À l’occasion de la journée pour le droit à l’avortement, plusieurs rassemblements étaient organisés dans la région, comme à Orléans où 150 personnes se sont réunies afin de rappeler que ce droit n’est en rien acquis. S’il a récemment été inscrit dans la Constitution, des baisses drastiques de subventions entravent son application.
Rassemblement pour le droit à l’avortement ce lundi 29 septembre à Orléans. Crédit Jeanne Beaudoin.
Par Jeanne Beaudoin.
Dans le monde, 40 % des femmes et des minorités de genre vivent aujourd’hui dans un pays qui restreint ou interdit l’avortement. Une réalité préoccupante, qui a une conséquence dramatique : chaque année, 47 000 personnes meurent des suites d’un avortement clandestin, selon l’OMS. « Les interdictions n’ont jamais empêché personne d’avorter, elles rendent juste beaucoup plus dangereux les avortements », rappelle le Collectif Féministe 45.
« L’accès à l’IVG recule aussi dans notre pays »
Si la situation est de plus en plus critique aux États-Unis, en Pologne, en Hongrie ou encore en Italie, « l’accès à l’IVG recule aussi dans notre pays à cause de politiques désastreuses et de l’absence de moyens dédiés », alerte le collectif Féministes en tous genres. Bien que la liberté d’accès à l’IVG ait été constitutionnalisée, « ce n’est qu’une façade, un coup de communication du gouvernement », prévient de son côté le GRIF, Groupe Radical Intersectionnel Féministe.
« Un gouvernement anti-avortement peut raccourcir le délai légal de l’IVG, interdire des méthodes, supprimer des subventions sans que cela soit anticonstitutionnel. Nous demandons la fin de la clause de conscience, l’augmentation et la sécurisation des moyens alloués pour s’assurer que le retour en arrière sur ces questions est impossible », poursuit le collectif.
Les dérives de l’austérité budgétaire
Les associations féministes en France ont subi des coupes budgétaires drastiques cette année : 6,7 millions d’euros en moins selon une enquête publiée par la Fondation des femmes, sachant que de nouvelles coupes sont à prévoir pour l’année prochaine. Ces baisses ont entraîné des « réductions de postes, des licenciements, des missions non accomplies et un recul du nombre de places en hébergement d’urgence », poursuit le GAGL 45. « Tout droit, sans moyens d’exercice, revient à la suppression de ce droit », conclut Mélanie Rocher, sa présidente.
Face à ces baisses de subventions, des fonds privés à orientation réactionnaire se retrouvent « libres d’occuper l’espace social et culturel », explique le GRIF. Une antenne de Familya vient d’ailleurs de s’implanter en face du Planning familial d’Orléans ; elle partage ses locaux avec le diocèse et est notamment financée par un fonds de dotation créé par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Edouard Sterin. « Leur stratégie est simple : faire mine de neutralité et de bienveillance pour mieux combattre le droit à l’autonomie des femmes et des personnes LGBTQIA+ », alerte le GRIF.
Lors de cette manifestation, plusieurs demandes ont été formulées. Tout d’abord, augmenter les financements, car leur réduction « ne se limite pas à l’avortement. Des services essentiels sont amputés comme la prévention, l’accès à la contraception, le dépistage des IST, l’accompagnement des personnes trans », explique le GAGL. Il faudrait également « plus d’éducation, plus d’information en matière de sexualité et plus d’égalité », poursuit le Planning familial 45.
« Nos utérus ne serviront pas au réarmement démographique »
Pour un meilleur accès à l’IVG, « le manque de structures et les délais d’attente sont un véritable frein à son accès dans un temps contraint à 14 semaines », alerte la FSU. Et effectivement, « l’augmentation du délai d’accès à l’IVG demeure un enjeu majeur pour assurer la véritable liberté de choix. Nous appelons à un délai de 22 semaines, avec un alignement a minima sur les pays européens les plus progressistes », poursuit le Planning familial.
Le GRIF conclut ces prises de parole en rappelant que cette offensive réactionnaire est structurée internationalement : « Ce sont les mêmes réseaux, les mêmes fondations, les mêmes slogans, de Varsovie à Washington, d’Orléans à Bruxelles ». L’avancée drastique de l’extrême droite dans les urnes et au Parlement menace directement le droit à l’IVG et, plus généralement, le droit de disposer de son corps. « Nous soulignons que tout cela fait système, et que cette offensive n’est pas uniquement patriarcale, mais aussi nationaliste et raciste », poursuit le GRIF. « Nous appelons à soutenir les luttes antiracistes : nos utérus ne serviront pas les projets nationalistes, ni au réarmement démographique ».
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