Le 21 septembre, la compagnie du Théâtre Charbon a clôturé la première étape de son nouveau projet autour du quartier d’Orléans la Source. Du 17 au 21 septembre, à la Salle Fernand Pellicer, le directeur de la compagnie, Thierry Falvisaner, a proposé un festival culturel portant le sobre nom : Habiter son quartier.
Par Steven Miredin
C’est par un festival s’étalant sur une semaine de programmation que la compagnie le Théâtre Charbon a annoncé sa volonté de s’engager sur le temps long avec les habitant.es d’Orléans la Source. Thierry Falvisaner, directeur de la compagnie théâtrale, lance un projet faisant suite au festival Enracinement/Déracinement.

Du 17 au 21 septembre, la compagnie le théâtre Charbon a convié le public sourciens, et plus largement orléanais, à l’inauguration de la Salle Fernand Pellicer. Une salle que la compagnie occupe maintenant depuis trois ans mais nécessitant quelques travaux avant de pouvoir accueillir du public.
Un engagement auprès du quartier de la Source pensé sur le temps long
Par le festival Habiter son quartier, la compagnie a engagé un nouveau mouvement culturel à la Source. Thierry Falvisaner explique que ce festival a vu le jour pour une double raison. Cela fait suite à la fermeture, pour travaux, du théâtre Gérard Philipe rendant impossible la réalisation d’une nouvelle édition du festival Enracinement/Déracinement.
Le directeur de la compagnie explique également qu’il s’agit d’un projet en attente depuis trois ans. Cet événement s’est monté afin de rencontrer le public et partager l’initiative d’un projet voulu sur le temps long. Nouvellement accompagné par Aude Vallet Sanchez, la compagnie cherche à travailler sur « la question du quartier et comment on habite son quartier ».
Ce nouveau projet « a pour objet et pour objectif de fédérer à partir de ce lieu [la salle Fernand Pellicer], les habitants de la Source, mais aussi peut-être plus largement les orléanais ». La compagnie souhaite que les habitant.es puissent s’approprier ce nouveau lieu afin d’y construire une programmation culturelle régulière à la Source.
Thierry Falvisaner appelle celles et ceux qui le souhaitent à devenir « les programmateurs d’une proposition [artistique] exigeante ». Le directeur engagé réaffirme ici son profond respect pour les quartiers populaires et rappelle que « les habitants de la Source ont les mêmes droits que les personnes du centre-ville ». Une réalité que de nombreuses personnalités publiques semblent avoir perdu de vu. « Si les moyens matériels restent moindres à la salle Fernand Pellicer, cela n’interdit pas la qualité » affirme-t-il, « il faut seulement être cohérent avec l’outil ».
Comprendre les enjeux d’une programmation culturelle
Derrière ce travail, Thierry Falvisaner espère également transmettre et faire comprendre tous les enjeux qu’implique une programmation culturelle.
Il insiste par exemple sur la rémunération des artistes. Le directeur de la compagnie rappelle que les artistes, comme l’ensemble de la population, ont besoin de vivre de leur travail. En mettant les habitant.es face aux réalités économiques, il souhaite casser l’idée selon laquelle « les artistes font cela pour le plaisir qui n’ont donc pas besoin d’être rémunéré ».
En mettant en avant les enjeux d’une programmation exigeante et de qualité, il réaffirme aussi sa confiance en la jeunesse pour que « quelques lumières s’éveillent dans quelques têtes, qui en fera plus tard des citoyens éclairés qui sauront faire des choix ».
Pour mettre en œuvre son projet, la compagnie s’est d’ores et déjà rapprochée de plusieurs acteurs et actrices de la vie locale. Thierry et Aude instaurent un « travail sur le temps long » qui passera par des rencontres avec l’éducation nationale, les centres sociaux, les associations de quartiers, la maison de retraite et l’université. Ce travail passera également par l’ouverture de l’espace au public ainsi qu’à d’autres structures.
La compagnie dispose encore d’un soutien local. Un soutien qui, probablement, tient encore grâce à l’exigence et à la qualité du travail de la compagnie. Mais les contraintes budgétaires se réduisent dans une dynamique plus générale de baisse des dépenses pour la culture.
Le monde culturel mis à mal
Thierry Falvisaner confirme que la suppression du pass Culture a fait perdre à la compagnie quelques recettes qu’elle obtenait de ses ateliers en milieu scolaire. Pour rappel, depuis maintenant plusieurs mois, le « gel » du pass Culture collectif a ralenti, voir suspendu les partenariats entre le secteur éducatif et les intervenant.es culturel.les. Bruno Bobkiewicz, représentant du SNPEDEN-Unsa, avait déjà exprimé ses craintes quant à cette suspension.
Pour le directeur la compagnie du Théâtre Charbon cette situation d’incertitude risque d’avoir un impact sur l’activité de la compagnie. « Si les structures, comme la nôtre, ne peuvent vivre que par de la subvention, elles vont tomber » déclare-t-il étendant le problème plus large aux petites structures.
Un enjeu global qui compromet principalement les structures implantées dans les quartiers populaires. A ce titre, les établissements situés dans les quartiers prioritaires, géographiquement et socialement très éloignés des lieux culturels avaient déjà exprimé leur colère quant à cette restriction. Comme l’indique Thierry Falvisaner avec un tel modèle, seule « les grosses machines musicales de l’industrie privée » peuvent s’en sortir.
Pour le moment la compagnie du Théâtre Charbon poursuit son investissement auprès du quartier de la Source et, comme tout le monde culturel, garde un œil sur les résultats des futures élections municipales de 2026. Les membres de la compagnie restent tout à fait conscients que la réduction des dépenses allouées à la culture est déjà actée du fait de la politique nationale.
L’incertitude économique par les élections de 2026 et l’instabilité gouvernementales maintiennent en suspension le projet. Mais Thierry Falvisaner maintien qu’« ensemble on mérite quelque chose de qualité, à soi-même et aux autres ».
Au côté d’Aude, il invite les personnes qui se retrouvent dans leur initiative à adhérer au projet et les réinvite à se retrouver autour d’une programmation qui se fera au « fil de l’eau ».
Théâtre Charbon
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