait changer de main pour tomber dans l’escarcelle du sulfureux groupe Bolloré, cela aurait peut-être mérité une exception. En faisant abstraction d’un débat inopportun pour définir si ce réel bastion de la presse française fait partie de notre patrimoine, avec ou sans grand P.
