Devant le tribunal de Tours, un rassemblement inédit se prépare pour dénoncer le traitement réservé aux mineurs étrangers. L’association Utopia 56, bénévoles et jeunes concernés tirent la sonnette d’alarme.
Image d’illustration – ©Unsplash
Par Asmaa Bouamama.
Ce mercredi 1er octobre, un rassemblement exceptionnel aura lieu face au tribunal de Tours pour défendre les droits des mineurs étrangers. Depuis plusieurs mois, les instances judiciaires négligent de plus en plus les reconnaissances de droits spécifiques aux mineurs. Beaucoup d’entre eux se voient refuser ce statut particulier, et se retrouvent livrés à eux-mêmes.
Un problème propre à la ville de Tours
Cela semble être un problème tourangeau, et pour le moins « mystérieux » que la justice n’explique pas pour le moment. De plus en plus de mineurs étrangers, pour la plupart originaires d’Afrique – Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali – mais aussi du Bangladesh, ne sont pas reconnus comme pouvant bénéficier des droits propres aux mineurs. Alors que dans d’autres villes voisines comme Paris on observe un phénomène inverse avec des mineurs reconnus plus rapidement, à Tours, la procédure peut prendre jusqu’à un an et demi, lorsqu’elle aboutit à une reconnaissance de l’âge réel du jeune.
Ainsi, depuis début 2024, seulement un jeune a été reconnu mineur, bénéficiant de ses droits de protection et d’accompagnement, sur vingt-quatre saisines du juge des enfants, dénonce l’association Utopia. Lorsque certains font appel à des demandes de révision et de recours, beaucoup aboutissent à des « non-lieu à assistance éducative ». Et ce alors même que ces jeunes ont des papiers d’identité authentiques attestant de leur minorité. Selon les acteurs associatifs, toutes les preuves officielles des âges de ces adolescents sont presque systématiquement refusées, écartées, voire non expertisées du tout, malgré les efforts faits par les accompagnants qui se démènent pour appuyer toutes les preuves possibles sur le parcours de ces jeunes.
D’autres actions prévues
Pour l’heure, Utopia qui s’occupe d’accompagner ces jeunes sur tous les plans et qui organise le rassemblement de mercredi, ne s’explique pas les raisons de ce problème qui prend de l’ampleur. Dans cette association, aider ces mineurs à entrevoir une insertion et une nouvelle vie à Tours est un travail de longue haleine. « Il faut leur trouver un toit où dormir, les aider quand ils tombent malades, préparer leurs rentrées scolaires, leur trouver des repas chauds, tout ça, ça paraît rien mais c’est du bricolage de solutions quotidiennes, avec peu de moyens », explique Sami, coordinateur de l’association. « Ces jeunes, on les fait attendre parfois un an et demi. À 16 ans, c’est long… c’est leur parcours qui se joue, alors parfois ils partent brutalement pour retenter le même parcours ailleurs. »
L’association Utopia prévoit d’autres rassemblements face au tribunal à l’avenir, dans l’attente de faire valoir les droits de ses mineurs isolés, et de pouvoir obtenir enfin une réponse de la part des juges qui gardent le silence. « On continuera à se rassembler face au tribunal, les juges nous connaissent, ils savent qu’on existe, maintenant on attend des réponses, exige Sami, trop de jeunes sont remis dehors, des adolescents sont lâchés dans la rue et c’est insupportable. »
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