Suite à un appel à candidatures, BGE Terres de Loire a été mandaté par Bpifrance pour repérer et accompagner sur la période 2024- 2027 des entrepreneurs issus des quartiers de la politique de la ville d’Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et du Loiret. Objectif : encourager les créations d’entreprises et consolider leur pérennité.
Par Pierre Dussin
5 entrepreneurs BGE cl Magcentre
Le 18 septembre dernier, BGE Terres de Loire donnait, lors d’une soirée au Lab’O d’Orléans, le coup d’envoi à trois nouvelles promotions d’entrepreneurs qui bénéficieront d’un de leurs trois programmes “accélérateurs”, d’une durée de 6 à 12 mois. “A ce jour, nous avons déjà accompagné 90 porteurs de projet qui sont invités ce soir à témoigner de leur parcours auprès des nouveaux bénéficiaires” explique Grégoire Saint-Rémy, chef du Pôle Accélérateurs à la BGE. “Nos trois programmes s’adressent à trois types de profil : ceux qui ont une idée d’entreprise mais ne l’ont pas encore créée, les micro-entrepreneurs actifs depuis moins de 3 ans qui ne parviennent pas encore à vivre de leur activité et les chefs d’entreprises déjà lancés qui veulent renforcer leur croissance”.
Désir d’entreprendre et plafond de verre
“Dans les quartiers de la politique de la ville (QPV), le passage à l’acte est plus difficile car il y a une méconnaissance des dispositifs existants d’appui à la création d’entreprises” souligne Anne Cornet, directrice régionale de Bpifrance. Pourtant, dans ces quartiers où les habitants sont trois fois plus pauvres que la moyenne nationale mais aussi très jeunes, avec 40% de moins de 24 ans, la volonté d’entreprendre est deux fois plus importante que dans les autres territoires comme le confirme une étude du Lab BPI. D’où la volonté du gouvernement de lancer fin 2023 le programme “Entrepreneuriat quartier 2030” financé par Bpifrance afin de faciliter l’émergence de jeunes entreprises à fort potentiel issues des QPV. Pour faire connaître son offre d’accompagnement, BGE Terres de Loire a tenu des permanences via un Bus de l’entrepreneuriat qui sillonne les territoires prioritaires des départements 28, 41 et 45. En 2024, près de 600 personnes ont été accueillies dans ce cadre. “Nos quartiers ont des talents mais ceux-ci manquent parfois de confiance en eux” observe David Jacquet, Vice-Président délégué à l’économie à la Région. D’où le slogan choisi par la BGE pour ses parcours “accélérateurs” : “Voir plus grand, viser plus haut !”. “Nous voulons démocratiser, rendre accessible l’acte d’entreprendre” renchérit Céline Troussard, sa directrice.
Un programme gratuit à 100%
Participer à un programme “Accélérateurs” ne coûte donc pas un centime aux entrepreneurs. Tout est financé sous fond public, à 80% par l’Etat via Bpifrance et à 20% par le Conseil régional via son dispositif Pass’Création.
“Le coût moyen d’un accompagnement varie entre 5000 et 8000 euros par bénéficiaire en fonction du programme et de sa durée” indique Grégoire Saint-Rémy.
Reprendre confiance
“J’ai terminé le programme “Accélérateur création individuelle” d’une durée d’un an et cela m’ a permis de me recentrer sur mes activités les plus porteuses” note Audrey Renouard, 40 ans, issue d’un QPV de Chartres. “Désormais je vais me concentrer sur mes formations à la sonothérapie pour les professionnels du bien-être et la vente d’instruments adaptés à cette thérapie : bol tibétain, kalimba, gong… J’ouvre ma boutique à la fin du mois”. Avant d’intégrer la BGE elle animait elle-même en tant que sonothérapeute des séances collectives pour des particuliers. Mais avec la hausse des charges, elle ne parvenait plus à se rémunérer suffisamment. “Au sein de ma promotion on était très soudé, on se challengeait souvent sur nos business respectifs. En fait on co-construit avec les idées des autres”.
Romane Lecrivain, 22 ans, domiciliée à Lamotte-Beuvron, a toujours eu la passion du maquillage. Elle a rejoint le programme Emergence et, 3 mois après, avait déjà pu immatriculer son entreprise. “Je me rendais compte qu’il me manquait des compétences en comptabilité et en gestion administrative. Aujourd’hui, je me déplace à domicile et j’ai déjà plusieurs clients”.
Pour Héta Hennion, 44 ans, qui a créé sa micro entreprise en conseil juridique dès 2022, sa participation fin 2024 au programme Création individuelle a transformé son activité. “Je me spécialise dorénavant dans le conseil en propriété intellectuelle auprès des TPE ou entrepreneurs individuels. Au départ du programme, cela n’a pas été facile car j’avais tendance à procrastiner, j’avais peur de réussir. Mais mon coach ne m’a pas lâchée et j’ai vite progressé. Sylvain, un des collègues de ma promotion, gère depuis deux mois mes réseaux sociaux. Pour cette année, je suis déjà à 35 000 euros de chiffre d’affaires alors que je n’avais pas dépassé 24 000 euros en 2024”.
Suivi post programme à 6 et 12 mois
“Le cahier des charges de Bpifrance nous demande d’opérer un suivi des bénéficiaires 6 et 12 mois après leur sortie du programme d’accompagnement” déclare Pierre Rétif, responsable du développement à la BGE. “Sur notre première promotion Emergence, la moitié des participants avait créé leur entreprise à la fin des 6 mois, mais nous espérons, avec notre suivi, atteindre 75% d’immatriculation”. Il sera intéressant d’observer le nombre d’emplois créés et l’évolution du chiffre d’affaires des entrepreneurs un an après la fin de leur participation aux “Accélérateurs”. Pour mémoire, l’étude du Lab de Bpifrance constatait en 2020 que le taux de pérennité des entreprises trois ans après la création était de 77% pour les entreprises en QPV (contre 74% hors QPV).
BGE Terres de Loire
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