Les chaines d’informations télévisuelles en continu, la presse écrite, les radios nationales ont prévenu que de nombreux cas de légionellose sévissaient actuellement en France métropolitaine et en Outre-mer. Le nombre de cas augmente. Il y a des morts. Qu’en est-il exactement de cette maladie nécessitant une hospitalisation et qui est parfois mortelle ?
 Climatiseurs urbains – Image Pixabay
Climatiseurs urbains – Image Pixabay
Par Jean-Paul Briand.
Pour faire simple, la légionellose est une infection pulmonaire aiguë provoquée par la bactérie Legionella. Cette bactérie a été ainsi nommée en souvenir d’un évènement dramatique. En effet, elle a été découverte pour la première fois suite à une épidémie qui a frappé en 1976 un rassemblement à Philadelphie d’une association d’anciens combattants de l’American Legion.
Un malade atteint de légionellose n’est pas contagieux
Le genre Legionella comprend environ 60 espèces mais toutes n’attaquent pas les poumons. Lorsque Legionella n’infecte pas les poumons, la maladie se manifeste sous forme d’un état grippal (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires…) et guérit spontanément en quelques jours. On parle alors de fièvre de Pontiac. Néanmoins dans 90% des cas, c’est la bactérie type, la Legionella pneumophila (qui aime les poumons), qui est responsable de légionelloses avec des atteintes pulmonaires graves qui peuvent être mortelles.
Legionella infecte les poumons à la suite d’inhalation de micro-gouttelettes d’eau contaminées (aérosol). Elle est omniprésente dans la nature et se multiplie au sein de micro-organismes présents dans l’eau stagnante, à des températures comprises entre 25°C et 45°C. C’est pourquoi les sources fréquentes de contamination sont les douches peu utilisées, les robinets des systèmes de distribution d’eau potable, les spas ou bains à remous, les systèmes d’air conditionné et les panaches des tours aéro-réfrigérantes industrielles. La contamination par ingestion d’eau n’a jamais été démontrée et il n’y a pas de transmission inter-humaine. La légionellose est exceptionnelle chez l’enfant (elle survient uniquement chez des enfants très immunodéprimés) et un malade atteint de légionellose n’est pas contagieux.
Le traitement par antibiotiques est efficace
Dans la grande majorité des cas diagnostiqués, la légionellose est associée à une pneumonie sévère nécessitant une hospitalisation. Sa mortalité globale est de 15%. Santé Publique France signale une incidence de 2 cas pour 100 000 habitants par an, mais ce chiffre est probablement sous-estimé car le diagnostic de cette maladie est malaisé. Les manifestations cliniques, biologiques et radiologiques de la pneumonie à légionelles ne sont pas spécifiques et la distinction avec les autres causes de pneumonies est difficile voire impossible. Le diagnostic avec certitude de légionellose n’est possible qu’en recherchant dans l’urine du patient des composants de Legionella ou par la mise en culture d’un échantillon respiratoire. Encore faut-il y penser. C’est pourquoi lorsqu’un cas isolé est diagnostiqué, il est systématiquement recherché d’autres cas chez les personnes de son entourage ayant des signes pouvant évoquer une maladie pulmonaire aiguë. Si le diagnostic est rapidement fait, le traitement par antibiotiques est codifié et efficace. La résistance aux antibiotiques de Legionella est exceptionnelle.
La légionellose devrait prospérer
La prévention des légionelloses est difficile. Il n’existe pas de vaccination. Néanmoins afin de diminuer la prolifération des Legionellas, il est nécessaire d’entretenir régulièrement les réseaux de canalisations, de faire en sorte que l’eau n’y soit pas stagnante grâce à un écoulement régulier. Pour l’eau chaude, maintenir une température suffisante (60°C au site de production et 50°C aux points d’usage).
Avec les pluies fortes, les inondations plus fréquentes, le réchauffement climatique et l’utilisation intensifiée de climatiseurs qui favorisent la multiplication des Legionellas, la légionellose devrait prospérer…
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