350 marcheurs ont chaussé leurs baskets pour une randonnée gourmande sur le thème des maladies cardiovasculaires. Elle était orchestrée par Appui Santé Loiret et les Toques du Loiret, avec le soutien d’autres organisations dont le Lions Club et le Rotary. Sur les 8,3 km, 160 bénévoles ont veillé à ce que chaque étape allie conseils santé et plaisirs de la table, sous un ciel finalement clément.
La team « plat de résistance », une efficacité logistique avec en bout de chaîne Bernard Vaussion, qui fut chef des cuisines du palais de l’Élysée – photo Izabel Tognarelli
Par Izabel Tognarelli.
Alors que vous arrivez pile à l’heure sur le lieu de rendez-vous, on vous tend un chasuble rose fluo que vous oubliez aussitôt d’enfiler. Entre l’amnésie temporaire et le risque de chute pour fashion faux-pas, le choix est vite fait. Votre pull pourpre suffit d’ailleurs à vous fondre dans ce groupe rose. Autour de vous, c’est un arc-en-ciel fluorescent : rose, vert, jaune, bleu, les randonneurs sont aussi bariolés qu’un paquet de surligneurs et motivés comme un peloton du Tour de France : Montargis n’a plus qu’à bien se tenir !
Cromesquis contre hypertension
Première halte au parc Durzy, situé à l’arrière du musée Girodet. Thème imposé : l’hypertension. Vous écoutez sagement les pros donner leurs conseils santé, mais tout le monde lorgne du côté des assiettes : cromesquis de chèvre, samossas, blinis aux légumes… L’apéritif est sans alcool : pas grave, les saveurs suffisent !
Sympa, la team anti-hypertension ! Alors on écoute sagement leurs conseils – photo Izabel Tognarelli
Lac, voiliers et blablavardages
Cap sur le lac et son école de voile. Le chemin serpente entre verdure et plan d’eau sur lequel quelques voiliers sont sagement alignés. Vos voisins de marche, randonneurs aguerris, se livrent à leurs petits rituels actuels : « Tu sais combien de pas on a fait ? », « Mon appli dit qu’on a déjà brûlé 350 calories ! ». À croire que tout le monde préfère compter plutôt que profiter de cette dernière journée d’été…
Un joggeur croise le cortège à contre-sens, soufflant comme un fer à vapeur. De son casque vissé sur les oreilles s’échappe le timbre métallique d’une voix de robot qui lui débite des statistiques : distance parcourue, allure, rythme cardiaque, calories brûlées : « Vous êtes à 3 kilomètres, continuez ! ». À chacun son ambiance : pour vous, c’est chant des petits oiseaux et murmure de l’eau sous les ponts.
Dans le même temps, Cosmo, whippet gracile, file comme l’éclair et fait la démonstration d’un rappel impeccable auprès de sa maîtresse. La nature, ça se vit avant de se mesurer.
La pause « gestion du stress » a un parfum de zénitude : on vous parle massages, sophrologie, hypnothérapie. Quand soudain une voix s’élève : « À la prochaine étape, vous aurez un peu de vin ! », soulevant un « Aaaah ! » enthousiaste dans l’assemblée.
La ville s’éloigne, la campagne prend le relais, à proximité de l’école de voile – photo Izabel Tognarelli
Pont secret, écluse bucolique et souffle de campagne
La marche reprend, les randonneurs s’enfoncent dans la verdure, empruntant un pont caché sous les branches. La ville s’éloigne, la campagne prend le relais, et l’eau clapote sous l’écluse tandis que l’air sent la mousse et l’humus mouillé. On comprend comment Montargis peut revendiquer 130 ponts : certains se dissimulent si bien aux regards qu’on peut passer à côté sans les voir.
Mais l’asphalte repointe son nez et vous allongez le pas, direction, la marina. Les bateaux, rangés au cordeau, accompagnent les marcheurs jusqu’au quai Tabarly, là où le plat de résistance est annoncé. Mais avant, petite leçon de diététique avec la team « gestion du poids » : vous retenez que 40 % du poids relève de l’hérédité, le reste peut se travailler. Message reçu.
Duo de truite à la présidentielle
Une fois la leçon avalée, place au festin : dans un grenier aménagé, une brigade de cuisiniers s’affaire. En bout de chaîne, serré dans son tablier comme dans un uniforme, Bernard Vaussion, ancien chef des cuisines de l’Élysée, parachève d’un geste sûr une Truite en deux textures sur nage de légumes de saison. Le plat est léger et raffiné : même les réfractaires au poisson sont conquis.
Sur les hauteurs de la ville, le verger est désormais bien implanté – photo Izabel Tognarelli
Panique au dessert !
Le ventre rassasié, mais toujours léger, vous repartez, cette fois-ci en quête du graal sucré. Vous longez une écluse haute, bordée de charmantes maisons anciennes. Une porte imposante marque l’entrée des locaux de VNF. Les volets sont parfois défraîchis, mais les pierres restent à l’épreuve du temps… et des modes ! Les platanes déploient au-dessus des têtes un couvert de feuilles bienvenu, tant les jours de chaleur que lorsque vient la pluie.
Vous taillez au travers du centre-ville, calme en ce dimanche après-midi, et vous voilà au pied de l’escalier de pierre, annonciateur du château. Vous l’attaquez en petites foulées, en souvenir de l’époque où vous aviez la silhouette d’une libellule (et que vous vous voyiez en hippopotame…). En haut, le verger domine la ville : vous adressez une pensée à Renée de France qui, cinq siècles plus tôt, avait déjà vue sur ce panorama.
Soudain, une inquiétude traverse la troupe : « Où est passée l’étape dessert ? ». Chacun revient sur ses pas, bien décidé à ne pas louper ce moment ultime, même s’il faut d’abord écouter la team anti-diabète détailler les signes de l’ennemi invisible. La vie a décidément un drôle de sens de l’humour : ce sont toujours les meilleures choses que l’on vous déconseille. À présent, place à la délicate tartelette aux poires coiffée de sa tuile au chocolat. Le dos collé aux murailles du château, vous savourez en silence la douceur fondante du fruit alliée à un chocolat noir croustillant et parfumé : grâce d’un instant suspendu.
La team « desserts délicieux » : un succès phénoménal ! – photo Izabel Tognarelli
Clap de fin à la salle des fêtes
Les marcheurs n’ont eu aucun mal à suivre l’inclinaison naturelle du terrain pour regagner sans effort la salle des fêtes, pimpante centenaire célébrée ce week-end des Journées européennes du Patrimoine. Thé, café ou chocolat terminent la balade sur une note conviviale. Aux fourneaux comme sur le parcours, les Toques du Loiret ont prouvé que gourmandise et générosité vont de pair, entraînées par l’infatigable Sabine Brochard, leur énergique présidente. Appui Santé Loiret et les élèves du lycée hôtelier de Montargis ont, eux aussi, mis la main à la pâte. L’année prochaine, l’aventure vous attend à Orléans.
Les élèves du lycée hôtelier de Montargis étaient présents à chaque étape, aux côtés de leurs professeurs – photo Izabel Tognarelli Montargis
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