… Alors embarquons avec eux ! Pour cela, il suffit de se rendre au cœur d’Orléans, d’arpenter la très animée rue de Bourgogne, puis de pousser la porte, non pas du temple protestant situé juste en face, ni celle du restaurant voisin, mais celle située au n° 213. Une fois ce périple urbain accompli, une fois le seuil franchi, on s’envole vers des horizons hauts en couleurs.
Texte et photos Valérie Thévenot
Installation de l’expo – Par Valérie Thévenot
Pour leur 2è opus dans ce nouveau lieu orléanais, les galeristes Guy-Noël Siles et Christian Bader ont joué cette fois-ci la carte de la couleur en réunissant les artistes Leena Noux, Miguel Nunez Rauschert et Patrick Blanchandin. Mais pas seulement. Au premier regard, on comprend que l’humain est au cœur du sujet. Côté gauche, les grands formats de Leena Noux nous invitent à plonger dans les états d’âmes de ses « Amoureux » à travers plusieurs portraits. Côté droit, les peintures de Miguel Nunez Rauschert nous incitent à déambuler parmi de multiples paysages urbains et maritimes où l’humain a délibérément marqué son territoire. Quant aux sculptures aux formes totémiques de Patrick Blanchandin, nous ne savons plus si c’est nous qui les regardons ou si ce sont elles qui nous regardent. Bouches béantes et yeux grands ouverts, elles semblent vouloir nous dire quelque chose. Aussi, pour commencer, voyons déjà ce que nos artistes ont à nous dire.
Leena Noux
Leena Noux lors de l’installation – Par Valérie Thévenot
Artiste peintre finlandaise installée à Orléans depuis 2011, Leena Noux a à son actif de nombreuses expositions sur le sol français comme à l’étranger. Elle s’exprime très aisément sur de grands – voire de très grands – formats. Elle a apprivoisé l’acrylique en la travaillant de différentes façons, très diluée, passée à l’éponge, aspergée d’eau, et dans des gammes et des mélanges de couleurs qui ne sont pas parfois sans rappeler ceux des aurores boréales qui illuminent les cieux de son pays d’origine. Ses peintures fort expressives sont abstraites, mais cette fois-ci, changement de registre ! L’acrylique est toujours le matériau utilisé mais « là il y a des couches et des couches » dit-elle en riant. Et puis le thème exprimé diffère aussi. « J’ai demandé à Guy-Noël qui s’attendait à ce que je fasse de l’abstrait si ça le dérangeait que je fasse du figuratif. Il m’a répondu, non, au contraire ! Cette série de portraits expressionnistes est venue suite au thème sur la paix proposé par les Artistes Orléanais pour leur prochain salon. J’y ai répondu par un portrait. Une fois fini, j’ai poursuivi sur ma lancée en faisant de nouveaux portraits, ça c’est inséré comme ça. J’aime bien les portraits en figuratif, toujours dans mes couleurs bien contrastées, bien fortes. » La série présentée intitulée « Les Amoureux » offre à notre regard des portraits d’hommes et leurs éventuelles fragilités loin des dynamiques qui tentent de diviser plus que de réunir. « Ils nous rappellent qu’aimer – et être aimé – est un acte radical et essentiel…/… L’amour n’est pas un luxe ou un échappatoire, mais une réponse. Une rébellion silencieuse et puissante contre la haine. Les hommes représentés ne sont pas des guerriers. Ce sont des Amoureux. Et c’est là, aujourd’hui, la position la plus courageuse ».
Miguel Nunez Rauschert
Miguel Nunez Rauschert – Par Valérie Thévenot
Dans cette volonté de réunir les âmes plutôt que de les monter les unes contre les autres, les peintures à l’huile travaillées au couteau de Miguel Nunez Rauschert nous invitent à voyager vers des horizons lointains. De tableau en tableau, la lumière captée par l’artiste se transforme en chef d’orchestre afin de mettre en valeur les architectures et paysages traversés, entre contrastes et couleurs. Né à Montevideo en Uruguay et arrivé à Paris en 1982, notre artiste y donna des cours de peinture au Musée des Arts Décoratifs. Une carrière professorale dotée d’une âme de grand voyageur que l’on retrouve ici. Curieux de nature, il suffit de parler un peu avec Miguel pour comprendre qu’il est un humaniste ouvert aux autres cultures et aux mouvements du monde. De nombreuses expositions ponctuent sa carrière artistique, que ça soit au Liban, en Argentine, en Espagne, en Uruguay, aux USA, en France, entre autres lieux. Les paysages urbains et maritimes que l’on découvre ici sont d’ailleurs l’interprétation de photographies que Miguel a réalisé à travers ses périples. Des photographies inspirantes devenues matière à interprétation et où s’exprime sa propre émotion. Quant au travail de l’huile au couteau, « cela donne une matière très différente du pinceau. Je ponce, je gratte, je superpose, je mets des couches, je reviens dessus. Je travaille longtemps sur la couleur, la vibration de la couleur et de la matière. Et aussi beaucoup autour de la lumière et des contrastes. Le couteau me permet cette recherche de matière riche en variations ».
Patrick Blanchandin
Patrick Blanchandin – Par Valérie Thévenot
Demi-tour sur nous-même et nous voici face à un Guetteur aussi haut, voire plus haut que nous-même. Né des mains du sculpteur installé en Touraine Patrick Blanchandin, ce Guetteur à la forme totémique interpelle. « Ce ne sont pas des totems, ce sont des guetteurs anthropologues ! C’est la suite d’un travail en sculpture antérieur qui était un travail de forge. Je travaillais des barres de métal horizontales assez épaisses, et par le feu de la forge sans addition et soustraction je faisais une pièce verticale un peu comme un trait de calligraphie dans l’espace. Ces pièces étaient aussi des pièces sonores. Quand on tapait dessus ça faisait un son, comme un diapason, et ça nous invitait déjà à nous arrêter. Comme quand on entend un son, on s’arrête, on écoute. Mais ces pièces étaient abstraites, il fallait un espace bien blanc pour qu’elles aient une présence, et c’est à ce moment-là que j’ai voulu humaniser un peu ce son. Aussi je suis passé sur ces formes totémiques appelées Guetteurs. Tous les Guetteurs ont une bouche grande ouverte et des grands yeux pour reprendre ce côté : on s’arrête, on écoute, on regarde. Je trouve assez rigolo cette histoire d’anthropologie inversée où ce sont les guetteurs qui étudient notre civilisation qui est en train de changer, de partir un peu dans tous les sens. Ces Guetteurs anthropologues sont une invitation à ne pas se laisser aspirer par cette spirale. Et puis ce que je trouve intéressant si on applique cette grille anthropologique sur notre civilisation, on a à la fois l’intelligence artificielle qui fait son irruption et par ailleurs on retourne embrasser les arbres, on entend parler de druidisme, de sorcières… C’est un joyeux mélange et j’aime bien ces paradoxes. Ne pas nous laisser envahir, prendre un peu de recul, voilà ce que nous disent les Guetteurs. Et aussi, tout n’est pas perdu. Les guetteurs nous sourient, ils nous invitent à stopper un peu, comme le son du diapason qui traverse l’espace et qui nous fait s’arrêter, observer, et vivre l’instant présent. »
Alors ? Prêts à votre tour pour embarquer sur le second Vol 213 ? Si oui, il vous sera également possible d’échanger sur place avec les trois artistes le 3 octobre, à partir de 18 heures.
Vol 213 L. Noux, M.N. Rauschert, P. Blanchandin
Du 5 Septembre au 31 octobre 2025
Jeudi et vendredi de 11h à 13h30 et de 15h à 19h
Samedi de 11h à 19h.
213 rue de Bourgogne 45000 Orléans
contact@vol213.fr
Les galeristes G-N Siles et C. Bader – Par Valérie Thévenot