Sylvain Tesson ne reconnaîtra pas Villedieu

Villedieu sans camion, c’est une réalité depuis le 6 octobre, 11 heures. Grâce à une déviation entièrement financée par le Conseil départemental de l’Indre sur le trajet Châteauroux-Tours.

Bus à impériale avec élus inauguration déviation Villedieu
Un bus à impériale a permis aux élus de prendre de la hauteur. Photo PB


Par Pierre Belsoeur.


Lundi 6 octobre 2025, un mini cortège passe le feu de chantier qui bloque la circulation dans la traversée du bourg de Villedieu. Des voitures, un fourgon et un encombrant camion-citerne. Image quotidienne, la petite ville posée sur la route Châteauroux-Tours voit passer 10 000 véhicules par jour, dont 900 poids lourds. Pourtant il s’agit d’une anomalie car en cette matinée ensoleillée, on vient d’ouvrir la déviation tant attendue et le routier venant de Côte-d’Or a certainement suivi allègrement son GPS sans voir que les panneaux d’entrée de la ville lui interdisaient le passage.

Un demi-siècle de réflexion, cinq ans de travaux

Historique ! Pas la démission express du plus bref gouvernement de la Cinquième République qui allait mobiliser les discussions, lors du « rince gosiers » sans alcool offert à l’issue de la balade en bus à étage. Non, en ce 6 octobre au ciel impeccablement bleu, les élus du Conseil départemental ont libéré Villedieu de ses camions.

Camion sur la nouvelle déviation Villedieu
Roulez jeunesse, cette fois c’est officiellement ouvert. Photo PB


Historique car les premiers relevés des géomètres datent des années 70, se souviennent les plus anciens. Historique également, le financement de ces six kilomètres de bitume à deux voies, ponctués de trois ouvrages d’art et trois ronds-points, a été financé intégralement par le Département, sans recourir à l’emprunt. Tout cela a été rappelé au fil des discours, soulignés par le passage des premiers usagers, sur l’aire de contrôle des poids lourds.

Sécurité, amélioration du cadre de vie et attractivité

À cette occasion, Serge Descout, l’ancien président du Conseil départemental, promoteur du projet mis en musique par son successeur Marc Fleuret, a rappelé les principes à respecter pour la réussite d’un projet. « Un tel dossier ne peut se mener sans les élus, quel que soit leur bord. Il ne peut se faire qu’avec les gens concernés (on aurait dit une master class pour président de la République). Après cela les techniciens peuvent passer à l’action. » L’ancien président a également insisté sur le moment de cette décision. « Si l’on tarde trop, le dossier est perdu et si l’on doit aller tirer les sonnettes pour réunir le financement, le temps de l’obtenir, il est trop tard. » Il parlait en connaissance de cause puisque lui, ancien maire de La Châtre, n’a pas réussi à faire aboutir une déviation pourtant bien utile dans sa sous-préfecture, un dossier plus technique qui ne verra probablement jamais le jour.

Marc Fleuret a évidemment insisté sur les 25 M€ mis sur la table par la collectivité départementale. Pour un projet qui répond à trois objectifs : la sécurité bien entendu, la qualité de la vie pour une commune dont le maire Xavier Elbaz a rappelé que cette inauguration devait être un point de départ pour repenser la vie de son cœur de bourg, et enfin pour l’attractivité. Cette déviation va faciliter la desserte des zones d’activité de Buzançais, Niherne et Villedieu, même si cette dernière n’est pas directement reliée à la déviation, ce qui aurait nécessité à minima un rond-point échangeur supplémentaire.

Dans son livre « Sur les chemins noirs », récit de sa traversée de la France après un accident, l’écrivain Sylvain Tesson évoquait Villedieu « affligée d’un sort funeste » à propos de la D181 déversant son flot de camions quotidien dans son centre-bourg. Le 6 octobre 2025, « Sur les chemins noirs » a pris un coup de vieux.

Une déviation sur un cimetière de chevaux

Aussi étonnant que cela puisse paraître lorsque l’on jette un coup d’œil à la succession de champs, bois et prés bousculés par le ruban goudronné, il y a eu une vie avant la déviation, notamment dans sa partie ultime avant de reprendre la direction de Buzançais. Dans le vallon de Mézières, des fouilles d’archéologie préventive (financées par l’État cette fois : 376 753 €) ont révélé non seulement les archéologues ont retrouvé les traces d’une ferme médiévale des Ve et VIe siècles, quatre inhumations humaines de l’âge du Fer, différents vestiges allant du Néolithique à l’âge du Bronze, mais également vingt-huit squelettes de chevaux alignés dans onze fosses. Une découverte rare et spectaculaire que les scientifiques lient à des pratiques rituelles ou funéraires.


Plus d’infos autrement :

Fini la déviation de Jargeau, place au Pont Val de Loire !

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