Ce mardi 7 octobre, la Région Centre-Val de Loire et le CESER ont réuni au Centre des Congrès COMET d’Orléans l’ensemble des acteurs de l’alimentation : producteurs, transformateurs, restaurateurs, associations et institutions. L’objectif : réfléchir à une alimentation plus juste, durable et solidaire, capable de devenir un véritable levier de cohésion sociale.
Les assises de l’alimentation ont permis de réunir l’ensemble des acteurs du territoire dans le but de nourrir la future stratégie régionale de l’alimentation. photo C. Guillois
Par Charlotte Guillois.
Aux Assises, une idée revient comme un refrain : « faire du commun ». Producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs sont tous réunis autour d’une même table pour réfléchir à des actions concrètes. L’alimentation n’est plus seulement une affaire de production ou de consommation, mais de territoire à bâtir ensemble.
Le président de la région, François Bonneau, souhaite dépasser les logiques de filière pour retrouver un intérêt collectif, une manière de travailler côte à côte. Le Comité régional de l’alimentation incarne cet élan : un outil commun, pensé comme un lieu de dialogue et de décisions, pour que l’alimentation devienne enfin une aventure collective, à la fois humaine et professionnelle.
L’alimentation face à la précarité
Derrière les discours sur la transition alimentaire, une réalité plus urgente s’impose : la précarité. Des centaines d’étudiants font parfois la queue pour un repas gratuit, et dans les cantines, près d’un tiers des plats sont gaspillés. Sous la pression du coût du logement et de la baisse du pouvoir d’achat, le budget consacré à l’alimentation est souvent sacrifié. Pourtant, se nourrir correctement n’est pas un luxe, c’est une question de santé publique.
Ces inégalités révèlent les fractures du territoire, mais elles ouvrent aussi la voie à une réponse collective. Redonner aux régions la responsabilité de nourrir leurs habitants, c’est réaffirmer une autonomie solidaire afin de produire localement, consommer mieux, partager autrement… Ainsi, au-delà de la lutte contre la précarité, se dessine une autre ambition : retisser le lien entre les habitants et leur territoire.
Dans l’ordre : Temanuata Girard, vice-Présidente déléguée à l’Agriculture et l’alimentation, Loïc Bienassis, historien, la préfète Sophie Brocas et Pierre Allorant, le président du Ceser. Loïc Bienassis intervient à propos de son ouvrage collectif intitulé La Gastronomie du Jardin de la France.
Le Centre-Val de Loire, jardin de la France
Au fil des échanges, une conviction s’impose : pour faire du commun, il faut d’abord créer un sentiment de fierté régionale et d’identification au territoire. Le Val de Loire, longtemps surnommé le « jardin de la France », veut retrouver la force de ce récit collectif. Derrière chaque produit, chaque assiette, il y a une identité à cultiver, un patrimoine à réinventer. Manger local devient un langage commun, qui valorise paysages, savoir-faire et saveurs du Centre-Val de Loire.
Produire localement, c’est nourrir une fierté : celle d’habiter une terre où le travail des agriculteurs est reconnu, où la cuisine végétale et la gastronomie s’unissent pour raconter une même histoire. Dans cette vision, manger devient un acte d’appartenance : un lien entre nature, culture et solidarité, au cœur de l’identité du Centre-Val de Loire. Mais cet attachement au territoire ne se limite pas à une question culturelle ou symbolique. Il s’ancre aussi dans une logique économique.
Une ambition économique et touristique
Derrière cette belle ambition de « faire du commun » et de redorer l’image du Val de Loire se dessine une autre réalité : celle de l’argent. L’objectif est double : mieux rémunérer les agriculteurs et renforcer l’attractivité du territoire. Car une alimentation locale et de qualité, c’est bon pour la santé… et pour les caisses régionales.
En réinventant son modèle agricole, le Val de Loire cherche à séduire visiteurs, chefs étoilés et investisseurs. L’assiette devient alors un outil de rayonnement et un moteur de cohésion sociale : derrière les discours sur la solidarité et la durabilité, se dessine une stratégie où identité régionale et attractivité économique se renforcent mutuellement.
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